Nicolae Grigorescu est l’auteur d’une œuvre impressionnante. Les quelque 4000 toiles qu’il nous a léguées illustrent ses trois grands thèmes favoris: portraits, paysages, fleurs et scènes historiques.
Le 15 mai 1838, N. Grigorescu naît dans le village de Vacaresti, dans le département de Dambovita. En 1843, il déménage à Bucarest avec sa mère et ses frères et devient quelques années plus tard l’élève du peintre tchèque Anton Chladek. Il réalise alors (entre 1850 et 1861) des icônes pour les églises des monastères Baïcoï et Caldarusani ainsi que des peintures murales pour les églises des monastères Zamfira et Agapia dans un style encore académique.
En 1861, il obtient une bourse qui lui permet d’étudier à l’école des Beaux-arts de Paris où, dans l’atelier de Jean-Jean Cornu, il a Renoir pour condisciple. Il en profite pour aller copier au Louvre les toiles des grands maîtres. En lisière de Fontainebleau, l’auberge du père Ganne accueille à bon marché des artistes venus de toute l’Europe. Nicolae Grigorescu y séjourne avec Ioan Andreescu, un compatriote, de 1863 à 1868. Il côtoie alors des artistes aujourd’hui renommés tels que Millet (dont il fréquente l’une des filles), Daubigny ou Corot. Entre réalisme et naturalisme, Grigorescu trouve son style : l’exécution devient plus souple et les touches plus assurées. A partir de 1870, Nicolae Grigorescu entreprend plusieurs voyages en Bretagne et en Normandie. La peinture en plein air permet d’éclaircir sa palette et de saisir avec plus de spontanéité les sensations visuelles. Il est alors proche de Georges de Bellio, grand mécène des impressionnistes. La collection de ce dernier familiarise l’artiste aux œuvres de Monet, de Renoir ou de Sisley. Leur nouvelle technique et leurs couleurs lumineuses l’influencent beaucoup. Si la réalité continue de constituer le fond de la composition, la surface en revanche est inondée par un jeu de lumières fluctuantes.
En 1873-1874, il voyage en Italie (Rome, Naples, Pompé), en Grèce, en Turquie, à Vienne, en Moldavie où il peint les paysans, son thème favori. Lors de la guerre d’indépendance (1877-1878), Grigorescu est envoyé sur le front comme reporter. C’est là qu’il puise sont inspiration pour ses nombreux portraits de soldats combattant dans les deux camps, roumain et turc et pour des scènes de bataille. En 1899, le grand peintre est élu membre d’honneur de l‘Académie Roumaine. A propos des portraits de Grigorescu, sachez qu’une bonne partie d’entre eux représentent des paysans et paysannes ou des bergers au milieu de la nature. Dans d’autres tableaux, une étroite liaison s‘établit entre l’intérieur et l’extérieur de la maison grâce à un coin de nature vu par la porte ou la fenêtre entrouvertes devant lesquelles se tient le personnage ayant servi de modèle à l’artiste. De 1879 à 1890, il travail surtout à Paris et va peindre à Vitré en Bretagne.
De retour en Roumanie, Nicolae Grigorescu s’établit sur les hauteurs de Câmpina, une petite ville cachée entre les collines où la nature et les villageois l’inspirent. Il excelle alors dans le genre des portraits. Laissant le corps dans le flou, l’artiste entoure les visages de halos nostalgiques et intrigue par les regards. Premier peintre à introduire le plein air dans la peinture roumaine, il est aujourd’hui considéré comme le fondateur de la peinture moderne dans son pays. En 1899, il est nommé membre d’honneur de l’Académie roumaine. Il a influencé des peintres comme Ion Andreescu (son condisciple à Fontainebleau) et Stefan Luchian.
Nicolae Grigorescu a également créé une iconographie à part dans la peinture romaine, celle du char tiré par des bœufs, qu’il a représenté à travers une multitude d’ouvrages. C’est peut-être pour cette raison que l’artiste, décédé à l’âge de 62, en 1907, allait être accompagné à sa dernière demeure dans un tel char. Après 1990, plusieurs tableaux de Grigorescu ont été exposés à nouveau en France, accueillies par la grande exposition “L’Impressionnisme roumain “ ou par l’exposition personnelle de 2006 d’Agen et de Barbizon. Dans cette dernière, les visiteurs ont pu admirer 34 toiles du patrimoine du Musée d’Art de la Roumanie et 15 autres appartenant aux Musées de Paris, Agen et Lille.
Ioana Stancescu