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Les Allemands et l’Allemagne vus par une Française expatriée

drapeau allemagne

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On a souvent de l’Allemagne une image d’un pays rigoureux, où les règles sont toujours respectées… Mais cela serait-il un cliché? Une française expatriée qui n’a pas sa langue dans sa poche vous montre l’Allemagne et les Allemands autrement. Des différences culturelles de poids parfois!

les allemands

Aujourd’hui en Allemagne après 4 ans en Argentine, 8 en Thaïlande, 2 en Birmanie et 2 en Polynésie, sans parler des 18 premières années de ma vie, passées en Nouvelle-Calédonie.
Profession : ingénieur dans une autre vie, femme d’expatrié, polyglotte, et mère de famille nombreuse.
Profession (bis) : rattrapée par le désir d’écrire de mon adolescence il y a quelques années.
Et puis j’adore chanter.
Voici quelques impressions ou anecdotes de ma nouvelle vie en Allemagne, à Francfort…

Une vision du civisme allemand

Dans l’imaginaire collectif, les citoyens allemands sont des modèles de civisme, ils respectent tous les règlements et font volontiers la morale à leurs voisins. Sur ce dernier point, je suis d’accord. Par contre pour le modèle de civisme, il faudra repasser. Sur la route en particulier. On sent que c’est le lieu où s’exprime une forme de lutte des classes : il faut rouler vite, ou du moins avec agressivité pour bien montrer qu’on ne doit pas être confondu avec le commun des mortels. Entrer dans la catégorie des heureux possesseurs d’un gros break de couleur sombre est un but en soi.

Et gare si on gêne un peu ou qu’on prend son temps, surtout sur la file de gauche de l’autoroute. L’autre jour, suite à une manœuvre certes autorisée mais qui avait un peu ralenti un autre automobiliste, il a baissé sa vitre avant moi pour me dire sa façon de penser. Je croyais pourtant que quatre ans d’Argentine m’avaient rendue imbattable sur ce terrain. Les Chérubins assis sur le siège arrière se tordaient de rire. ‘Le monsieur a crié sur Maman avant qu’elle n’ait eu le temps de lui crier dessus !’

Même les vieilles dames respectables s’impatientent au volant.

Et pour ce qui est des limites de vitesse – contrairement à la légende il y en a beaucoup, y compris sur autoroute -un grand nombre d’Allemands les ignorent totalement, même dans les zones 30.

A propos de la liberté en Allemagne

Cela se passe sur un lieu de promenade de Francfort, très fréquenté en ces jours de beau temps. La passerelle réservée aux piétons et aux cyclistes connaît l’affluence, d’autant que le trafic est ralenti par la présence d’une personne en fauteuil roulant. Le groupe à pied qui marche sagement à la queue-leu-leu et bien à droite (même les piétons doivent circuler à droite en Allemagne) se fait alors doubler par des cyclistes.

Se présente alors en sens inverse un super-cycliste que la présence de ses collègues doubleurs d’en face contraint à mettre pied à terre. Furieux, il eng… tout ce monde qui ose empiéter sur  sa liberté de faire du sport sans être ralenti par des facteurs humains extérieurs.

C’est le même raisonnement qui pousse régulièrement un camion de livraison ou un autre à bloquer toute la circulation dans les ruelles aux abords du lycée français à l’heure où tous les parents conduisent leurs enfants.

Le chauffeur est dans son droit : il travaille, tôt.

La liberté de dizaines d’élèves d’arriver en cours à l’heure, ainsi que celle de leurs parents d’arriver eux aussi à l’heure à leur travail, trouvent là leurs limites.

Ma liberté s’arrête où commence celle des autres.

Plus je vis avec eux et plus je suis convaincue que les Allemands le pensent dans l’autre sens : la liberté des autres s’arrête où commence la mienne.

Bon droit du cycliste en Allemagne

Il y a un côté jugulaire-jugulaire, règlement-rouleau-compresseur-je-suis-dans-mon-bon-droit chez les Allemands qui conduit parfois à des situations cocasses, voire carrément comiques.

L’autre jour je courais le long de la levée sur les bords de la Nidda, qui se jette dans le Main au pied du très beau quartier médiéval de Höchst. Des cantonniers travaillaient et barraient tout le chemin de leur camionnette : d’un côté, un mur, de l’autre, la berge, très pentue. Je suis passée avec précaution côté rivière. Mais un monsieur qui arrivait lui à vélo, furieux de ne pouvoir passer et fort de son bon droit – car à Francfort le vélo est roi – s’est mis à invectiver les ouvriers, des pauvres gars venus des ex-pays de l’Est, tout aussi sûrs eux aussi de leur bon droit de travailleurs.

Et le cycliste de vociférer, d’empoigner son téléphone portable (pour appeler… la police ?… ou la télé ?… ou la mairie ?) et de se mettre juste devant le capot de la camionnette, histoire de lui interdire de bouger. Alors les cantonniers, eux aussi vociférant, se sont mis à klaxonner à ‘bout portant’ dans les oreilles du cycliste, histoire de lui faire libérer le passage !

Kafkaïen…

Dans les transports en commun de Francfort…

Qu’est ce qui différencie un chauffeur de transport en commun francfortois, d’un autre chauffeur de transport en commun, parisien celui-là ?

