Autour de Belgrade, Novi Belgrade apparaît depuis plus de 70 ans comme une autre ville, censée être un modèle de constructions. D’ailleurs la Nouvelle Belgrade fut « le site des constructions les plus importantes de la République fédérative socialiste de Yougoslavie et fut une source de fierté pour les autorités communistes du pays qui surveillaient le projet »..
Beograd, la capitale de la Serbie, est une ville qui compte plus d’un million d’habitants. Belgrade est le centre névralgique du pays et les changements permanents que connaît la capitale pour se moderniser témoignent de ses ambitions… Il y a un peu BELGRADE.. et le reste de la Serbie. Très marquée par son héritage communiste dans certains quartiers, Belgrade reste aussi une ville en mouvement, de plus en plus tournée vers l’avenir. Un avenir qu’elle imagine dans l’Union Européenne!
Découvrez dans ce guide Belgrade, les visages méconnus de Beograd, notamment Novi Beograd, la Nouvelle Belgrade » (Нови Београд), qui s’est développée à partir de la 2ème guerre mondiale.
Autant le dire d’emblée, les photos ne sont pas de bonne qualité, puisque certaines ont été saisies depuis la voiture, ce qui n’est jamais pratique, surtout quand il faut en même temps, assurer le guidage (rien ne vaut un GPS humain) pour une conductrice qui n’a absolument pas le sens de l’orientation… Je vous propose une petite sélection de photos prises lors de mes passages en 2001, 2009, 2013 qui montreront Belgrade « autrement ». Belgrade ne vous semblera sûrement pas attirante à travers ses clichés et pourtant, c’est une ville passionnante, qui se modernise à la vitesse grand V depuis quelques années… C’est aussi l’une des capitales les plus contrastées avec cette forte opposition entre les banlieues aux airs anciennement communistes, les nouveaux quartiers, soucieux de s’en démarquer et les quartiers anciens, qui rappellent toute l’influence austro-hongroise… Certes, ce ne sera pas forcément le visage flatteur de cette ville qui est pourtant très intéressante et très jolie pour ce qui est de son quartier ancien.
Du Kafana Novi Beograd au projet de Nouvelle Belgrade
Novi Beograd aurait pu rester le nom d’un café Kafana Novi Beograd, ouvert par Petar Kokotović dans un actuel district de la Nouvelle Belgrade appelé Tošin Bunar (le puits de Tosar littéralement)… Ce nom fut repris en 1945 par le président de la communauté locale, Kokotović, et définitivement adopté quand le projet de rassemblement des districts du sud de la Sava et de constructions de bâtiments de logements fut amorcé. Sajmište, Novo Naselje et Bežanija sont les seuls districts correspondant à des villages dotés d’une certaine histoire. Il est difficile aujourd’hui d’imaginer qu’ici il y avait dans les années 20 et 30 des terres marécageuses qu’il était prévu d’aménager avant de réaliser que le projet était trop complexe et coûteux, même lors de l’immédiate l’après-guerre.
Aussi étrange que cela puisse être, ces vues de Belgrade que j’ai postées ici il y a des années sont devenues (hélas) à la mode … Je ne dis pas « hélas » pour les voyageurs curieux qui ont le désir de s’y perdre pour découvrir un peu l’identité, l’histoire d’une ville complexe et passionnante et de ne pas se limiter à des monuments et sites classiques, mais pour ceux qui pensent devoir y aller parce qu’ »il faut à tout prix voir Novi Beograd » sur les conseils avisés des journalistes et guides dont l’objectif est clairement de vendre la destination comme une capitale montante et encore méconnue dans une Europe où les Balkans, en dehors de la Croatie, restent des marges peu engageantes … Ces mêmes touristes déambulent parfois sans trop comprendre ce qu’ils doivent chercher dans la Nouvelle Belgrade et prétendent ensuite péremptoirement que Belgrade est « sans intérêt », alors que la capitale serbe dont la beauté ne s’impose au premier abord contrairement à Prague, Rome ou Paris, n’en est pas moins instructive et touchante, justement parce qu’il faut gratter la surface, prendre son temps, chercher au risque de croiser des petits coins improbables.
