Je n’imaginais pas, à l’heure où nous échangions nos romans mutuels, « LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES » pour moi, « UNE FEMME CHAMBARDEE » pour toi, dans cet improbable café des Champs Elysées traversé de touristes excités de fouler cette avenue qu’on dit la plus belle du monde (ouais ! j’en ai vu d’autres et des mieux !).… Je n’imaginais pas donc, que nos deux romans ancrés dans deux terres lointaines, la Thaïlande pour moi, la Guadeloupe pour toi, auraient dans leur phase finale, des similitudes troublantes. Si troublantes que, lorsque je suis arrivée au dernier chapitre, aux dernières pages de ta femme chambardée, les larmes ont coulé dans mon café. Pas seulement d’émotion, même si les intellos de St Germain des Près prétendent qu’on n’écrit pas de bons romans avec des bons sentiments. Sans doute, mais avec des sentiments, OUI.
Ton roman, c’est l’histoire d’un destin, celui d’une sacrée bonne femme, Helena, originaire d’une ile dominée par une autre dame, éruptive et toujours présente et qui prend un malin plaisir à bouleverser les habitudes de ses habitants, au point de faire venir à son chevet, ou plutôt à ses pieds, le célébrissime Haroun Tazieff. L’histoire se passe entre 1976 et 1981. Helena a du chien, « elle bèche sa terre avec rage » tout comme elle aimerait taper sur la tête de son mari, fainéant, ivrogne, coureur, heureusement il meurt vite. Bien débarrassée Helena. Elle se prend en main « pas une de ces femmes qui se tiennent la mâchoire d’une main en attendant que le facteur passe leur remettre le chèque des allocations familiales ». Elle fait donc son chemin seule, et s’en prenant même à Dieu, ce « Bondié qui tournait le dos aux malheurs d’en bas : les pauvres trouvent toujours un moyen pour s’en sortir. Ils sont habitués de toute façon » Parce qu’il ne faut pas lui marcher sur le gros orteil à Helena.
Et puis elle quittera sa terre, la « où les vieux corps sont princes quand ils commencent à avoir les cheveux grisonnants et deviennent rois quand la tête devient blanche comme du coton de Louisiane » Sublime !
Combien de fois, toi, Dominique, l’homme volant, as-tu dis comme Helena lorsqu’elle atterrit en France : « Merci Bon Die bitin rivé » (merci dieu, l’engin est arrivé) ? Je ne le dis pas exactement en ces termes, mais je le fais moi aussi. A chaque fois, je le jure.
Finalement, il n’y a pas que ta femme de chambardée dans ce roman écrit avec des mots qui éclatent comme les fruits et les fleurs de la-bas, mais, nous, lecteurs, on est aussi secoués comme après une éruption de la Soufrière ou après le passage d’un cyclone…
Et je regarde avec tristesse et bonheur Helena s’éloigner brandissant le drapeau de la contestation, tout comme Excalibur dans mon roman mettant le feu aux magasins symboles de richesses et d’injustice à Bangkok.
* « Une femme chambardée » – Edilivre
Dominique Lancastre, originaire de la Guadeloupe est naviguant pour la compagnie British Airways
Powered By WizardRSS.com | Full Text RSS Feed | Amazon Plugin WordPress | Android Forums | WordPress Tutorials
Je m’appelle Michèle Jullian. J’aime les voyages, la photographie, l’écriture.
Voyager ce n’est pas seulement prendre l’avion ou parcourir la planète, c’est aussi voyager dans les livres, les deux étant l’idéal. Chaque voyage comporte sa part de découvertes et de déconvenues, lesquelles deviennent expériences, à partager ou pas. Voyager est une aventure de chaque instant. Mes repères sont en France et en Thaïlande où je réside « on and off ». J’ai écrit un roman « théâtre d’ombres » qui a pour décor la Malaisie et la Thaïlande …
Découvrez le blog de Michèle, une femme à la croisée des cultures …
- Bangkok, plus qu’une ville, un symbole à préserver - Oct 27, 2021
- Désert berbère au Maroc : un appel irrésistible - Jan 14, 2020
- Etre femme nomade au Maroc berbère : hymne à la liberté, « mes »nomades - Oct 26, 2019