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Mars de Fritz Zorn

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marsfritzzornFils d’une famille patricienne de Zurich, celui qui a écrit ce livre sous un pseudonyme fut ce qu’on appelle un enfant bien élevé. Dans la somptueuse villa, au bord du lac, régnait l’entente parfaite. Un certain ennui aussi, qui tient à la bienséance. Non sans humour, Zorn nous décrit les petits travers de ses parents. Humour ? Le mot est faible.

Essai – Folio – 315 pages –  6.65 €

Résumé : Fils d’une famille patricienne de Zurich, celui qui a écrit ce livre sous un pseudonyme fut ce qu’on appelle un enfant bien élevé. Dans la somptueuse villa, au bord du lac, régnait l’entente parfaite. Un certain ennui aussi, qui tient à la bienséance. Non sans humour, Zorn nous décrit les petits travers de ses parents. Humour ? Le mot est faible. Disons plutôt une noire ironie, celle du jeune homme qui, découvrant qu’il est atteint du cancer, pense aussitôt : naturellement. Jamais les contraintes et les tabous qui pèsent, aujourd’hui encore, sur les esprits soi-disant libres n’ont été analysés avec une telle pénétration ; jamais la fragilité de la personne, le rapport, toujours précaire et menacé, entre le corps et l’âme, qu’escamote souvent l’usage commode du terme « psychosomatique », n’a été décrite avec une telle lucidité, dans une écriture volontairement neutre, par celui qui constate ici, très simplement, qu’il a été « éduqué à mort ». Il avait trente-deux ans.

Mon humble avis : Difficile de classer ce livre : essai ? Autobiographie ? Récit ? Journal ?

Une chose est sûre, Mars est la chronique d’une névrose annoncée ».

Ce livre est paru à la fin des années 70, sous un pseudonyme, a fait beaucoup de bruit à l’époque et s’est introduit dans la liste des livres cultes. Et pourtant, le sujet aurait de quoi faire fuir : La névrose, la dépression et le cancer. En même temps, ce sont les maladies de notre siècle en occident, l’une honteuse, l’autre diabolique. Alors pas étonnant que les lecteurs se retrouvent dans cette souffrance, dans cette tristesse criante de vérité et tellement bien décrite au fil des pages que cela en est bouleversant. Les dépressifs seront soulagés de trouver des mots sur leurs maux. Les autres comprendront enfin le mal qui ronge peut-être un de leur proche ou qui pourrait les toucher un jour.
Fritz Zorn est né dans la grande bourgeoisie Zurichoise, dans une famille rigide et étriquée, une famille où l’on est « comme il faut », où l’on fait tout « comme il faut », où l’on a pas d’avis sauf celui de trouver les autres ridicules et moins bien, voire pas fréquentables. A force de colère, de révolte, de dérision, de provocation, de cynisme, d’humour noir et de digressions philosophiques, Frits Zorn fait un constat glacial d’une écriture froide et distante. Son environnement familial et social l’a empêché d’être, l’a mené à la dépression. Et cette dépression s’est somatisée en cancer, cancer dont il est mort à 32 ans, avant la publication de son livre. Fritz Zorn démontre ainsi que l’on peut être bien éduqué, dormir dans des draps de soie et manger dans des cuillères en argent et être malheureux car inapte à la vie, à la société. Et ce malheur n’est pas obscène. Quand on ne vit pas, quand on aime pas, quand tout est sujet à l’angoisse, quand on porte un masque en permanence, la souffrance morale devient physique et paralyse. C’est le cas de Zorn, qui, quoique boute en train, était un handicapé des relations humaines, n’avait pas vraiment d’amis et n’a jamais eu la moindre relation, ni sentimentale ni sexuelle avec une fille. Quand vous n’êtes même pas un homme, que vous vivez dans un désert sentimental, sans amour, il y a de quoi devenir chèvre. Malgré quelques longueurs et répétitions, ce livre est un magnifique témoignage sur les dégâts irréversibles d’une éducation excessive et les méfaits de la religion. Certes, ce livre ne remonte pas le moral. Mais à lire, (pour) et à comprendre. Moi j’ai compris car d’éduction bourgeoise et religieuse,  par certains côtés, je connais hélas.

« Et moi ? J’étais tout bonnement un peu plus sensible que d’autres enfants ordinaire et c’est pourquoi j’ai plus mal survécu à mon milieu que d’autres enfants. Peut-on en conclure qu’au fond mon éducation  n’a pas été du tout si mauvaise du fait que j’y aurais survécu sans histoire si seulement je n’avais pas été si sensible ? Naturellement non, car justement, une éducation est mauvaise quand seuls y survivent les enfants qui ne sont pas sensibles, et justement n’est bonne que quand même les enfants sensibles y survivent. »

 » Je suis malheureux parce que je ne fonctionne pas et que je n’ai jamais fonctionné. En tant que jeune, je n’ai pas été jeune,  en tant qu’adulte je n’ai pas été adulte, en tant qu’homme, je n’ai pas été homme ; à tous points de vue, je n’ai pas fonctionné ».

 » Ce n’est pas bête, c’est méchant. Car ce qu’on fait de bête, on le fait sans le vouloir, et ce qu’on fait de méchant, on le fait délibérément. »

 » A Zurich, on ne vit pas sa douleur jusqu’au bout, on la refoule, car le fait qu’on souffre pourrait « peut-être déranger quelqu’un ». On ose pas regarder en face le fait qu’on est triste car « on trouble la paix »… On appelle cela dans le jargon bourgeois de mon pays « être courageux » ».

Jamais je n’ai coché autant de croix dans les marges d’un livre, parfois plusieurs par pages. Je pourrais continuer sur des pages, mais je m’arrête là.

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3 commentaires sur “Mars de Fritz Zorn”

  1. La quatre de couv m’a foutu le bourdon quand j’ai empoigne le bouquin à la médiathèque. Je ne me voyais pas lire ce truc. Je n’étais peut-être pas dans des dispositions adéquates !

  2. Je me souviens d’avoir lu ce livre dans une « Micheline », quelque part entre la Suisse et la France, et d’avoir éclaté de rire plusieurs fois devant une telle vitalité !

  3. Cet auteur est sur ma liste depuis très longtemps mais je n’ose pas lire ce livre, il me fout la trouille ! Et, je crois qu’il n’a écrit que celui-ci !

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