Celui qui est à l’origine de cette histoire est le vice-amiral de France, Pierre-André de Suffren. Suffren s’illustra dans le Golfe du Bengale contre les Anglais et les Hollandais. Il inspire la crainte et le respect et les indiens l’avaient surnommé l’amiral-satan !
Le 25 septembre 1783, Suffren quitte Pondichéry et embarque avec lui une soixantaine d’indiens, hommes, femmes et enfants dont la plupart sont des fileurs et des tisserands. Son idée est de les établir à Malte afin de perfectionner l’industrie du coton. Ils seront donc dénarqués à Malte mais quelques temps aprés Suffren est informé que leur travail ne donne pas les résultats escomptés. Suffren écrit au Roi et propose d’emmener ces indiens en France afin de perfectionner la fabrication de la mousseline et autres étoffes.
En mai 1875, le Roi, après avoir pris l’avis de Monsieur de Calonne, contrôleur Général des Finances, décide de ramener ces indiens près de Paris. Le 3 août 1785 les indiens débarquent à Marseille et on prévoit de les installer au château de Meudon. Mais l’un des quatre intendants du Commerce du Royaume, Jean-Jacques Maurille-Michau de Montaran, séduit par ce projet, décide de les installer dans son château de Thieux. Nos indiens s’installent dans le château début octobre et une manufacture est aussitôt créée dans les caves du château.
On trouve dans un livre du XIX° siècle un commentaire sur le passage de cette colonie avec la mention suivante :
« Une société de plus de quarante Indiens, selon l’Almanach de Meaux de 1786, y travaillent, avec la délicatesse qui leur est propre, des mousselines, des bazins, des nankins. Ils marchent avec des sandales et velus de saïes grotesques; pour se garantir de la pluie, ils entassent des linges et des étoffes sur leurs tôles. D’ailleurs, ils paraissent gais et animés. »
La petite colonie prospèrera et enregistrera quelques naissances. Ci-dessous le certificat de naissance d’une petite Marie-Louise, le 9 juin 1786, qui est qualifiée dans ce certificat de « fille naturelle indienne »…
L’Administration des Finances du Royaume est réorganisée en juin 1787 et Monsieur de Tolozan remet en question cette expérience en avançant que les indiens originaires de Pondichéry (et non du Bengale) ne savaient tisser que des toiles d’une grosse filature et pas des tissus plus fins. Il est donc décidéde mettre fin à cette expérience et notre petite colonie quittera Thieux en septembre 1787. En décembre, ils sont à Lorient et embarqueront pour les Indes en janvier.
Nous avons eu connaissance de cette histoire en lisant un article écrit par Douglas Gressieux (le Président de l’Association « les Comptoirs de l’Inde », association dont nous avons déja parlé dans ce blog) dans la revue « Nouvelles de l’Inde » publiée par l’Ambassade de l’Inde à Paris.
Ce récit nous a intéressé et amusé à la fois ; n’est-ce pas le premier exemple d’importation du savoir-faire indien en France ? Un signe probablement prémonitoire et en tout cas d’actualité…
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