Bahman Ghobadi (“Un Temps pour l’ivresse des chevaux”) nous avait habitué à un cinéma rural, toujours aux frontières de l’Iran, et à travers les paysages sublimes de ce pays. Cette fois, il nous invite à un voyage immersif et essentiellement sonore dans les rues de Téhéran, la capitale.
Lors de la présentation du film avant la séance, le cinéaste a expliqué l’avoir réalisé d’une part parce que le régime iranien l’aura rendu fou, et d’autres part parce que le récit colle à une certaine réalité vécue par le réalisateur. On imagine que la conclusion brutale et quelque peu choquante est la raison d’être de ce film.
Les Chats persans a été tourné en clandestinité et suit le parcours d’un groupe rock iranien dans le circuit underground de Téhéran. Ce voyage sonore nous ramène à notre propre culture occidentale en même temps qu’il change l’image stéréotypée d’un pays méconnu malgré le fait que l’on parle de lui dans les journaux quasi quotidiennement.
Le film nous montre une certaine jeunesse de Téhéran, nous raconte son insensé désir d’émancipation, comment cette jeunesse est étouffée par la rigueur passéiste d’un régime politique qui semble comme s’efforcer à maintenir le couvercle coûte que coûte sur sa population.
Le propos est intéressant et nous renvoie une certaine image qui est comme un miroir de nous-même. Et puis ce qu’il est d’abord question de musique, il faut saluer la fraîcheur, l’efficacité et l’énergie de ce rock, de cette pop, de ce rap et de cette scène électro qui agitent un Téhéran alternatif, qui est là, qui survit, se bat et veut aller haut et loin, jusque dans des rêves qui paraissent impossibles mais qui ne sont pas forcément déraisonnables.
Benoît Thevenin
Les chats persans – Note pour ce film :
Durée : 1h41 min Année de production : 2009
Distributeur : Mars Distribution
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