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Chroniques de Thaïlande : Que reste-t-il de nos amitiés ?

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L’histoire ci-dessous est très intéressante, car racontée par Karuna Buakamsri, reporter à « Channel 3 », une des chaînes de la télévision thaïe. (J’adore décortiquer les noms thaïs, et Karuna veut dire : « gentil, ou s’il vous plait ») On l’écoute…


« Mercredi dernier, la station où je travaille a été attaquée par une bande de rouges qui a mis le feu à l’immeuble. Secoué par une explosion, j’ai aussitôt téléphoné à un officiel du gouvernement pour le supplier d’envoyer du renfort afin de  nous évacuer. Trop tard, le feu atteignait déjà les étages. A travers flammes et fumées, je descendais en courant les escaliers jusqu’au sous-sol, enfonçait une porte et me retrouvait dans le soï d’un pauvre voisinage.

Exactement 18 ans plus tôt, je courais aussi pour sauver ma peau.

J’étais alors manifestant. Un de ces étudiants réclamant la démocratie aux militaires en place. Les soldats avaient ouvert le feu sur nous. Affolé, j’escaladais un mur pour échapper à leurs tirs. Beaucoup de mes camarades furent tués cette nuit là.*

C’est beaucoup plus qu’un anniversaire qui relie ces deux dates.

…Beaucoup de leaders de l’époque sont toujours  là aujourd’hui.

En 1992 je joignais les mains avec Jatuporn, Veera et Dr Weng, les trois principaux leaders des « rouges ». Je joignais également les mains avec Pipob, Somkiat et Suriyasai, aujourd’hui leaders de groupes contestataires « jaunes », ennemis mortels des « rouges ».

Parmi nous il y avait aussi deux jeunes politiciens plein de promesses : Abbhisit et Jaturon. Abbhisit est maintenant Premier Ministre,

On se battait pour la démocratie.

Aujourd’hui, les deux camps se réclament toujours de la démocratie, pourtant ces deux factions, à des époques différentes – de 2006 à 2008 pour les « jaunes » – et aujourd’hui en  2009 et 2010 pour les « rouges » –  se sont battus avec des armes. En 1992, nous n’avions que des bâtons pour seule défense.

A cette époque, j’ai été emporté par leur éloquence pour plus de justice,  une éloquence qui a aujourd’hui, enflammé les foules avec leurs discours de haine. Des deux côtés. Les « jaunes » ont mis a sac la résidence du Premier Ministre et occupé les aéroports de Bangkok, bloquant tout le trafic international, les « rouges » ont mis le feu a un quartier de la capitale.

Comment mes ex amis en sont arrivés à une violence aussi extrême » ?

La question reste posée, et la, c’est une des réponses possible  : au pays du bouddhisme et de la voie médiane, la Thaïlande est un pays où règne certains tabous, où il est très difficile sinon impossible de critiquer certaines institutions où aucun vrai parti ou syndicat n’existe a travers lesquels le peuple pourrait se faire entendre. Parce que la corruption règne  à tous les étages : armée, police, gouvernement.

Puisse Abbhisit, qui a donné l’ordre à l’armée (ou plutôt à qui on a plus vraisemblablement donné l’ordre de donner l’ordre), de tirer sur le peuple,  se rappeler sa jeunesse toute proche.

*Le journaliste de Channel 3 fait référence aux évènements de Mai 1992, appelé s »Black May ». Lire « THEATRE D’OMBRES », éd. de la Fremillerie. C’est sans honte que je me fais de la publicité, car c’est pour la bonne cause.  (Egalement par Fnac.com et Amazone.com)

Michèle Jullian

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