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Prishtina : Vivre 6 mois au Kosovo (Kosova)

Prishtina capitale du Kosovo

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prishtinapristina1Chronique d’une expatriation au Kosovo.  Et découverte de Kosova Prishtina (en albanais : Prishtinë, Prishtina, en serbe Приштина, Priština). Prishtina est la capitale de Kosovo ; on lui attribue quelques 450 000 habitants mais l’absence de recensement rend ces estimations très douteuse. Prishtina est une ville étrange, à l’atmosphère difficile à décrire…

Expatriation au Kosovo, une aventure

Lundi, 19h30, posée à la terrasse du bar de bois -qui n’a pas d’autre nom-, plus propice à décrire mon environnement que le bureau du HLC. Je suis la seule cliente du bar en bois dans la tranche 19-21h et j’espère bien qu’ils font le plein après, sinon ils fermeront à mon départ….

Donc le défi étant de raconter Pristina : décrire une atmosphère, vous expliquer pourquoi il y fait bon vivre malgré le bricolage permanent, et mettre des mots sur la ville. Allez, je me lance, dissertation, comme au collège : « racontez votre ville de stage », let’s go :

Histoire-géographie/ ornitologie à Prishtina

Tout d’abord, il me faut préciser que Pristina est entourée de collines, comme des remparts, la ville est assez enclavée, protégée. Pour moi, heureusement qu’il y a eu l’expérience grenobloise, j’avais eu du mal à me faire à ces montagnes qui te regardent sans cesse, mais là ça passe bien. Pristina est donc située sur la plaine et ce qui est agréable, c’est que les collines qui dépassent ponctuent le paysage de vert tendre et jaunissant ; ça adoucit le gris des buildings qui dépassent…

Dans la parc de la bibliothèque et de la fac, on assiste à un survol permanent de merles, ce qui rappellera aux spécialistes que la bataille de Kosovo Polje (ou bataille du Champs des merles) a eu lieu non loin de Pristina, à Fush Kosovë/Kosovo Polje. C’est cette bataille que célèbrent les Serbes, bien qu’elle marque leur défaite face à l’empire Ottoman en 1389, et qui leur permet de revendiquer leurs droits historiques sur le Kosovo. Ces merles (ne seraient-ce pas plutôt des corbeaux d’ailleurs ? Il faudrait que je trouve un ornithologue pour m’éclairer), se posent sur la bibliothèque, à grand bruit, avec la musique lounge-Ibiza en fond, ça fait un mélange sonore plutôt space.

Et dans la série engins volants, de temps à autre, surtout le dimanche, on observe un petit survol de la ville par des hélicoptères militaires…

Religion et botanique à Prishtina

Pristina est emplie de petites mosquées. On voit partout des minarets discrets, en forme de petits chapeaux de lutins, argentés souvent, qui parsèment les rues. Les voûtes de ces mosquées sont blanches, décorées d’entrelacements bleus. Pour l’intérieur, je ne peux rien vous dire car elles sont réservées aux hommes. Elles sont entourées de petits jardins dans lesquels sont assis des hommes portant le chapeau albanais traditionnel, blanc, en forme de chapeau de Calimero (le petit poussin noir). D’ailleurs c’est marrant, car les épouvantails dans les champs portent aussi ce chapeau blanc, comme les épouvantails français portent un béret…

A l’inverse de ces mosquées cachées dans les ruelles, une imposante église orthodoxe a été construite dans le parc de la bibliothèque. Les mauvaises langues disent que c’était un pied de nez des Serbes pour dire aux Albanais « nous sommes les plus forts, les plus grands ». Objet d’attaques pendant la guerre, cette église, qui n’est pas terminée, est protégée par de hauts barbelés planqués par des herbes grimpantes, qui ont repris leurs droits ici. Elle n’est donc pas fréquentée, et pas prête de l’être. La présence, ou l’omniprésence de ce grand bâtiment vide est donc assez absurde.

Le parvis de la bibliothèque est squatté par les jeunes couples, qui doivent trouver l’endroit aussi romantique que moi. L’atmosphère aux alentours est familiale, quand il fait beau, c’est le rendez-vous des familles et des enfants, et de quelques groupes de vieux qui discutent. Comme dans tous les parcs du monde… Mais les espaces verts à Pristina, hormis ce grand parc central, sont plutôt rares. Il y a un petit parc près de notre bureau, qui affiche avec force pancartes sa reconstruction financée par l’UNDOC et la coopération italienne. Je me demande bien s’ils ont acheté autres choses que des arbres, style sapins pas originaux-géniaux, car à l’intérieur le parc de jeux pour enfants n’a rien à envier à la vétusté de celui du parc qui se trouve près du palais de Ceaucescu à Bucarest. Autant dire, tout rouillé, tout pourri. A leur place, je ne me serai pas vantée d’avoir rénové le parc, car même si l’atmosphère est agréable, y’a pas une fleur et tout est « miteux », comme dirait Elise.

