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Le français vu de Bruxelles et de Panormos

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Disons-le d’emblée : je suis un métèque. Dans le premier sens du mot. Quelqu’un venu d’ailleurs. Je vis à Paris, à Bruxelles, à Vienne (Autriche) et en Céphalonie (Grèce). Je mène des missions dans le monde entier, en Afrique, en Asie et aux Amériques. Depuis tellement de temps que le « chez-moi » est devenu une valeur aléatoire. J’écris et parle en plusieurs langues, et parfois je les mélange.
A la question qu’est ce qu’être français, je vous décrirait ce qu’en pensent les autres. Parfois c’est émouvant, tant il y a un décalage entre l’idée et la réalité, parfois c’est peu glorieux. A Bruxelles, les mots qui reviennent le plus c’est « hautain » et « présomptueux » : « les français ne se prennent pas pour de la merde » c’est la version parlée. A Panormos un modeste hôtel-restaurant de Fiscardo, où les nationalités sont déclinées de manière spartiate, le mot clé est « radin ». Il ne faut pas s’offusquer : les japonais sont « robotisés », les italiens « criards », les américains « stupides », les allemands « nouveau – riches », les hollandais « encore plus radins que les français ». C’est comme ça, on est peint d’un seul mot et toujours par ses défauts. D’ailleurs, les grecs eux mêmes se décrivent comme « une sale race » que dieu a installée dans ce pays magnifique pour « équilibrer » l’injustice faite à tous les autres.
De Pékin à Bangkok, les français les plus connus restent Zidane,  De Gaule, « Thiry » Henry, Jeanne d’Arc  et Napoléon, par ordre décroissant. Mais je peux énumérer des dizaines de pays, pas francophones pour un sou, où, pour décrire la France on vous chante « allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé ». Ca ne va pas plus loin, mais c’est déjà pas mal. Le pays des droits de l’homme le reste pour l’immense majorité de l’œkoumène, suivi d’un « ah Chirac » éloquent et respectueux dès lors que l’on aborde le sujet Iraq. Ce que le malgache retient de la France d’aujourd’hui c’est la « révolte des banlieues » et pour cause. Mais si l’on parle de la France de « depuis-depuis-depuis », c’est à dire celle d’avant et de toujours, le bilan est globalement négatif. Se mêlent les massacres de 1947, la gestion coloniale et l’appui « jusqu’au bout » des français « à Didier Ratsiraka, notre dictateur ». Le mot « notre » n’étant pas dépourvu de respect coupable. A Alep, on ne vous parle pas des français mais du français, la langue de Voltaire et de Rousseau, cette langue des vieux que l’on respecte et qui s’éteignent. Paradoxalement, on retrouve la même réaction à Tel-Aviv, à Vientiane et Hanoï, mais pas à Saigon, pardon, Ho Chi Minh ville. Là, la France n’est même plus un souvenir. On y connaît Total, Citroën, Airbus, mais ce sont des « marques internationales ». Fini le temps ou le lion de Peugeot symbolisait la puissance conjuguée de la France et du taxi-brousse africain. Mort aussi le mythe de l’aimant – amant exceptionnel : il a été tué par la démocratisation du tourisme et les hordes des touristes français qui, même avec la meilleure des volontés, ne sont pas vraiment à l’image du mythe. Reste pourtant une exception : Les Etats unis. Là, le mythe persiste, aidé par Hollywood et son insistance de montrer la France de l’après guerre idéalisé : romantisme, douceur, baguettes et béret basque, artistes et décor de chambres de bonnes sous les toits. A propos d’artistes, à Tokyo ou à San Francisco, la France c’est aussi Picasso, Chagall, Modigliani, Max Ernst ou Jacometti, tout autant que Degas, Seurat ou Renoir. Si Paris reste Paris, elle n’est plus la capitale des artistes, Montparnasse n’est plus qu’un souvenir : Londres, Berlin, New York, mais aussi Chang-Hai, ont pris le relais et depuis longtemps.
