Il était de ces êtres, si incompréhensibles aujourd’hui, qui ont le goût de la solitude : une solitude qui était plus un accomplissement que de la misanthropie ou la contestation de l’ordre social qu’elle est devenue dans une société qui a fait du vivre-ensemble, de la transparence, du festif, de la convivialité, une des figures de la démocratie où les solitaires sont suspects aux vertueux hédonistes du nouvel ordre moral. Mais s’il aimait autant la solitude, c’était qu’il pouvait ainsi laisser libre cours à ce qu’il faut bien appeler son originalité ou ses bizarreries. «
Richard Millet est né à Viam, en Corrèze, en 1953. Il a passé son enfance au Liban. Il a écrit une trentaine de livres (romans, récits, essais, sur la langue et sur la musique – dont Le Sentiment de la langue, qui a obtenu le Prix de l’Essai de l’Académie française en 1994). Il vit et travaille à Paris. Il est membre du comité de lecture des Éditions Gallimard.
Ce petit livre, au titre à mon avis mal choisi, raconte la réflexion d’un homme sur ses origines familiales et ses ancêtres. Mêlant réalité et imaginaire, il revient sur les destins de son père et de son grand père. Il imagine la vie de ce dernier, mort quelques jours, après la naissance de l’auteur, à travers quelques témoignages et quelques photographies jaunies.
Ce récit nostalgique est très beau. Le rythme lent et l’écriture élégante et limpide transmettent au lecteur le tranquille sentiment légèrement mélancolique du temps qui passe en effaçant des pans entiers de l’histoire d’individus qui ont contribué à former une famille.
Un bon petit livre que je vous conseille.
Pas simple Millet mais j’aime assez son style et je connais un peu sa région où j’ai déjà séjourné deux fois, brièvement, et j’ai bien apprécié « Dévorations ».