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La Roumanie : comment le chamanisme se concilie-t-il avec l’orthodoxie?

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Dans la catégorie Société Roumanie : Découvrir la Roumanie, la société roumaine, à travers ses croyances. Notamment le chamanisme en Roumanie. Chaque année, partout dans le monde, des gens de toutes les catégories professionnelles et sociales apprennent les techniques de base du chamanisme, telles que le voyage pour retrouver la santé et l’équilibre, pour trouver une solution aux problèmes personnels ou pour rencontrer un guide spirituel. Les cours de chamanisme existent aussi en Roumanie. Qui s’y intéresse ?

En 2005, un ingénieur mécanicien passionné de psychologie organisait à Bucarest les premiers ateliers de chamanisme de Roumanie. Il s’appelle Aurel Mocanu et il est le fer de lance d’un courant qui jouit d’un intérêt croissant parmi les personnes en quête de spiritualité et d’absolu.

Pour nous mettre en route, deux mots sur les chamanes. Aurel Mocanu:
“Le mot “chamane” est venu de l’Asie septentrionale, par l’intermédiaire de la tribu des Toungouz de Sibérie et il signifie “celui qui voit dans l’obscurité” – référence directe aux capacités extrasensorielles du chamane. Homme ou femme, le chamane peut entrer à volonté dans un état de conscience altéré qu’étudie d’ailleurs aussi la psychologie transpersonnelle. Dans cet état de conscience élargie, il perçoit des choses inaccessibles à la conscience habituelle”.

Mircea Eliade, le très connu historien des religions d’origine roumaine, appelait le chamane “un maître de l’extase et un spécialiste du sacré”. Depuis les temps les plus anciens, dans chaque communauté humaine il y a eu des personnes qui avaient découvert leur habileté exceptionnelle à entrer en communication avec “les mondes invisibles” ou “cachés” comme on les appelle. Ces habiletés sont en fait plus ou moins insolites. Aurel Mocanu: “Nous passons tous, chaque jour, par différents états de conscience, dont certains proches de la transe chamanique. C’est là un héritage de toute l’humanité; ces états ne sont pas réservés à certaines tribus. Selon les anthropologues, l’ensemble de pratiques qualifiés de “chamanisme” est vieux de 40 mille ans. Selon d’autres sources, il remonterait à 100 mille ans. Pourtant, il s’agit tout simplement d’une habileté à changer de plan de conscience, ce qui nous arrive à tous chaque nuit”.

Comment Aurel Mocanu a-t-il découvert le chamanisme? Il nous le raconte lui-même:
“Après la révolution de décembre ’89, la Roumanie a ouvert ses frontières à toute une littérature interdite pendant le régime communiste. J’ai eu ainsi accès à beaucoup de formes de spiritualité et de sources de connaissance. Dès cette période-là, j’ai souhaité suivre les cours de deux facultés – l’une d’entre elles étant celle de psychologie. J’ai toujours eu ce désir d’apaiser l’âme des humains. Et, à mons sens, c’est là l’occupation de celui qui étudie la science de l’âme. J’ai été attiré, en même temps, par la faculté de théologie chrétienne, car j’ai découvert en moi un amour profond pour l’orthodoxie, qui est toujours d’actualité”.

Orthodoxie et chamanisme. Comment réconcilier les deux? Selon Aurel Mocanu, il s’agit de deux formes de spiritualité tout à fait compatibles.
“Le chamanisme n’est pas une religion. Il ne nous propose pas un autre Dieu. Il met à notre disposition un ensemble de méthodes par lesquelles chacun peut amplifier sa réceptivité au monde spirituel. Si ma formation et mes racines sont chrétiennes orthodoxes, le chamanisme ne fait que mieux les retrouver et les intégrer. L’ouverture de la conscience qu’opère les méthodes chamaniques est parfaitement compatible avec l’expérience orthodoxe”.

Quand on dit “chamane”, la première image qui se présente à notre esprit est celle des vieillards portant des ornements de plumes, qui fument des herbes et avalent des champignons hallucinogènes, censées leur induire un état de transe durant lequel il peuvent communiquer facilement avec l’au-delà. Or – nous dit Aurel Mocanu – le chamanisme pratiqué en Roumanie n’a pas beaucoup de choses en commun avec cette image.
“J’ai éprouvé un grand soulagement lorsque j’ai découvert ce que je cherchais. Et ce qui parle à mon âme, c’est tout autre chose que les plantes hallucinogènes ou les drogues ou encore cet ensemble de rituels qui ne trouvent pas leur place chez nous. La manière chamanique de regarder la réalité est très poétique. Tout s’anime. C’est comme si l’on voyageait dans le pays des contes de notre enfance, comme si l’on entrait brusquement dans un espace où les plantent parlent, les bêtes parlent, où tout palpite de joie et de vie. C’est une incursion dans la pulsation aimante de la création et de la divinité”.

