En 2009, j’ai lu soixante-dix livres tout comme en 2008, un pur hasard ou peut-être un rythme établi depuis de nombreuses années qui tend à prendre un train de croisière … ? Peut-être, je ne sais ! Mais, aujourd’hui , je voudrais vous livrer un petit palmarès de ces lectures pour fournir quelques indications à ceux qui ne se fient pas forcément à la publicité et à la mode pour choisir leurs lectures.
En 2009, comme en 2008 par ailleurs, j’ai lu soixante-dix livres, romans, nouvelles, récits et autres ouvrages autobiographiques mais principalement des romans tout de même. Je n’ai pas lu de chefs d’œuvre absolus mais j’ai tout de même lu beaucoup de bons livres et même quelques très bons. J’ai établi un classement de mes cinq meilleures lectures pour cette année, j’ai dressé un petit bilan de mes livres préférées et je me propose de partager tout ça avec vous dans ce modeste billet.
Mes coups de cœur littéraires :
Il est toujours difficile de dire quelle est la meilleure lecture qu’on a faite sur soixante-dix mais quelques livres s’imposent tout de même et pour ce palmarès 2009, je mettrais en tête de mes lectures, le livre de Pascal Mercier, écrivain suisse allemand résidant à Berlin, « Train de nuit pour Lisbonne ». Ce livre figurait dans la sélection Critiqueslibres.com pour son deuxième prix littéraire, ce fut pour moi une réelle découverte et un vrai coup de cœur. Mercier va chercher tellement loin au fond des hommes des notions comme la destinée et la volonté, l’être et l’apparence de l’être, la volonté et la résignation, que ce livre restera encore longtemps dans ma mémoire après sa lecture. Les questions qu’il soulève hantent encore mon petit cerveau et nourrit le questionnement que je formule sur la nature humaine au travers de toutes mes lectures ou presque. J’ai trouvé que Mercier avait réalisé un véritable tour de force en creusant aussi profondément, dans une histoire romanesque, des questions qui sont essentielles pour une compréhension minimum de l’humanité.
Le livre que je place juste derrière aurait pu échapper à ma lecture car en principe je ne lis pas les livres qu’on empile dans les librairies pour essayer de les faire lire à toute la population des amis de la lecture. Mais, j’avais de solides recommandations formulées par des lecteurs en qui je place une réelle confiance, j’ai donc lu, sans hésiter, « L’ombre du vent » de Carlos Ruiz Zafon qui a fait un tabac monumental et que j’ai découvert, peut-être un peu tard, mais peu importe, une bonne lecture reste une bonne lecture en dehors de tous les effets de mode. J’ai trouvé dans ce livre des questions que j’avais déjà découvertes dans le précédent mais, dans celui-ci, intégrées dans un faste projet romanesque qui tient en haleine tout au long de la lecture. Un livre sur les livres biens sûr mais surtout un livre sur l’amour et la haine mais principalement la haine. Une haine qui déborde et prend complètement l’intrigue pour devenir le moteur réel de l’histoire.
En troisième position, j’ai placé, l’incomparable livre du Comte Jean Potocki : « Manuscrit trouvé à Saragosse ». Une œuvre très particulière qu’il est bien difficile de faire figurer dans un tel palmarès tant elle est spécifique. Sa mise en forme à partir de fragments dénichés aux quatre coins de l’Europe, dont quelques feuillets dans la Bibliothèque municipale de Pontarlier, dans ma région, est déjà en elle-même toute une aventure qui mériterait d’être racontée. Dans ce livre Potocki pratique le principe de la mise en abyme qui consiste à mettre une histoire dans l’histoire qu’on raconte et lui le fait jusqu’à cinq niveaux donc il faut bien suivre pour ne pas s’égarer et c’est l’un des problèmes de ce livre, la complexité de sa construction amène certaines redites et par moment une réelle longueur. Mais tout cela importe assez peu car le projet de Potocki semble bien être de faire une somme de toutes les connaissances de l’époque en passant par les religions, la science et l’ésotérisme. Un voyage extraordinaire, un brin fantastique, dans l’Espagne de son époque et dans les idées et connaissances qui ne se limitent pas à son temps.
Pour la quatrième place, j’ai choisi le livre du Palestinien Jabra Ibrahim Jabra, « A la recherche de Walid Masud », qui se propose de faire un lien entre le peuple palestinien actuel qui ne se résume pas aux extrémistes islamistes, et les civilisations qui ont occupé ses régions depuis l’époque sumérienne pour démontrer que ce peuple est l’héritier d’une longue tradition et qu’il est le dépositaire des multiples cultures orientales qui sont à l’origine du monde actuel. Un projet extrêmement intéressant que ce grand intellectuel conduit avec maestria pour nous démonter l’immensité culturelle qui entouré toutes les civilisations qui ont peuplé la région depuis plus longtemps encore que les hébreux. Un très beau roman, très bien écrit, très cultivé, autour d’un personnage exceptionnel au service d’une cause qu’on ne peut plus nier après cette lecture qui devrait valoir mieux que des tonnes de bombes jeter n’importe où mais de préférence sur des innocents.
