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Le paradis – « Kawthoolei » – à Des Moines city ??

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« Kawthoolei », c’est – littéralement – en langage Karen, « un pays sans démon », une sorte de paradis terrestre auquel aspirent tous les karens qui vivent sous l’oppression de la junte birmane depuis plus de soixante ans. Pour beaucoup c’était – et c’est peut-être encore – le retour à une terre natale sublimée, avec ses villages, ses traditions, sa culture et une forme d’autonomie par rapport au régime de Rangoon. Mais ne devrais-je pas plutôt écrire « au régime de Naypyidaw », cette capitale artificielle, créée par les miliaires en plein milieu de la jungle birmane ?

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Dans deux de mes blogs précédents, intitulés « Le rêve des femmes Padaung», j’évoquais ma rencontre avec petite sœur Ma-Lo et son bébé « Little Michèle ». Je parlais de cette communauté déracinée (dont les femmes sont vulgairement appelées « femmes girafe », ou « khaw yao » « longs cous » en thaï), et surtout de leur rêve commun, en tant que peuple soudé par ses légendes et ses traditions, en tant que famille et en tant que groupe. Rêve qui les portait immanquablement vers ce paradis perdu de « Kawthoolei » évoqué plus haut. J’évoquais également la fierté de Ma-Lo à porter ce lourd collier de laiton, comme l’avaient fait avant elle, sa mère et toutes ces ancêtres, jusqu’à cette première femme, cette Eve Padaung, femme dragon enfantée par le vent. La suite de cette histoire, qui a débuté il y a quelques années lors de ma première rencontre avec Ma-Lo et sa famille au village « du vieux tigre qui dort » dans la province de Mae Hong Son, a une suite….

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Tout comme je vous en ai raconté le début, je vais maintenant vous en décrire brièvement le dénouement. Non ! Pas le dénouement – cette histoire est loin d’être terminée – mais plutôt son déroulement. Ma petite sœur Ma-Lo a vite compris ce qu’elle représentait pour le tourisme thaï et l’exploitation qui était faite de son image. Sans parler des avantages que les « rangers » qui gardaient le camp, tiraient de la présence de cette communauté dans la région. Elle avait eu plusieurs fois maille à partir avec une des responsables « ranger » qui m’avait souvent vue débarquer avec un pick-up empli de marchandises, de nourriture ou de jouets. Elle jalousait Ma-Lo et sa famille et leur rendait la vie plus compliquée. J’étais, bien involontairement, source de problèmes. Avec Ma-Lo, nous nous parlions souvent au téléphone ou par internet, car ma petite sœur était débrouillarde et trouvait toujours le moyen de se faire conduire à la ville, un foulard cachant ses anneaux, objet de curiosité. Avec le temps, Ma-Lo avait compris que, si la tradition avait un sens dans le pays de ses ancêtres, porter les anneaux par nécessité et pour le seul pouvoir attractif qu’il exerçait sur les touristes et leur argent, était finalement dégradant. Alors, courageusement, et après avoir appris l’anglais avec les bénévoles d’une ONG de Mae Hong Son, elle a décidé de se débarrasser, non pas de sa culture, mais de la représentation détournée de sa culture.

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Oui, elle a eu mal à la tête. Souvent. Ce n’est pas facile de se débarrasser d’un coup d’anneaux portés depuis l’âge de 5 ans. Physiquement et moralement. Non, elle n’a jamais regretté. Et la sœur de Garbrit – son mari -en a fait autant. C’était beau, cette révolte des femmes au « village du tigre qui dort » ! Ces femmes nouvelles avaient décidé de ne compter que sur elles-mêmes pour faire vivre leur famille. De ne plus recevoir l’aide distribuée par la chef « ranger » exerçant son pouvoir de garde-chiourme sur ce mini camp, mais de se consacrer uniquement à la vente de babioles aux visiteurs curieux, tandis que Garbrit sculptait grossièrement mais avec cœur, des poupées de bois représentant les descendantes de  femme-dragon.

Quelques années ont passé. « Petite Michèle » a grandi et a eu une petite sœur. Ma-Lo a perfectionné son anglais. Les espoirs de Kawthoolei se sont évaporés avec le temps, remplacés par les promesses des ONG américaines ou New Zélandaises de faire venir chez elles, ces refugiés définitifs.

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…J’ai reçu il y a deux semaines, un mail de ma petite sœur, le voici : “Hi Sister. I very happy that I get you mail. Sorry that I didn’t give you any news now I am not live in the Mae Hong Son any more, now I live in USA in Iowa State, in Des Moines City. I came here since 10th April. It’s big change for me. I came here with my two daughters and three of brothers and sister. My husband couldn’t come with me because his UN paper was late so he is not allow to come yet. I don’t know how long he able to come. Here my phone Number xxxxxxxxxx I not often could check my email so if you have chance call me on phone. How about you? Where are you? I think about you often. I hope you are well. Lot of love from sister MAlo

Les rêves parfois se réalisent. Ça n’est que lorsque j’aurais parlé au téléphone avec Ma-Lo que je saurai vraiment si ma petite sœur et sa famille sont heureuses. A Kawthoolei Des Moines city ! Dans l’Iowa !!!!!

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Ma-Lo, comme un ange… Avant de devenir une femme comme les autres. Avant de s’envoler pour Des Moines City !!

Michèle Jullian

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