La situation entre la République de Moldova et la province de Transniestrie aux velléités sécessionnistes peut-elle évoluer? Selon certains, la résolution du conflit ne peut passer que par l’amélioration du niveau de vie dans cette région la plus pauvre d’Europe.
Pour Chişinău, le retrait des troupes et de l’armement russes de cette région sécessionniste restent prioritaires. Lors des négociations pour le règlement du conflit en Transniestrie, la République de Moldova a également demandé qu’une mission civile internationale remplace l’actuelle mission de pacification dominée par les militaires Russes. Rappelons que c’est, en fait, leur intervention qui a tranché en faveur des sécessionnistes lors du conflit armé des années ’90.
Le vice-premier ministre moldave chargé de la réintégration, Eugen Carpov, fait le point sur la situation : «Depuis 1994, les troupes russes se trouvent illégalement sur le territoire de notre pays, en violation avec les prévisions de la Constitution moldave. L’évacuation de l’armement russe des entrepôts de Transniestrie doit être reprise d’urgence. Nous souhaitons également discuter de l’efficacité de l’actuelle mission de pacification, compte tenu des violations, de plus en plus fréquentes, des droits de l’homme dans la région séparatiste, des citoyens moldaves y étant arrêtés et condamnés ».
La semaine dernière, à Moscou, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a demandé à son homologue moldave, Iurie Leancă, qu’un statut spécial soit accordé à la Transniestrie, au sein d’une république unitaire. A Chişinău, l’analyste politique Nicu Popescu, ancien conseiller de politique étrangère du premier ministre Vlad Filat, estime que l’intérêt de la Russie pour la reprise du dialogue sur la Transniestrie a augmenté en raison du nouveau contexte international.
Il déclarait au correspondant de Radio Roumanie : « La Russie est confrontée, depuis un certain temps, à des contraintes extérieures plus fortes. Primo, la crise économique mondiale a eu sur l’économie russe un impact beaucoup plus grand que prévu. Secundo, confrontée à la crise, Moscou s’est rendu compte que la balance du pouvoir dans le monde était en train de changer. Or, ces facteurs ont déterminé la Russie à baisser le ton de sa politique extérieure – ce qui se reflète également sur le dossier de la Transniestrie ».
L’analyste Nicu Popescu estime, par ailleurs, que la République de Moldova devrait faire des efforts pour offrir aux habitants de la région séparatiste un niveau de vie plus attractif. Or, pour l’instant, cette république est, selon les statistiques, l’Etat le plus pauvre d’Europe. Fer de lance des réformes, le gouvernement de Vald Filat se propose un double but : relancer l’économie et assurer l’intégrité territoriale de la république.
Selon les experts, une histoire à succès à Chişinău diminuerait la ferveur des séparatistes, tout comme l’adhésion de Chypre à l’UE a fissuré le consensus politique dans la zone sécessionniste du nord, à population majoritaire turque.
(Aut. : Bogdan Matei; Trad.: Dominique)