Réponse :

Le chauffeur de bus parisien, le dimanche, si vous êtes un poil en retard à l’arrêt, au feu suivant, il vous attend et vous ouvre sa porte pour que vous montiez – certes en bougonnant juste ce qu’il faut, histoire de vous faire sentir quelle emm… vous êtes.

Le chauffeur de tram francfortois, lui, dimanche ou pas dimanche, si c’est l’heure, c’est l’heure, et vous avez beau vous pointer avec pas plus d’un quart de seconde de retard devant la porte de son tram, il démarre sous votre nez sans état d’âme, vous abandonnant dans le blizzard avec vos mioches pour un quart d’heure supplémentaire !!!

(Devinette tirée de deux expériences personnelles récentes…)

 

 

De la conscience écologique des Allemands (sauf en matière de voiture)

De manière générale, les médias français entretiennent dans l’Hexagone une forme de complexe par rapport à tout ce qui se passe outre-Rhin.

C’était le cas l’autre jour dans un reportage sur une chaîne nationale à propos de la prétendue conscience écologique des Allemands.

Certes, ils sont grands consommateurs d’aliments bio, et de produits d’entretien dits verts.

Mais leur conscience écologique se déconnecte étonnamment dès qu’il est question de leur sacro-sainte bagnole. Pour ceux qui auraient encore des doutes, la voiture est reine en Allemagne, et les mêmes qui refusent de faire avaler quoique ce soit de non-bio à leur progéniture, non seulement possèdent tous un gros break familial noir fabriqué du côté de Munich ou de Stuttgart, mais en plus conduisent de manière carrément agressive. L’idée même qu’ils polluent de cette façon ne semble pas avoir atteint leur cerveau, et la contradiction leur échappe totalement.

J’ajoute que les tarifs des transports en commun sont obscènes par rapport aux prix du stationnement, et que mes enfants font régulièrement découvrir à leurs camarades allemands les transports en commun de leur propre ville !

Et cela, le reportage n’en pipait mot.


Les Allemands à la piscine

Ou le danger du dos crawlé. Hier je faisais mes longueurs tranquillement à la piscine.

Tranquillement, c’est un grand mot. En Allemagne où tout est si bien organisé, il y a en général des lignes d’eau selon la vitesse à laquelle on va, et il faut tenir sa droite à l’aller et au retour. Ca semble un peu militaire, mais ça marche.

Mais pas dans cette piscine habituellement bondée de retraités aux styles très amusants, surtout vu d’en dessous avec des lunettes de natation. D’ailleurs ça me distrait quand je trouve le temps long.

Hier donc, m’arrive dessus un type qui nage sur le dos, à 45 degrés par rapport à une certaine grille du fond que je prends pour repère vu que les traits noirs sont déjà bondés. Habituée aux papis et mamies lents et zigzagueurs, poliment je l’évite et je continue.

Là où ça se corse, c’est que quand je le croise de nouveau, sur le ventre cette fois, le type m’arrête et m’engueule parce que mon pied lui est soi-disant passé à 5 cm de la figure. Je suis tellement interloquée que j’en reste sans voix. Il m’enguirlande de plus belle en me disant que sa ligne à lui, c’est la 2 et que je dois lui laisser le passage. On repart, et le plus comique c’est qu’au retour il se ramène sur moi qui suis toujours ma grille, en diagonale entre la 2 et la 3. Cette fois c’est moi qui l’engueule. Facile en allemand, sans s’énerver beaucoup, ça fait tout de suite beaucoup d’effet ! Mais il n’en démord pas.

Il repart et là je m’aperçois qu’il nage sur le dos… les yeux fermés !!!


Question de confiance à l’allemande

La semaine dernière je ramenais le mauvais produit de la supérette du coin. Je n’avais plus le ticket de caisse, j’espérais qu’on me l’échangerait contre le bon produit, ou qu’on me donnerait un bon d’achat. On me l’a carrément remboursé en liquide, sur ma seule « bonne » mine. Pourtant nous habitons une grande ville et nous ne sommes pas particulièrement clients du commerce en question. J’en suis encore épatée.

Il y a mieux : en Allemagne on peut passer des commandes en ligne sans payer, contre la promesse de régler par virement sur facture une fois le colis livré. C’est d’ailleurs le mode de paiement proposé par défaut sur de nombreux sites marchands. Très pratique quand on a des doutes sur la taille d’un vêtement par exemple. Je m’y suis habituée mais il m’est arrivé plusieurs fois au début de recevoir un courriel de relance car j’avais d’autres automatismes durs à perdre :  si cela m’était livré, c’est que je l’avais payé, j’avais complètement oublié que ça marchait différemment.

Car en Allemagne contrairement à d’autres pays, la confiance règne encore le plus souvent, on présume les gens de bonne foi, et  de parole. Exotique, non ?

Anne Delacharlerie

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3 commentaires sur “Les Allemands et l’Allemagne vus par une Française expatriée”

  1. Nous sommes jumelés avec une ville d’ Allemagne a 8 kms de la frontière hollandaise et j ai eu BCp de plaisir a y aller 2 fois . Quel accueil dans les familles au petit soin pour nous , ils avaient mis les petits plats dans les grands et sorti leurs beaux services en porcelaine et de jolies nappes . Séjours inoubliables

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