Les Onze est un livre essai écrit par Pierre Michon et publié aux éditions Verdier. Couronné par le grand prix de l’Académie Française en 2009, les Onze traite d’une toile, exposée au Louvre et peinte par un certain François-Élie Corentin, représentant le Comité de salut public. Cette oeuvre permet d’aborder la Révolution et surtout la période de la Terreur, ainsi que les peintres de l’Histoire et le rapport entre l’Art et l’Histoire…

Passé le premier élément de surprise — le tableau n’existe pas, pas plus que son peintre et les douze pages que Michelet lui aurait consacré — on entre avec un réel plaisir dans cette affabulation historique. Le style de Pierre Michon est exigeant et pourtant on se laisse facilement emporter par le récit de Pierre Michon. En le lisant, j’ai parfois pensé au style de Camus dans « La Chute », notamment dans la manière qu’il a de s’adresser directement au lecteur par l’entremise de ce visiteur anonyme. Son style est très imagé, mais là où beaucoup d’écrivains utilisent des procédés cinématographiques pour créer de l’image, lui n’utilise que des procédés littéraires. On trouve cela très rarement en littérature parce qu’il s’agit d’un style d’écriture très classique (certains diraient passéiste). Pierre Michon a une maîtrise de la langue qui est très impressionnante, et la lecture de son roman est un vrai plaisir littéraire.
Le roman n’est d’ailleurs pas qu’une construction littéraire et stylistique mais il pose la question des relations entre Histoire et Littérature. Sur le fait notamment que dans les deux cas on parle de récits, et que parfois ces récits sont compatibles.
— LN
Ecrire un court livre historique, entre roman et essai, dans un projet totalement stylistique, avec une prose telle qu’on n’en lit plus, sur un tableau qui n’a jamais existé, voilà le défi que Pierre Michon a choisi se donner et qui, habituellement m’aurait vite ennuyé. Et pourtant, j’ai été d’abord séduit par le style, car Michon est un maître styliste, puis par la puissance narrative de la fin du roman. Il commence donc par un exposé, évoquant d’abord les grands-parents puis les parents du peintre, dans une sorte de leçon d’Histoire à la Michelet dont l’ombre hante chaque page de ce livre puis en vient à la nuit où ce tableau a été commandé à son auteur.
Ce faisant, Michon dépeint les tréfonds de l’âme humaine: ambition, misère, mesquinerie, vanité… mais sans jamais juger, sans jamais tomber dans la morale à bon compte, car il les comprends tous ces personnages historiques ou non, tous ces pantins agités par les soubresauts de l’Histoire. La scène de la nuit de la commande atteint des sommets dans le récit: Michon a la puissance du cinéma mais uniquement avec les mots. Il n’écrit pas comme tant d’auteurs bercés de cinéma; il écrit, vraiment. A tel point que j’aurai voulu en avoir plus de cette narration. Ah comme j’aurais voulu voir Robespierre apparaître sous la plume d’un tel auteur!
— Mathieu
Les Onze de Pierre Michon, éditions Verdier, 144 pages, 14 euros.
Pierre Michon sur « Les onze »
envoyé par JYFJYF. – Futurs lauréats du Sundance.
Un autre avis sur ce livre ICI
- Les Onze de Pierre Michon (Editions Verdier) - Août 20, 2014
- Chroniques de Jerusalem de Guy Delisle ; une naïveté construite - Juil 5, 2014
- La mort de Staline: l’agonie de Staline en BD selon Fabien Nury et Thierry Robin - Juil 5, 2014
Bonjour,
Je l’ai lu il y a quelques mois, mais quelle déception!! J’ai cru comprendre que ce tableau n’existait que dans l’imagination de Pierre Michon, j’attendais beaucoup de ce livre, il m’est – hélas – tombé des mains. Tout m’a paru confus : style, récit, l’Histoire, l’art. Un livre « impénétrable » en tout cas pour moi.