On appelle ces falaises « les orgues de la mort » en raison du bruit du vent tourbillonnant parfois dans ces gorges. Ici, entre France et Suisse, le Doubs sert de frontière comme à la Goule.
C’était le lieu de passage de contrebandiers appelés bricotiers du XVIIIième siècle à 1945.
La contrebande entre la Suisse et la France a commencé tôt mais les frontières étaient étroitement surveillées par les douaniers appelés aussi gabelous. Il reste encore aujourd’hui des petites cabanes où ils se postaient.
On risquait gros si on était pris : simple amende pour de la petite bricote, prison ou les galères pour la grosse contrebande
Il fallait pour échapper aux gabelous emprunter des passages périlleux jugés inaccessibles de nuit, par mauvais temps.
Les bricotiers passaient le Doubs et escaladaient les hautes falaises de ces gorges à l’aide d’échelles rudimentaires.
Tabac, café, jeux de cartes, poudre de chasse, pièces d’horlogerie et même des animaux vivants, tout cela était porté à dos d’homme.
Ces échelles ont été appelées les échelles de la mort, on pouvait facilement s’y rompre le cou.
Ça vous dirait de les emprunter vous aussi? Je vous sens frissonner…
N’ayez crainte ! Aujourd’hui, les échelles de la mort ne sont plus mortelles ! Elles ont été aménagées et sécurisées pour le plus grand plaisir des randonneurs.
Comment s’y rendre? Depuis Charquemont, direction Fournet Blancheroche et la Suisse. Dans un virage où se situe l’ancienne douane française, prenez une toute petite route à gauche qui mène à l’usine hydro-électrique du refrain où vous pourrez vous parquer.
Puis on emprunte un petit sentier dans les bois qui longe la falaise.
Ça grimpe ! Allez ! Courage ! On arrive à la première échelle.
Attention ce n’est pas fini ! On gravit la 2ième et la 3ième échelle pour arriver tout là-haut au belvédère.
Et au sommet, la récompense ! Quelle vue !
Depuis peu, on peut profiter d’une Via ferrata en libre accès mais il faut être équipé !
Autre possibilité gourmande : Partir depuis le restaurant le bois de la biche situé sur la commune de Charquemont après y avoir mangé… Hum, vous ne le regretterez pas : Morilles farcies, brochette d’escargots au vin jaune, pavé de biche aux griottines de Fougerolles…. Comptez deux bonnes heures aller et retour jusqu’aux échelles en faisant un crochet par le joli belvédère de la cendrée. Le chemin est bien indiqué !
Cette contrebande dura jusqu’à la 2ième guerre mondiale où l’on passa aussi des hommes. C’est non loin de là, dans le Risoux que passèrent clandestinement Irène Joliot Curie et le physicien Paul Langevin.
Les échelles de la mort nous rappelle hélas, une actualité bien dramatique. Aujourd’hui encore, des hommes risquent leur vie pour passer des frontières. Les échelles prouvent bien qu’aucune frontière n’est imperméable quand les hommes ont la volonté de les franchir.
Pour aller plus loin, vous pouvez visiter l’Ecomusée Maison Michaud à Chapelle des bois qui propose une exposition » les chemins de la contrebande ».