Aurel Mocanu organise périodiquement des cours où il décrit le voyage chamanique et ses méthodes. Ce voyage est une expérience individuelle et immédiate de notre âme. Depuis de dizaines de milliers d’années – nous dit notre invité – il ne cesse de prouver sa capacité à apporter la révélation spirituelle; l’allègement de nos souffrances et la guérison. Aurel Mocanu explique ensuite aux participants les méthodes chamaniques de divination et de guérison.
“Je commence toujours par quelques mots sur le chamanisme. Je leur dis que c’est un ensemble de méthodes anciennes qui ont prouvé leur efficacité depuis plusieurs dizaines d’années. Je leur parle de la physique quantique; de l’unité profonde de tout ce qui existe et dont tous les grands mystiques ont parlé. Je leurs explique que les méthodes chamaniques ne constituent pas nécessairement une voie menant à l’illumination spirituelle, mais plutôt des moyens simples et pragmatiques de résoudre les désagréments de tous les jours et je les préviens surtout qu’ils ne doivent pas porter des plumes. En fait, les plumes symbolisent l’envol de l’âme vers les mondes spirituels, dans le but d’apporter de l’aide à quelqu’un qui en a besoin”.

Dans le monde tellement fragmentaire où nous vivons – nous dit enfin Aurel Mocanu – l’expérience chamanique est un bain d’unité, de spiritualité et elle aide notamment les gens des villes à se recentrer, à retrouver en eux-mêmes ce centre qu’est leur âme. “Je me sens inspiré en voyant les participants rentrer chez lui beaucoup plus confiants en leur âme, ayant acquis plus de connaissance et de puissance, une plus grande capacité à résoudre leurs problèmes et beaucoup plus de joie à vivre ce mystère quotidien qu’est la vie”.

Aut. Andreea Demirgian, trad.: Dominique

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5 commentaires sur “La Roumanie : comment le chamanisme se concilie-t-il avec l’orthodoxie?”

  1. Mouais, chaque pays a eu « une histoire très spécifique au sein de l’ancien bloc communiste »… Qu’il s’agisse de la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Bulgarie… Et la plupart ont eu des transitions différentes et difficiles.

  2. Je ne suis pas spécialement pour ne pas dire pas du tout intéressée par la spiritualité. Cependant, je pense que l’apparition de tels phénomènes ne peut pas se réduire comme tu le fais… La Roumanie a tout d’abord eu une histoire très spécifique au sein de l’ancien bloc communiste et sa transition le prouve toujours 20 ans après, jour après jour. L’état de sa société aussi, ce qui renverrait d’ailleurs à un autre débat initié par Séverine ici … Je serai curieuse d’avoir ton avis à ce sujet aussi…

  3. Je suis historien, je suis distancié sur l’histoire, pas sur le monde contemporain dans lequel je suis partie prenante. Et quand je pense que certaines pratiques sont des conneries, je le dis. Et à mon avis ça ne prouve rien sur la Roumanie actuelle, mais sur tout le monde occidental (voire un peu au-delà).

  4. Ton jugement me semble un peu trop tranché, il exclut toute possibilité de comprendre la symbolique d’une pratique dans une société et ce que son apparition révèle de cette société justement. Conclure que les Roumains seraient atteints de « connerie » sous prétexte qu’ils adhèrent à quelque chose que tu considères avec un certain mépris (peut-être à juste titre, mais ce n’est là que du ressenti), prive justement de la possibilité d’une réflexion sur le sens que les Roumains donnent aujourd’hui à leur existence, et la crise sociétale que le recours à de telles pratiques (contestables ou pas, l’important est de rester distancé face à l’objet en question) fait apparaître… Ne crois-tu pas?

  5. Encore une néo-religion qui permet « le développement personnel » et « la découverte de soi ». Pour moi, tous ces trucs sont des singeries de religions existant ou ayant existées, qui sont utilisés essentiellement pour se faire du pognon en faisant accepter n’importe quelle connerie à des pauvres couillons en perte de repère.

    Néo-chamanisme, néo-druidisme, mouvement évangélistes, pseudo-bouddhistes ou hindouistes d’Europe qui n’ont rien pigé d’autre que la bouille sympa du Dalaï-Lama. Bref, du n’importe quoi. Que les roumains s’y mettent prouve une chose: Le rideau de fer n’a préservé ni l’ouest ni l’est de la connerie.

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