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A quand l’intégration des Balkans dans l’Europe Unie?

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Le 22 Janvier 2012, la Croatie a dit « oui » à l’Europe… pour « consolider son économie ». Une économie très à la peine, qui est soutenue par le tourisme même si la crise commence à se faire sérieusement ressentir dans ce secteur. Avec la Slovénie, il s’agit du 3ème pays de ce que l’on appelle les Balkans à intégrer l’Union (même si la Slovénie n’appartient pas vraiment aux Balkans mais est issue de l’ancienne Yougoslavie comme la Croatie). Faut-il se réjouir des 67% d’avis favorables des croates à la perspective de l’entrée dans l’Union? Est-il souhaitable que l’Europe Unie intègre les pays d’ancienne Yougoslavie?

UEAvec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre dernier, les pays candidats peuvent  respirer : l’Union n’a désormais plus aucune raison de leur refuser l’adhésion une fois qu’ils seront prêts. En effet, l’Allemagne et la France avaient fait de Lisbonne une condition sine qua non de la poursuite du processus d’élargissement, afin surtout de faire pression sur les pays les plus réticents à ratifier ce texte.

Même si cela n’a pas été perçu au sein de l’Union, l’angoisse des pays candidats était réelle, chaque accroc au processus de ratification de Lisbonne étant vécu comme un coup de poignard. « Il faut les rassurer maintenant et leur montrer que nous tiendrons nos promesses », confie un diplomate de haut rang espagnol. Cela ne devrait pas être trop difficile.

Ainsi, comme pour fêter l’événement, le président serbe Boris Tadic (ci-dessus, au soir de son élection) n’a pas attendu un mois pour déposer officiellement la candidature de son pays, le 22 décembre, à Stockholm, la capitale de la Suède qui assume la présidence tournante de l’Union.

La Serbie, dont l’adhésion effective ne devrait pas avoir lieu avant au moins cinq ans, n’est pas le seul pays à se précipiter au portillon de l’Union. Outre la Croatie, dont les négociations ont pris au moins un an de retard à cause d’un obscur conflit frontalier avec la Slovénie, et la Turquie, dont le processus fonctionne au ralenti par sa propre faute, on compte désormais la Macédoine, qui a déposé une demande d’adhésion en décembre 2005, le Monténégro (décembre 2008), l’Albanie (avril 2009) et l’Islande (juillet 2009). La Bosnie-Herzégovine, le Kosovo et la Moldavie suivront un jour, avant que ne se pose, beaucoup plus tard, la question de l’Ukraine et de la Biélorussie… Zagreb devrait entrer dans l’Union fin 2011, début 2012, sans doute en même temps que l’Islande (si le référendum est positif), à peine cinq ans après le dernier élargissement de 2007 à la Bulgarie et à la Roumanie. La pause souhaitée par certains n’a pas eu lieu et ne devrait pas avoir lieu.

•   La Serbie (7,5 millions d’habitants) : il aura fallu attendre dix ans après la fin de la guerre en ex-Yougoslavie, pour que Belgrade opte définitivement pour l’Europe. Le pays a longtemps hésité, tenaillé par ses démons nationalistes. Mais, lors des élections de mai-juin 2008, les citoyens serbes, lassés d’un isolationnisme ne menant à rien si ce n’est à la corruption généralisée, ont porté aux pouvoirs des pro-européens convaincus, et ce, en dépit de la perte du Kosovo qui venait tout juste de déclarer unilatéralement son indépendance (désormais reconnue par vingt États membres de l’Union). Depuis cette date, Belgrade coopère activement avec le Tribunal pénal international chargé des crimes de guerre en ex-Yougoslavie, ce qui a conduit les Pays-Bas a lever, le 7 décembre dernier, leur veto à la mise en œuvre d’un accord commercial intérimaire avec la Serbie, antichambre de l’accord de stabilisation et d’association qui lui, est toujours en suspend tant que Ratko Mladic, l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, et Goran Hadzic, un ancien chef des Serbes de Croatie, n’auront pas été livrés à la justice internationale.

L’Union a fait un second geste afin de récompenser le virage pro-européen des dirigeants serbes : elle a décidé, le 30 novembre, de supprimer, à compter du 19 décembre, les visas d’entrée dans l’Union qui empêchaient les Serbes de voyager depuis presque vingt ans (une mesure dont bénéficient aussi le Monténégro et la Macédoine, mais ni l’Albanie, la Bosnie et le Kosovo). Désormais, le couvercle de la marmite serbe est soulevé, ce qui devrait accroître le goût pour la liberté de la jeunesse et accélérer les changements économiques et politiques.
Boris Tadic n’a cependant pas caché l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir avant que son pays puisse s’asseoir à la table du Conseil européen : « le futur de la Serbie dépend de la rupture des liens entre le crime, l’économie, le judiciaire et la politique ». Un jugement qui vaut pour l’ensemble des Balkans (et aussi pour la Bulgarie et à la Roumanie)…
•    La Macédoine (2 millions d’habitants) : sans le conflit qui l’oppose depuis son indépendance à la Grèce à propos de son nom, ce petit pays, qui siège à l’ONU sous l’acronyme anglais FYROM (ancienne République yougoslave de Macédoine), aurait déjà commencé ses négociations d’adhésion. Athènes, qui revendique la propriété historique de ce nom, a posé son veto à toute reconnaissance internationale de Skopje tant que cette question n’est pas résolue. Le nouveau gouvernement socialiste semble enfin décidé à en finir avec un problème qui pourrit ses relations avec son voisin du nord, mais aussi avec ses partenaires européens.
Deux rencontres informelles ont déjà eu lieu : on se dirigerait vers une « Macédoine du nord », mais l’adjectif bloque… Faut-il dire : nationalité macédonienne ou passeport macédonien ? Clochemerle n’est pas loin, mais le ridicule n’a jamais tué un Grec si l’on en juge par la durée de ce conflit d’un autre âge. L’Union espère pouvoir ouvrir formellement des négociations d’adhésion avec la « Macédoine du nord » au printemps prochain.
•    Le Monténégro (650.000 habitants) et l’Albanie (3,6 millions d’habitants) : on est seulement aux prolégomènes de l’adhésion. La Commission doit encore rendre son avis sur ces candidatures, comme le lui ont demandé les Vingt-sept. Pour l’instant, elle a envoyé des questionnaires à chacun de ces pays afin de se faire une religion.
•    La Bosnie-Herzégovine (3,9 millions d’habitants) et le Kosovo (2 millions d’habitants) sont encore très loin de pouvoir déposer une demande d’adhésion. La Serbie conteste même la sécession de ce dernier pays devant la Cour internationale de justice de La Haye…

Bref, l’Europe élargie à dix nouveaux États membres n’est plus très éloignée dans le temps. Le train étant lancé, il faut espérer que ces nouveaux élargissements seront un peu mieux préparés que les précédents, tant sur le plan des opinions publiques occidentales, que sur le plan financier et budgétaire.

Jean Quatremer

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