C’est donc « branché » d’aller à Novi Beograd depuis que quelques campagnes touristiques dans les médias français ont évoqué cette zone comme insolite et en pleine transformation… Selon les auteurs, il faut aller se promener dans cette Novi Belgrad « hype » et « hors des sentiers battus »… Au moins, cet angle d’approche change des comparaisons du genre la « Barcelone de l’est » ou la « ville qui ne dort jamais » qu’on trouvait partout, y compris dans des grands quotidiens pour donner envie aux touristes de visiter Belgrade et d’oublier leurs éventuels a priori et clichés.
Novi Beograd, haut lieu commémoratif de la 2ème guerre mondiale…
Dans cette Novi Beograd, construite à partir de 1948 autour des anciens villages de Novo Naselje-Bežanija-Staro Sajmište, qui avaient vu le jour dans les années 30, on découvre des hauts lieux commémoratifs inattendus. Tous liés aux tragédies subies par les Belgradois pendant la 2ème guerre mondiale. On peut apercevoir le cimetière juif Trostruki surduk où furent notamment enterrés 240 juifs tués par les nazis en 1941. Quelques Tziganes faisaient aussi partie des victimes, mais sont en revanche oubliées ou à peine évoquées. Une plaque commémorative rappelle néanmoins la volonté précoce dès 1946 de reconnaître un tel crime.
Belanovićeva rupa rappelle la sinistre mémoire des atrocités perpétrées par les forces d’occupation entre 1941 et 45 et par exemple les 8000 victimes massacrées ou abattues ou pour certaines rapatriées de camps de concentration comme le camp de concentration de Sajmište, prosaïquement qualifié de « centre de rassemblement », où furent éliminés la plupart des juifs de Belgrade, de nombreux partisans de Tito, faits prisonniers, mais aussi des vieillards, femmes et enfants suspectés de la moindre connivence, sans oublier des familles entières de Tsiganes et de populations des régions de Syrmie et Kozara. Certaines victimes du camp de la Croix Rouge près de Nis ou de Jasenovac en Croatie près de Sisak.
Les tombes collectives au nombre de 70 confirment le sens de la résistance des Belgradois et plus généralement des serbes qui ont payé un lourd tribu, alors que d’autres, à l’instar des Oustachis, croates séparatistes et anti-yougoslaves avaient choisi la collaboration avec les Nazis, ce qui provoqua les massacres arbitraires de populations serbes, tziganes et juives en Serbie comme en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Pouvait-on imaginer cela en franchissant les premières barres assez peu avenantes de Novi Beograd à Sajmište ? Enfin, l’Association des vétérans de la guerre de libération a aussi obtenu en 1951 la réalisation et l’inauguration d’un monument commémoratif et d’une tombe symbolique, aux abords du cimetière de Bežanija.
Il y a 20 ans, on n’aurait pas croisé un touriste dans Novi Beograd et la plupart de ceux qui allaient déjà à Belgrade évitaient cette zone car ils trouvaient ce district rebutant… voire très moche et peu sûr ! … Il faut dire qu’on n’aurait pas l’idée de suggérer le Mirail la Reynerie comme destination « tendance » pour illustrer Toulouse! Pourtant, on y découvrait que les barres d’Empalot avaient déjà montré leurs limites quand elles ont poussé à l’après-guerre et que l’architecte Georges Candilis avait souhaité des bâtisses en Y précisément pour permettre aux habitants de se voir et de se rencontrer davantage. Il a donc bâti ex nihilo le quartier dans les années 60 avec des objectifs et une philosophie de vie. Ce quartier toulousain est plutôt connu défavorablement à cause de la concentration de problèmes économiques et sociaux et des échecs des politiques urbanistiques. Pourtant, Le Mirail pourrait raconter une histoire différente de la Toulouse médiévale, moderne ou contemporaine. Il en va de même pour Novi Beograd, qui sans être entachée localement d’une mauvaise réputation, renvoie une image plus industrielle, uniforme, grise, même si on sait aussi que cette zone correspond en partie à l’actuel principal quartier d’affaires de Belgrade et abrite de nombreux sièges de sociétés, d’entreprises et de banques.
