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La mémoire? ce troublant mystère…

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Souvenirs, mémoire… deux mots étroitement liés. Il paraît qu’on peut faire disparaître de mauvais souvenirs de notre mémoire, il suffirait pour cela de ne plus y penser, ces mauvais souvenirs prendraient alors le chemin de ce que Freud appelait « l’inconscient ». Mais ces souvenirs ne disparaîtraient pas pour autant.

Grace à l’imagerie cérébrale, des chercheurs ont réussi à mettre en lumière le processus de mémorisation. Il se passe en trois étapes : encodage, stockage, récupération. L’encodage place en mémoire toutes les infos (émotions, odeurs, bruits, images), le stockage les consolide pour les conserver et la récupération permet de reconstituer les souvenirs.

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Sans en avoir pleinement conscience mais avec le recul, je constate que le « Souvenir » est présent tout au long de « THEATRE D’OMBRES ». Le souvenir que Marie a de son père décédé. Absent, mais terriblement présent tout au long du roman. Dans  « LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES » ce ne sont plus les souvenirs qui surgissent tels des guides ou des inhibiteurs, mais c’est la « Mémoire » qui s’impose en toile de fond. Celle que Somchaï a perdue au cours d’un clash sur la frontière birmane. Avec le temps, il la recouvre partiellement, mais c’est compter sans les « blocages » qui empêchent les souvenirs de refaire surface. Il effectue ce que les neuroscientifiques appellent un « nettoyage » de conscience. Sans toutefois pouvoir effacer complètement ces souvenirs.

Les images du cyclone ravageant New York et le New Jersey m’ont renvoyée à mon voyage de l’année dernière et à ces quelques jours sous la menace du typhon Irène. Pourquoi, après ce nouveau cyclone, des souvenirs très lointains sont revenus alors qu’ils étaient restés silencieux lors de mon séjour new yorkais de 2011 ?

Aussi loin que remonte ma mémoire, j’ai le souvenir de mes parents recevant à chaque St Valentin, des cartes postales on ne peut plus kitch en provenance des Etats-Unis (on disait l’Amérique !) et puis aussi de colis, sans doute à l’occasion du Thanksgiving américain. Colis débordant de friandises et de gadgets de couleurs un peu criardes. En grandissant, j’ai un jour demandé à mes parents quel était le lien qui les unissait à cet homme du New Jersey dont je me souviens, d’un coup, du nom : Emil Laffon – et en l’écrivant, je revois même sa belle écriture régulière.

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L’histoire est sublime. Cet américain, soldat basé à Calais durant la guerre, avait été reçu chaleureusement par une famille calaisienne. Si chaleureusement qu’à son retour dans son New Jersey, Emil  envoya aussitôt une lettre de remerciements à cette famille « Petit », (c’est le nom de mes parents, un nom courant). La lettre n’atteignit pas le bon destinataire et mes parents le firent savoir à Emil qui répondit un peu plus tard : « Ça ne fait rien, je n’ai pas retrouvé la bonne famille Petit, mais je tiens à rester quand même en contact avec vous en souvenir de l’accueil de cette famille qui portait le même nom que vous et qui m’a si bien reçu lors de mon séjour en France ». C’est ainsi que débuta un échange de courriers et de colis qui allait durer plus de 20 ans.

Lorsque j’atteignis la vingtaine, je rêvais de rencontrer cet américain au grand cœur, invitation lancée de sa part depuis longtemps d’ailleurs. Un jour, ma mère sortit un carton dans lequel elle gardait toutes les cartes de l’oncle d’Amérique ! Elle en sortit une photo sur laquelle Emil portait une sorte de chapeau comme ceux que porte la police montée canadienne. Au dos de la photo, il expliquait qu’il était « fossoyeur » (undertaker), mot que mes parents n’avaient pas compris. Emil ne s’était jamais marié…

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Devant mon hotel de Manhattan. Cyclo-pousse dans les rues désertées pour cause de typhon annoncé

Son dernier colis et sa dernière carte avec sa belle écriture nous parvinrent à l’occasion du mariage d’une de mes sœurs et puis plus rien. Plus de cartes de St Valentin, fête des amoureux à mes parents…ni de colis avec leurs cadeaux de mauvais goût mais si touchants.  Emil le fossoyeur disparut de notre vie… et de ma mémoire, jusqu’à aujourd’hui. A cause sans doute de cette catastrophe sur le New Jersey. La mémoire ? Ce troublant mystère…

Et une pensée émue à toutes les victimes des cyclones…

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Lu dans mon hotel de Brooklyn : « Notre destination n’est jamais un endroit mais plutot une nouvelle facon de considérer les choses » Henry Miller.

* »Theatre d’ombres »et « La ou s’arretent les frontieres », romans de Michele Jullian, Les editions de la Fremillerie

Michèle Jullian

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