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La Perse revisitée : Du guerrier de Rome à l’armée perdue…

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guerreromeameeperdueDeux romans revisitent avec bonheur deux épopées mettant au prise l’Empire perse et les civilisations grecques et romaines. Les Perses ont toujours été l’ennemi irréductible qu’il fallut défaire sous peine de voir sa propre civilisation anéantie sous les pas de ceux que l’on qualifiait autrefois volontiers de Barbares venus de l’Est.
Aussi bien les cités grecques que Rome ont résisté avec courage à ces adorateurs d’Ahura-Mazda dans des défaites pleines de bravoure ou lors de victoires éclatantes. Les Thermopyles, Marathon, Carrhes ou Ctésiphon sont là pour rappeler ces exploits. Et deux écrivains, l’un britannique, Harry Sidebottom et l’autre italien, Valério Manfredi, se sont chargés de faire revivre ces moments glorieux où la poussière des sables colorèrent les armures rutilantes de vaillants guerriers et où un soleil de plomb se réfléchit à la surface des eaux sauvages de l’Euphrate et du Tigre.

Harry Sidebottom nous emmène au milieu du troisième apr. J-C dans cet Empire romain qui a entamé sa décadence, Rome doit faire face aussi bien aux menaces constantes qui pèsent sur ses frontières qu’aux nombreux usurpateurs de la pourpre impériale. L’empereur Valérien – qui finira vaincu par les Perses – envoie à la frontière orientale de l’Empire, un commandant en chef nommé Ballista, un barbabre nordique devenu citoyen romain et qui a tué de ses propres mains l’empereur Maximin, défendre la forteresse d’Arêté, sur les bords de l’Euphrate.

L’endroit est isolé de tout et avec ses faibles moyens, il doit retarder – car comment pourrait-il repousser ? – l’immense armée du Roi des rois sassanide, le terrible Shapur. L’attente est oppressante, c’est David contre Goliath. Dans cette histoire parfaitement contée où les intrigues et les rivalités dans le camp romain alourdissent très vite le climat ambiant, l’auteur déploie ses trésors d’érudition et d’humour autour des compagnons de Ballista : Maximus le guerrier et Demetrius l’intellectuel. Les différents peuples de l’Empire se côtoient dans cette armée multiethnique et Mars croise Odin et Mazda. Cette rencontre improbable montre surtout que l’empire romain se trouvait à la confluence de toutes les religions.

La quasi moitié de l’ouvrage qui n’est que le premier tome d’une vaste trilogie est consacrée au siège de la ville par les Perses dans ce qui ressemblent bien à un Fort Alamo en plus grand. L’auteur, professeur d’histoire classique à Oxford en Angleterre et spécialiste de l’art militaire déploie toute sa science pour nous embarquer dans une bataille que l’on quitte à regret. On attend avec impatience la suite de cette magnifique aventure.

Une autre aventure attend le lecteur, celle de l’extraordinaire Xénophon et de son armée des Dix Mille. Valério Manfredi qui a déjà par le passé redonné vie à Alexandre le Grand ou Romulus Auguste, le dernier empereur dans la dernière légion (2005), réécrit cette fois avec brio l’Anabase, le récit de Xénophon, mais à travers la voix d’une femme, Abira, la maîtresse syrienne du général-philosophe grec, élève de Socrate qui, hostile à la démocratie, s’est engagée dans cette périlleuse aventure qui sillonne tour à tour entre gloire et néant.

Le prince perse Cyrus le Jeune est bien décidé à renverser son frère, le Roi des rois, Artaxerxès II. Pour mener à bien ce coup d’Etat, il constitue une armée hétéroclite, celle que Xénophon baptisa « les Dix Mille » et dans laquelle se côtoient mercenaires ambitieux, spartiates calculateurs et autres soldats perdus. L’auteur utilise une fois de plus son style littéraire incomparable pour peindre des portraits que l’on croit tout droit sortis de l’Illiade, du féroce Ménon à l’érotique reine de Cilicie, amené par le souverain du même nom au prince perse pour gagner la confiance de ce dernier « qui la regardait se déshabiller et se plonger dans l’eau chaude et parfumée, se faire laver et masser par deux servantes égyptiennes vêtues d’un minuscule pagne ».

Abira, la narratrice est une paysanne arrachée à son existence banale par Xénophon, son « Xéno » et qui plonge dans le tourbillon d’aventures de « ces Dix Mille qui s’enfonçaient dans une contrée où aucun être de leur race n’avait osé s’aventurer ». Mais cette expédition est une drôle de guerre, un affrontement qui ne vient pas comme ces marins qui, ne voyant pas la terre se dessiner devant eux, désespèrent et doutent. La bataille arrive enfin, au bord de l’Euphrate, à Counaxa. C’est un désastre pour Xénophon et les autres généraux. Dès lors, la retraite commence…et avec elle la légende.
Comme chez Harry Sidebottom, les eaux de l’Euphrate gardent leur aspect fascinant, miroir et mémoire des exploits militaires de l’Antiquité, tombeau des empires et spectateur furieux des guerres que se livrèrent deux civilisations. Encore aujourd’hui, ce fleuve fascine…pour notre plus grand ravissement.

Harry Sidebottom, le Guerrier de Rome, T1 L’Orient à feu et à sang, Timée-Editions, 2009, 561 p.
Valerio Manfredi, L’armée perdue, Plon, 2009, 368 p.

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