Miso soup est un roman japonais de Murakami Ryu ; l’un des auteurs de la littérature japonaise contemporaine les plus connus. Avec Miso Soup, Murakami Ryu livre un thriller haletant dans un Tokyo sombre…
Miso soup de Murakami Ryu ; un Tokyo inquiétant
Kenji, un jeune Japonais de vingt ans, gagne sa vie en guidant des touristes dans le célèbre quartier louche de Kabukichô, à Tôkyô. C’est en compagnie de Frank, un client américain, qu’il parcourt durant trois nuits les lieux de plaisir de Shinjuku : trois nuits de terreur auprès d’un meurtrier inquiétant avec qui il joue au chat et à la souris.
Ce roman court et percutant laisse une sorte d’amertume, un goût métallique pareil à celui du sang qui imprègne ces pages minutieuses décrivant – comme l’auteur l’avait magistralement fait dans son roman Les Bébés de la consigne automatique – l’agonie d’un monde sans âme et voué à la solitude.
» La littérature, nous dit Murakami, consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots… En écrivant ce roman, je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures. «
Deux livres en un ! Avec Miso Soup, nous avons à la fois un triller haletant dont on ne peut se détacher avant la dernière page mais aussi une sombre étude psychologique très fouillée. Le début du livre est extrêmement énigmatique. L’étrange touriste américain que guide Kenji est-il vraiment un tueur ou le jeune japonais est-il paranoïaque ? Puis une étrange relation se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes et que tout apparemment devrait séparer.
L’auteur nous promène dans un Tokyo inquiétant très loin des clichés habituels. L’angoisse est permanente et tient non seulement à la situation cauchemardesque du roman mais aussi, surtout à l’ambiance morbide de « fin de civilisation » qui règne tout le long du livre. Les protagonistes sont tous assez antipathiques et résignés devant un destin qui semble inéluctable. Miso Soup décrit un monde immoral où les gens s’ignorent ou ont des relations ambiguës. Les liens familiaux n’existent plus et même Kenji et son amie, Jun, jeune lycéenne qui se prostitue à l’occasion ont de curieux rapports. On devine que ce couple n’est pas fait pour durer.
Il n’y a que quelques pages de violence dans ce livre mais elles sont très intenses, presque gores, mais contrairement à ce que l’illustration de couverture pourrait laisser envisager, pas de sexe. Pas de chapitres, ce qui donne à ce récit formidablement prenant un caractère d’urgence inouï. La postface de l’écrivain qui décrit son avis sur la civilisation japonaise et occidentale éclaire aussi le lecteur sur l’amoralité assumée du roman qui distille une profonde angoisse et une ambiance de tristesse omniprésente.
Miso soup est un roman atypique, mélange réussi de thriller passionnant jusqu’à la dernière page et d’un profond travail de réflexion psychologique sur notre monde et la perte de sens de la civilisation actuelle.
J’ai adoré ce roman.
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