Topographie et course d’orientation à Prishtina

Pristina est construite autour de 2 artères principales, l’avenue mère Thérésa et l’avenue Agim Ramadani, croisées au sud par le boulevard Bill Clinton.

Sur une colline, loin du centre, les « bureaux de liaison » (mot pour dire ambassade quand on n’est pas dans un pays), français, allemand, et autres, au milieu des beaux pavillons et résidences rutilantes.

Mon quartier d’adoption, Ulpiana, c’est simple, c’est à l’autre bout, on est sur du plat, mais on touche presque la colline suivante. C’est une cité, je ne sais pas pourquoi ça me fait penser à Genevilliers, plus qu’à Saint-Denis ou Sarcelles, c’est un débat sur la hauteur des tours pour banlieusards confirmés et peu d’entre vous vont pouvoir m’aider à trancher… De toute façon le propos est uniquement architectural, car l’ambiance est aussi calme que sur la colline à bureaux de liaison. Dimanche, j’ai vu un couple de vieux trop heureux pique-niquer et lire le journal sous un arbre en bas de chez moi.

Non loin de mon quartier, près d’une grande poste et de la tour immense de la RTK (radio-TV Kosovo), toute en splendeur soviétique, il y a un quartier qui bouge : « Dardania ». Je ne sais plus bien quel est son surnom, un truc genre « épaule » ou « hanche », cela désigne une partie du corps en tout cas, comme beaucoup de quartiers ici. Dardania est composée de grandes tours vertes et les fenêtres des appartements, lorsque la lumière est allumée la nuit, brillent comme des tas de lucioles et c’est magique. Et là, il y a une flopée de bars, fréquentés par les jeunes locaux. C’est vraiment un quartier super la nuit, mais il se vide très tôt, les gens partent danser. Cela dit, même les boîtes sont vides à 4h : pas d’after à ce que je sache, les gens rentrent chez eux tôt.

Pas très loin de chez moi non plus, dans l’autre sens, on a une grande cité U. Je pensais vaguement à aller voir s’ils n’avaient pas une chambre pour moi pour mon deuxième mois, mais j’ai été stoppée net par un reportage à la TV hier soir sur la vétusté des chambres, sur le thème « les étudiants vont bientôt revenir mais les chambres et les sanitaires sont toujours aussi pourris ». Je me suis dit : 1 : il doit y avoir de l’amiante là-dedans (privilège de ne rien comprendre, tu te fais tes propres commentaires paranoïaques sur les images d’infiltration d’eau), 2 : on est bien chez soi. Voilà.

Au centre, on a un centre commercial pour riches, avec l’un des QG de l’ONU pas loin (le ranch ostentatoire à voitures géantes est là) et le Headquarter de l’OSCE aussi. On y trouve le bar altruiste qui a eu la bonne idée de vendre la presse internationale, donc c’est ici que je peux acheter le Monde ou Libé, avec 2 jours de retard et à prix double, donc je ne le fais qu’en cas de « crise de frenchitude ». Ils doivent faire du bénèf, mais c’est quand même chouette de trouver un repère quand on est en manque. Il y a là un parvis avec des grandes terrasses et l’on peut boire un coca en écoutant les voisins parler anglais. Au milieu du centre commercial, un bar branché avec des plantes et une grande baie vitrée, plutôt cool lorsque les boutiques sont fermées, même si tape à l’œil.

La tombe d’Ibrahim Rugova, Président du Kosovo, mort au début de l’année, est située dans un parc-cimetière en haut d’une colline avec vue panoramique sur tout Pristina. Elle est gardée en permanence, blanche, neuve et rutilante, mais simple, touchante en fait, avec toutes les couronnes de fleurs rouges autour. Pas mal de visiteurs, à ma grande surprise, pas de grandes manifestation d’émotion devant, juste un coup d’œil et une pause respectueux. A deux pas, dans le parc, il y a des enfants qui jouent au foot.

Poésie de Prévert :

Dans les rues, en vrac, on croise :

Les fameuses affiches incitant au boycott’ des produits serbes, les affiches pour les pubs des universités, des tas de minibus, une foultitude de tags noir ou rouge : « Jo Negociata, Ventvendosje », prônant l’indépendance et l’arrêt des négociations sur le statut, des affiches « Our prime has a job to do here », faisant suite à l’émission d’un mandat d’arrêt par le TPI.Y contre le Premier Ministre en exercice il y a deux ans je crois, des affiches de la K-FOR.

Une statut de mère Thérésa, Albanaise, des portraits des personnes disparues pendant la guerre, avec des dates, bleuissants et jaunissants, une statut de Skandahar, héros national.

