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L’île au bout du continent

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Sais-tu qu’ici, les fleuves ne se jettent pas toujours dans la mer ? Je t’écris d’un endroit chaud et venteux où rien ne se passe. Devant, il n’y a que le bleu du ciel et de l’océan. Derrière, il n’y a que le jaune et l’ocre des champs brûlés par le soleil. Entre les deux ne souffle que le vent. Chaud et sec le matin, frais et léger l’après-midi, faisant frissonner des eucalyptus et des arbustes vert de gris.

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Dans cette « île » au bout du continent, coule une jolie rivière argentée peuplée de cormorans gourmands, de cygnes noirs et de pélicans débonnaires. La rivière, toute en courbe, est trop paresseuse pour percer le cordon de sable, la privant ainsi du débouché classique que les leçons de géographie nous ont enseignées. Tu te rappelles ? Titre : les fleuves. Sous-titre : Les fleuves se jettent dans la mer.

Ici, la rivière se jette de temps en temps dans la mer.

Le soir, un phare solitaire balaie la nuit noire constellée d’étoiles inconnues. Le soir, il faut se promener pour profiter de la relative fraîcheur. Le soir, il faut se méfier des serpents. Ils sont très méchants par ici, les serpents. Tu dis ? Oui, la journée aussi, ils sont dangereux.

Quelques insulaires locaux peuplent cet endroit. Pendant la semaine, comme la faune, on ne les voit guère. De temps en temps, une voiture incongrue vient rappeler le XXIème siècle.

Il y a un garage qui vend des glaces, des conserves, du vin, de l’essence, du gaz, des cigarettes et des trucs utiles pour les insulaires terrestres d’ici comme des chapeaux, des hameçons, des bidules de bricoleurs et de la glace pour les frigos. En bas, il y a un magasin qui vend d’autres trucs pour la survie.

Même les factures ne semblent pas parvenir dans cet endroit. J’exagère, bien sûr. Les factures arrivent toujours à leurs destinataires, qu’ils soient grégaires ou solitaires. Ici, les nouvelles du monde parviennent également à nous informer, mais on s’en fout. Ici, à la périphérie, on s’en fout un peu plus que d’habitude.

J’ai amené mon deuxième moi-même, l’ordinateur, orphelin de son bras droit. Internet ne fonctionne pas.

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Officiellement, je dois fignoler mon deuxième livre. Officieusement, je lambine un peu. Je ne m’ennuie pas une seconde. Petit déjeuner à l’aube. Plouf dans les vagues. Séchage ultra-rapide au vent d’est. Perroquets à nourrir. Pelouse sèche à abreuver. Ecriture chiche peuplée de plongées vers le grand bleu. Regard vide et pensées ramollies. Nouvelles du monde ouatées par la distance. Poissons frais et cidre froid. Couchers du soleil sur la plage avec quelques pêcheurs. Dodos bercés par le ressac et les bourrasques.

Oui, rien ne se passe dans cette île au bout du continent. Mais ici, « rien » sonne comme « beaucoup ».

2 commentaires sur “L’île au bout du continent”

  1. Merci Marine pour ce gentil commentaire! J’y réponds très en retard parce que je cheminais les plages des îles lointaines et cabotaient au rythme des marées et des alizés. A très bientôt, j’espère.

  2. Magnifique !

    Merci pour ce texte qui coule comme votre jolie rivière argentée peuplée de cormorans.
    Tandis que « rien ne se passe » dans votre île, sous votre plume les images défilent allègrement et, c’est dans notre imaginaire qu’il se passe des choses.

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