Je suis une lectrice friande de SF même si je n’en lis pas autant que je le souhaiterais. Lorsque « Dimension URSS », anthologie de nouvelles SF russes, est passé entre mes mains c’est avec avidité que je me suis lancée à la découverte des auteurs russes (je n’en ai lu qu’un seul: Asimov). Un univers, loin des conflits interplanétaires ou spatiaux, s’est ouvert au fil des pages, un monde où l’humanisme, la foi en l’Homme ou en la montée bénéfique des progrès scientifiques et technologiques, sont de mise malgré quelques critiques, sous-jacentes et savamment distillées à mots couverts, du système soviétique.

Le premier texte, une pièce de théâtre « La Terre, Scènes des temps futurs », m’a immédiatement transportée dans la caverne de Platon: une ville souterraine sombre dans lentement dans la nuit des connaissances perdues dans le labyrinthe d’une technologie inemployée, jusqu’au jour où une lueur appelle à monter vers la lumière naturelle de l’extérieur: doit-on briser les chaînes d’une ignorance confortable pour affronter le danger d’une vérité dérangeante? Cette lumière sonnera-t-elle le glas de l’humanité en voie d’extinction ou lui permettra-t-elle enfin un envol salutaire? Une société qui laisse une place trop importante à la robotisation risque, à long terme, de ne plus avoir prise sur le savoir-faire technique et technologique et d’oublier tout ce qui peut la faire vivre et survivre. La déshumanisation des tâches mécaniques est un leurre dont la société moderne ne semble pas prendre conscience.
Certes, le credo des années Rideau de Fer est là et bien là: l’amitié entre les peuples est un des thèmes récurrents ainsi que la peur d’une escalade des menaces guerrières (une des nouvelles « Vingt millards d’années après la fin du monde » de Pavel Amnouel) annonciatrice de la fin du monde; cependant, la vision à dimension humaine des futurs imaginés, entraîne le lecteur dans un univers presque connu. Les écritures sont efficaces, concises tout en apportant une dimension poétique et romanesques aux récits.
« Dimension URSS » est un voyage prenant dans l’espace fantastique d’une littérature soviétique où la SF était le seul imaginaire autorisé par Staline et ses successeurs…on se demande bien pourquoi d’ailleurs.
Lecture en partenariat avec Livraddict et La Rivière Blanche.
L’avis du cafard cosmique ICI
Une interview de l’auteur de l’anthologie LA


