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La fête dans mon village : l’UNESCO et la procession dansante

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Ce jour était attendu depuis plusieurs années. En fait, depuis le moment où l’UNESCO a ouvert la possibilité d’inscrire le patrimoine immatériel sur la liste du Patrimoine Mondial. Attirer l’attention et protéger, garder les bases d’une manière d’être sociale, d’un cérémoniel ou d’un rituel attaché à une forme de société, indépendamment d’une volonté de jugement trop occidentale…sauver sinon des trésors vivants, mais les formes de ce qui se transmet entre les trésors en question… 

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En un mot sauvegarder ce qui est né dans un certain isolement et s’est perpétué malgré les menaces d’uniformisation ou bien encore ce qui s’est disséminé, mais en prenant, en auréole, dans de grandes régions du monde, des formes complémentaires. 

Les Fêtes et Rites populaires constituent de fait le cœur de cette Liste, mais certaines formes de chants, les pratiques textiles – la France a fait par exemple porter son choix sur la dentelle au point d’Alençon et la tapisserie d’Aubusson – ou encore les manières de table ou de l’alimentation, sont devenus des secteurs importants.  

Je pourrais certainement refaire aujourd’hui, si j’en avais le temps, un livre sur l’art textile en suivant année par année les techniques et les savoir faire ainsi mis en avant dans le monde. 

En un autre mot ; il s’agit bien d’une tentative de réaffirmer la diversité culturelle, d’ouvrir ces poches spécifiques appartenant à quelques uns ou à une plus grande communauté, que le temps des médias ignore, que la simplification des langages et des images caricature ou dépose avec précaution sur les étagères des musées en espérant que la poussière en aura raison. 

Cela fait treize années que je vis à Echternach. Je m’en suis à plusieurs reprises félicité. Un moment où ma vie demandait plus de calme ? Ou plutôt le meilleur moyen de garder autour de moi un îlot de silence, une sorte de tampon entre deux pays, le Luxembourg et l’Allemagne, tandis que pour une large part, je marche en accéléré dans les allées de l’Europe.

Et cela fait donc treize années, qu’en dehors d’occasions rares, comme la visite de la Présidente irlandaise ou la Joyense Entrée du couple grand-ducal lors de son accession au trone, que je regarde avec curiosité, chaque mardi de la Pentecôte où je le peux, cette Procession Dansante qui a mis plusieurs années à obtenir qu’on en souligne l’originalité au niveau mondial.  

J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises la façon festive dont des alignements de processionnaires, reliés entre eux par des mouchoirs blancs et précédés par un orchestre, parcourent la ville en sautillant, en partant de l’Abbaye, pour y revenir.

D’un autre temps ? Une cérémonie expiatoire en l’honneur de saint Willibrord ? Et de quelle expiation, sinon, dit-on une sorte de cérémoniel destiné aux malades des nerfs, afin que leur agitation, assumée par tous, cesse enfin ? Immanquable, régulière, simplement interrompue en cas de guerre, ceci depuis des siècles, le rendez-vous revient. 

Ce matin donc, dans la pluie froide, tandis que la plus grande partie de la population – quelque 5.000 habitants – était restée au chaud des draps, le couple grand-ducal et Monseigneur Fernand Franck, archevêque de Luxembourg, la Ministre de la Culture  et la Ministre du Tourisme, des élus des cantons voisins, ont été accueillis par le curé doyen, par le bourgmestre, par les membres de l’œuvre saint Willibrord et les responsables de la Commission Nationale de l’UNESCO.  

Pas de liesse populaire donc. Une fête cérémonielle plutôt, peut être à la hauteur de la spiritualité à laquelle elle se rapporte, passant d’une messe solennelle et la communion de Leurs Altesses, suivie de celle de leurs sujets, à une séance dite Académique, constituée de discours où la société civile, les élus, le gouvernement et l’Eglise se sont référés aux composantes mêmes d’une telle mention, sans oublier qu’elle n’est pas un décor touristique, mais un témoignage de croyance, où la Fête est une composante intime et communautaire.  

Ce dont je peux témoigner, je veux dire du caractère intime, ayant adopté dans mon coeur cet emblème festif d’une ville que je vais quitter bientôt, mais où j’aurais passé un période significative de ma vie.    

J’ai, dans les derniers jours de l’année, écrit un petit mémorandum à l’attention de la Ministre de la Culture qui s’interroge légitimement sur le fait d’inscrire cette distinction de l’UNESCO dans le cadre de réseaux européens et pourquoi pas d’un itinéraire culturel consacré à saint Willibrord. J’y reviendrai sans doute.  

Mais je me dis que l’on n’a pas toujours l’occasion de se fondre ainsi dans une démarche collective qui dialogue dans le monde avec d’autre fêtes plus païennes, liées aux saturnales, aux cultes antiques disparus, ou aux besoins de pardon. 

Les habitants d’Echternach vont certainement ressortir de leurs demeures, mais ils vont pour cela attendre les beaux jours.

Quinze jours de neige, comme ils n’en avaient pas connu depuis la seconde libération, l’hiver 44-45, les a ramenés vers un  passé craintif.  

Ils danseront à nouveau, c’est certain, peut-être sous le regard d’un plus grand nombre de touristes.

Les photographies du 9 décembre sont de Serge Waldbillig (Le Wort). Les autres photographies sont de l’auteur.

Michel Thomas-Penette

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