Et pour clore ce petit palmarès, je voudrais rendre un hommage à ces femmes africaines qui écrivent avec beaucoup de talent et d’humanité sur toutes les misères qu’elles subissent et supportent sans jamais avoir un avis à formuler. Pour cela, j’ai choisi le livre de Léonora Miano, « Contours du jour qui vient » car dans ce roman elle regarde l’Afrique aux fonds des yeux, sans concession aucune, et invite tous les Africains à faire de même et à cesser de geindre sur leur condition mais plutôt à assumer leur origine, leur condition et leurs choix pour faire de l’Afrique le grand continent qu’il devrait être. J’ai trouvé chez cette femme, l’humanité, la force et le talent que j’avais beaucoup apprécier chez Mariama Ba que je crois avoir mis dans mon palmarès 2008.
Les livres qui auraient pu figurer dans ce palmarès :
Ces choix sont très arbitraires, je voudrais donc évoquer quelques livres qui auraient pu, eux aussi, figurer dans cette sélection restreinte. Je pense notamment à Miljenko Jergovic qui livre avec « Le palais en noyer » un grand roman sur les Balkans qui pourrait se placer dans la continuité de l’œuvre d’Ivo Andric et notamment de son grand ouvrage « Le pont sur la Drina ». Je pense aussi à Panos Karnésis et sa tragédie grecque « Le labyrinthe », à Michel Tremblay, le grand écrivain canadien, qui avec « Le trou dans le mur » nous donne un très bon roman fantastique pour nous parler de nos travers, eux, bien réels. Comment ne pas évoquer Richard Millet et « Dévorations » qui hérissent certains par son style mais qui m’a séduit par son personnage tellement vrai et tellement pathétique. Et j’aurais pu également citer « Portés par un courant violent » de Bruce Murkoff qui emporte le lecteur comme son fleuve emporte tout sur son passage. Et pour finir une mention aussi pour le turco-helvète Metin Arditi avec « L’imprévisible » qu’il l’est réellement mais qui est bourré du talent de son auteur. Voilà quelques belles lectures qui ne devraient pas vous décevoir si vous ne vous arrêtez pas aux livres qui viennent de sortir et dont on parle.
Livres de femmes :
Non par esprit de ségrégation mais seulement pour attirer l’attention sur leur talent, je voudrais citer trois femmes africaines qui méritent bien une mention dans ce bilan de mes lectures. Tout d’abord la grande féministe égyptienne Nawal El Saadawi et son « Ferdaous, une voix en enfer » qui fait vraiment mal avec ce récit d’une violence insupportable, puis Lilia Momplé et «Neighbours » qui nous rappelle que le Mozambique a dû supporter les débordements d’un voisin un peu trop violent, et, enfin, Scholastique Mukasonga qui revient encore sur le génocide ruandais qu’il faudra encore et encore rappeler pour comprendre l’immensité de la bêtise humaine.
Les classiques :
Je n’ai pas placé les classiques dans mes coups de cœur, il y a longtemps qu’ils ont dépassé le stade de si maigres honneurs mais je voudrais tout de même citer ceux que j’ai aimé lire sans aucun ordre, ni préférence : Khalil Gibran « Le prophète », Julien Green « Moïra », Robert Musil « Les désarrois de l’élève Törless », Panaït Istrati « Le pèlerin du cœur », Alphonse Daudet « Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon » et Auguste Villiers de l’Isle-Adam « L’Eve future ».
Mentions spéciales :
Je voudrais aussi décerner une mention spéciale à trois livres qui m’ont procuré, à leur lecture, un réel plaisir : « Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller » de Boualem Sansal, « Les nouvelles chroniques de San Francisco » d’Armistead Maupin et « L’homme au canon » de Dritëro Agolli.
Littérature contemporaine :
Philippe Annocque et Eric Allard savent bien que j’ai beaucoup apprécié la lecture de leurs textes ciselés dans respectivement « Liquide » et « Les corbeaux brûlés ». Philippe a su faire souffler un zéphyr de nostalgie dans son texte qui fait juste à peine frissonner sur le souffle de ses phrases aériennes. Eric coule des textes comme Léo Ferré coulait l’archet de sa chanson pour faire ruisseler des femmes originelles dans des aubes pâles. Et, j’ajouterai aussi, dans cette catégorie, Didier Da Silva avec « Treize mille jours moins un »
Pour un bon moment de lecture :
Il y a aussi quelques livres que je ne peux pas passer sous silence et qui peuvent éventuellement inspirer certains lecteurs : Jonathan Lethem « Annie est montée sur la table », Manuel De Lope « Une complicité », Marek Hlasko « L’impossible dimanche (le huitième jour de la semaine) », Qiu Xiaolong « La danseuse de Mao », Fazil Iskander « Les lapins et les boas », Michal Govrin « Sur le vif », Hanna Krall « Là-bas, il n’y a plus de rivière », Pablo Ramos « L’origine de la tristesse », Miroslav Popovic « Les loups de Voïvodine », Dinaw Mengestu « Les belles choses que porte le ciel », Ron Leschem « Beaufort » et pour terminer cette liste Rajaa Alsanea avec « Les filles de Riyad ».
Mes autres lectures n’ont pas été si mauvaises que ça, mais je ne peux tout de même pas citer soixante-dix livres et si vous voulez en savoir plus, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Bonjour. J’ai moi aussi beaucoup aimé « Contours du jour qui vient » et « L’ombre du vent », deux romans très différents mais riches à leur façon!