Encore faut-il dépasser les préjugés visuels pour découvrir qu’ici, on trouve dans chaque district des espaces verts qui font oublier un peu l’absence ou la faiblesse du nombre de jardins et de bois dans la capitale, des bâtiments ultra modernes venus contraster la prédominance des « bloks », des centres culturels, économiques et éducatifs, des grands hôtels et même le Musée d’art contemporain de Belgrade établi en 1958 près de la Sava et du confluent avec le Danube!
Alors pourquoi aller à Novi Beograd? Pour comprendre cette Belgrade qui a émergé à partir de 1948 et qui raconte les projets d’urbanisation de la rive gauche de la Sava. Novi Beograd, largement composée de « bloks » et de quelques gratte-ciels imposants s’est découpée en 10 municipalités concentrant à l’époque des dizaines de milliers d’habitants ; en majorité des ouvriers des industries de la métallurgie et des secteurs électriques qui constituaient la base de l’activité industrielle de la capitale et de la Yougoslavie.
Aujourd’hui, on évalue à environ 212 000 habitants la population de cette Nouvelle Belgrade. Les grands travaux qui comptent changer la physionomie de la ville depuis 5 ans environ, sans renoncer à ce passé ne sont pas pour rien dans l’intérêt suscité par Novi Beograd et signalé dans les guides de voyage comme Lonely Planet. Les quelques 70 divisions en bloks rappelant une architecture chère aux communistes deviendraient presque « tendance ». Et des personnalités comme Novak Djokovic qui y a ouvert son restaurant Novak Djokovic Restoran à Belgrade, ont attiré la jet set locale dans leur sillage, ont achevé de rendre Novi Beograd attractive et avant-gardiste.
Bonne découverte… Toutes les photos présentées sont de Sandrine Monllor ou des auteurs signalés en source.
Première vue dès qu’on arrive à Belgrade ; il s’agit de la Tour Genex, qui sert de bureaux comme de panneaux publicitaires… On ne peut pas dire qu’elle soit du meilleur goût, mais elle est aussi le symbole d’une époque!
Vue de la banlieue de Belgrade, constituée de blocs… Belgrade compte plus d’un million d’habitants…
Vues de la ville de Belgrade depuis les ponts
Des ponts, les photos ne sont pas bonnes … mais au moins, elles sont authentiques!
Entrée de Belgrade…
Aperçu d’une usine
Un pont à Belgrade : jonction entre la Sava et le Danube
Depuis le Danube :
Jour de brouillard :
Abords du centre avec des traces encore évidentes de la guerre :
Aperçu d’une maison :
Après avoir passé le pont
Sur le pont menant au centre-ville : aperçu de la Sava
Aperçu du centre ancien, bords de Sava et Danube
Aperçu du Danube et de la tour Genex
Hôtel de luxe :
Aperçu de la ville, un jour très couvert où il pleut… On voit également de loin le Temple St Sava, qui est aussi la plus grande cathédrale orthodoxe d’Europe
Novi Beograd
Hyatt Regency
Un aperçu du centre ville :
Aperçu d’un quartier extérieur – Novi Beograd
Belgrade et ses tours :
Bidonville rom
Vue de la campagne environnante
Eglise dans les environs de Belgrade
Peut-être serez-vous étonné après avoir visionné ces quelques photos… mais Beograd et moi, ce fut immédiatement le coup de foudre, l’une des plus intéressantes révélations que j’ai eues lors de mes divers voyages à l’Est et je suis toujours heureuse de la découvrir, même si cette fois-là, l’appel de la Turquie ne m’a autorisée qu’un transit!
Bonjour Ivica,
ce n’est pas un circuit, juste un album photo d’un autre Belgrade que l’on retrouve moins sur internet. Ce n’est pas un oubli, c’est volontaire, d’autant que les autres quartiers ou centres d’intérêt que tu signales sont largement abordés sur d’autres articles de la catégorie…
bonjour votre circuit de belgrade est bien mais incomplet vous oublie le vieu belgrade historique francuska terazije tajmana et kalemegdan