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Le Baby sitter de Jean Philippe Blondel : Le veilleur de nos anges s’appelle Alex

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Le baby sitter de Jean Philippe BlondelAlex est un jeune étudiant en histoire qui ne souhaite dépendre de personne, surtout pas de sa mère et encore moins de son père (avec lequel il n’a jamais vécu). Or, l’argent file plus vite que ne s’alimente son compte en banque malgré la bourse universitaire et le spectre d’une année ratée malmène son sommeil et assombrit ses espoirs. Quel petit boulot d’appoint peut-il espérer pour garnir son réfrigérateur? Etre embaucher dans un fast-food avec des horaires impossibles et une fatigue l’empêchant d’étudier? Finalement, Alex, sur une idée de sa boulangère, se lance dans l’aventure du baby-sitting, moins contraignant que les cours particuliers, moins usant qu’un job au fast-food…mais les gens peuvent-ils faire confiance à un jeune homme plutôt qu’à une jeune fille?

Néanmoins, s’armant de courage, il dépose son annonce à la boulangerie du quartier; il est loin d’imaginer que ce geste lui fera vivre des rencontres aussi étonnantes qu’émouvantes, aussi improbables qu’enrichissantes, d’autant que, très vite, Alex remporte un vif succès auprès des familles et de leurs enfants. C’est ainsi qu’il débarque dans l’univers du couple de boulangers et de leurs garçons, de Marc, le prof de français séparé de son épouse par des kilomètres, et de ses filles, d’Irina la belle jeune mère d’origine russe, d’Emile, l’enfant roi d’un couple de garagistes, et de ses parents, et de Marion, la jolie étudiante excentrique et volage.
Au fil des baby-sittings, Alex tisse des liens avec les parents des enfants: Marc qui a un besoin intense de s’épancher, de discuter après ses soirées du mardi; Mélanie, la boulangère, qui cache sous ses airs de jolie idiote ses fringales de littérature et d’imaginaire; les parents d’Emile, enfant de trois qu’il a sauvé de la mort par étouffement lors d’une crise d’asthme, qui lui offrent une voiture et une reconnaissance éternelle pour avoir sauvé leur unique enfant, celui qu’ils ne pensaient ne jamais avoir. Peu à peu, Alex devient un cristalliseur, un passeur d’émotions, de pensées secrètes, une oreille attentive, neutre et essentielle, une oreille qui écoute et qui entend les mots et les maux dissimulés par la pudeur et la douleur.
Alex est aussi celui qui perçoit ce qui se fêle dans les cris incessants du bébé des voisins du-dessus, cris épuisants pour les jeunes parents paraissants démunis et dépassés par leur enfant; d’ailleurs, pourquoi ne font-ils pas appel à un baby-sitter? Le bébé en pleurs est un fil conducteur du roman, fil qui en se cassant, un soir d’anniversaire, fera basculer le monde d’Alex et de ses employeurs: d’un coup, d’un seul, une vérité douloureuse précipite les évènements et fait remonter à la surface tout ce que chacun souhaitait voir rester enfoui.
« Le baby-sitter » est un roman qui commence sur un mode humoristique, plaisant, qui trouve sa vitesse de croisière sur une note de tristesse et de quête de soi, pour s’achever sur la réalisation d’un rêve. Le lecteur se dit, en lisant les première pages, que l’histoire est bien gentille mais ne casse pas trois pattes à un canard et, doucement mais sûrement, s’aperçoit qu’elle est tout sauf anodine et mièvre: l’essence de la condition humaine sort de la chrysalide des petits évènements pour commencer à voleter lorsque le grain de sable, les cris du bébé que l’on n’entend plus, enraye la machine bien huilée d’un quotidien aux apparences lisses bien trompeuses. Les rêves et aspirations de tout être humain se taisent trop souvent, étiolent la joie pour éroder une raison qui peut basculer brutalement dans une folie furieuse ou un abattement muet.
« Le baby-sitter » est un peu le roman d’un monde qui tente, vaille que vaille, de tenir contre vents et marées, celui de ceux qui s’accrochent aux branches tant qu’ils le peuvent et grapillent les morceaux de bonheur quand ils peuvent s’en saisir….bouts de rêves, brins d’espoirs, brindilles imaginées s’envolant au cri, primal, d’une folle course sur une pente que l’on dévale à corps perdu, sans penser à autre chose qu’à son envie de crier pour le plaisir de crier.
Jean-Philippe Blondel réussit, une fois encore, à dessiner, d’un trait aux douces apparences, des personnages loin d’être uniformes et manichéens. Sous ses mots, ils reflètent une réalité que l’on vit au quotidien, entre douceur et douleur, entre courage et démission, pouvant franchir la ligne rouge sans que l’on sache pourquoi ni comment. Alex, Marc, Mélanie, Irina, Marion, Bastien et les autres sont autant de portraits de notre société protéiforme oscillant entre individualisme forcené, curiosité de l’autre, et don de soi désintéressé: avec eux, la gamme d’une humanité en quête d’un bonheur intime, est déclinée avec tendresse et justesse. J’avais déjà beaucoup apprécié le regard de Blondel sur notre monde avec « Accès direct à la plage » et « This is not a love song », et une fois encore, il est parvenu à me surprendre et à regarder ses personnages, bouts d’humanité, avec une tendresse acidulée: sous une apparence de bluette, c’est un conte cruel qui nous est, finalement, narré (même si l’optimisme est présent).
Katell Bouali

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