Si les Serbes pensent que les « français les ont trahis », et qu’ils sont des « pourquoi pas », partout ailleurs les « french doctors », les reporters sans frontières, ont remplacé les peintres et les artistes qui ont fait la France. Brouillonnes et inorganisées les ONG françaises, sont cependant mieux vécues que les américaines ou les scandinaves, pragmatiques et organisées à l’extrême, dans un monde entropique et chaotique qui s’attache plus aux hommes qu’aux organisations.
Qu’est-ce donc être français aujourd’hui, pour le reste du monde ? J’aurais tendance à penser que la France se distingue par ce qu’elle considère elle même ses exceptions : exception culturelle et artistique, Deneuve chez Bunuel, Tautou – Amélie Poulin, Kassovitz et la Haine…
A Washington on est admiratif pour la légion étrangère et la présence « des beurs » dans les services secrets. Le Louvre, Louis XIV, les châteaux et les itinéraires gastronomiques voilà ce qui vient en premier à la tête des japonais, mais aussi les gangsters de la côte d’Azur, la « french connection » et les milliardaires russes qu’on essaie désespérément d’apercevoir du côté de Menton. Et puis, comme avec les grecs, la France c’est surtout un pays magnifique, aux multiples visages et paysages sur lesquels dieu a posé un peuple impossible, « pour équilibrer »… Eh oui, le gréviste, le râleur, le grognon, le marseillais mythomane, le normand soupçonneux et le corse un peu nationaliste – un peu malfrat, se sont les images d’Epinal qui persistent et qui habitent la France dans la tête des étrangers.
Les Français désirent l’ordre et ne peuvent vivre que dans le désordre me disait un peintre malais qui « avait fait mai 68 ». Voilà encore une exception qui fait la France…
Enfin, quelques contradictions, et non des moindres : on vient en France pour bien manger, et on est étonné de voir les français exiger, au fin fond de Chiang Mai ou de Durban, des steaks frittes. Aux cafés du Caire, ou l’on pratique encore la poésie et l’immobilité songeuse, on s’étonne de voir les français courir, sans fin, ne voulant pas perdre un seul magasin des milliers qui longent les souks. Mais où donc est passé Rimbaud ?
Soyons justes : ici et là, un breton avec son voilier qui continue à naviguer avec des marchandises dans le détroit de Malacca, là un autre qui ouvre un restaurant à Mada au nom de « Zébu philosophe », un troisième, qui pose des câbles sous-marins en mer rouge et avec son argent restaure un village et apprend aux villageois comment faire un mérou à la broche, un autre enfin, qui, en voilier lui aussi, perpétue la tradition d’ Henry de Monfreid sur les côtes de la corne et jusqu’à Zanzibar, sont là pour perpétuer l’esprit d’aventure qui, ailleurs, fait aussi partie des qualificatifs « du français »…
Je ne voudrais pas terminer ce “pot pourri” sans dire un mot sur des soldats français, des quatre coins du monde. Peu importe s’ils sont là pour des bonnes ou des mauvaises raisons. Comparés aux autres, ils font la différence.

3 commentaires sur “Le français vu de Bruxelles et de Panormos”

  1. pourraient m’écrire un top 10 sur comment les français sont perçus par…les belges, néelandais ou autres. Je vois sur ce site que certains commentaires sont réalistes, d’autres moins…voudriez vous jouer le jeu ? si le top 10 est réaliste mais bien sur non agressif….
    merci!

  2. Bonjour
    j’ai fait un site sur les français…je suis française.
    Ce site étant fait pour offrir l’opportunité de découvrir les français avec humour. Je recherche des personnes qui pourra

  3. Après tout ce que les autres pensent de nous n’est pas très grave, l’important c’est que nous les respections tous et qu’ils ne nous détestent pas trop car nous ne sommes pas, nous non plus, avares d’images toutes faites et de raccourcis sur nos contemporains d’ailleurs !
    Merci pour ce panégyrique bien troussé !

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