Des chaînes de magasins aux noms familiers « H&M », « Naf-Naf », « Zara », qui vendent tout sauf la marque annoncée en devanture, plein de boutiques chinoises et de « tout à 1 euro », des burekstore et mishtore où l’on peut acheter de la viande grillée et les fameux bureks, des vendeurs de DVD piratés à 2 euros, des coiffeurs : « ondulimi », je trouve ça super joli comme mot, ou « frizer ».

Dans les ruelles excentrées, on peut parcourir des marchés, dans des quartiers popu où l’on entend plus parler anglais, où les chatons font les poubelles, il y a là de vrais odeurs, avec des échoppes qui vendent de la vaisselle argentées et des casseroles pour faire la tambouille pour 10.

On croise partout, surtout le week-end, des convois de mariage, bruyants comme il se doit, la première voiture brandit toujours un grand drapeau albanais rouge et noir. Il y a aussi des « Yugo », les voitures de l’ex-Yougoslavie, équivalent local des Trabi allemandes ou des Dacia roumaines.

Un escargot car il a plu.

Et un raton laveur.

Et la lumière :

En fait c’est elle la vraie héroïne ici. J’ai tendance à penser que c’est elle qui fait toute l’atmosphère de cette ville, qu’elle couve et rend belle, malgré le gris. Qu’il fasse très beau, ou très moche et pluvieux, comme aujourd’hui, il y a une lumière brillante, mélancolique et douce, gris jaune quand il y a des nuages. Une lumière de Balkans en fait. Et quand elle se pose sur un petit marché, ou un petit toit de mosquée, alors là c’est le bonheur et il n’y a plus qu’à contempler et à se laisser envahir.

Epilogue, de (mon) sens de Prishtina

Voilà, c’est ça Pristina, pour moi. Je crois que c’est pour ce mixe, cet hétéroclisme, que je me plais ici et que j’ai eu envie de revenir. Pour les couleurs, l’ambiance, l’architecture bigarrée et bordélique, pour le mélange des genres, bref pour tout ce qui fabrique cette beauté sur laquelle il faut avoir envie de s’attarder pour la distinguer (parce qu’objectivement…, mais bon « qu’est ce que le beau ? » demandent les profs de philo…).

Aussi parce qu’en y réfléchissant bien, c’est une provocation que d’être aussi « mélangée » dans un endroit où le défi fondamental est de conserver et de défendre la pluralité, la multi-ethnicité et de ne pas uniformiser.

J’espère juste que ce mélange ne trouve pas juste son origine dans la dualité internationaux-locaux, qu’il préexistait et qu’il perdurera lorsque la ville ne sera plus administrée par la communauté internationale. Moi je le perçois plutôt comme un mélange de générations, de modes de vie, de références, d’architectures, d’envies, de personnes… où finalement tout s’emboîte avec cohérence et où il n’y a pas de combat ou de contraste tranché ancien-moderne. Il y a une vraie logique qui en émerge.

C’est ce qui fait que, pour moi, cette ville a du sens, malgré son petit soupçon d’anarchie. Je suis convaincue que les villes ont une vraie personnalité, quelque chose à dire, à raconter, une raison d’être et d’être comme elles sont et c’est pour ça que l’on peut tomber amoureuse d’un lieu. Voilà, c’est fait, au cas où vous ne l’auriez pas compris, pour Pristina je suis conquise.

Perrine, expatriée pendant 6 mois au Kosovo

4 commentaires sur “Prishtina : Vivre 6 mois au Kosovo (Kosova)”

  1. « dans un endroit où le défi fondamental est de conserver et de défendre la pluralité, la multi-ethnicité et de ne pas uniformiser. »

    Il y a donc encore des gens pour croire à la « multi-ethnicité » du Kosovo ? Comme c’est touchant la naïveté.

  2. vous allez à kosovo pour travailler à la bureau, peut-être vous êtes en chômage, ou missionnaire. Je penser pas come touriste, pour recherche hébergement à centre universitaire, ou pou quoi pas à l’hôtel, une rechercheure com vouz. Vous avez, c’est une pure invention. Regard la France, une paye riche. L’ecole à la France, le hygiène est zéro. (Tré sale).Pas de produit n’est pas? Où outre chose, femme de ménage, que fait nettoyage escalier, quand avoir besoin à urine, piser à sol de nettoyage aussi, et verser quelque part….! Mais je te donne une conseil, de ne pas fiction fous.

  3. Quel régal de lire ce post !
    Halala le Kosovo quel bonheur !
    Dommage que tu n’ai pas parlé des habitants, c’est ce qui m’a le plus marqué. Tellement adorables !

    Mais vraiment un gros + pour ton post.
    Merci de m’avoir fait revivre au court de ces lignes toute la magie du Kosovo

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