Mon intérêt pour la Thaïlande m’a poussée, au fil des années, à étudier, non seulement sa langue, mais également à observer les comportements de ses habitants.
Routarde dans les années soixante-dix, et ayant sillonné longuement l’Asie du Sud-est, aucun autre pays ne m’avait intriguée autant que ce royaume. C’était – de la Malaisie, des Philippines, de l‘Indonésie – celui qui me semblait le plus hermétique, le plus contradictoire. En fait le plus impénétrable. Il en était des plus fascinants : Bali, des plus envoûtants : l’Inde, des plus volcaniques : les Philippines, des plus incompréhensibles : Taïwan. Mais aucun, comme la Thaïlande, ne me donnait cette impression de tout offrir sans rien donner. Dans ces conditions rien n’était plus excitant que de tenter de vouloir le comprendre.
Trente ans ont passé et cette impression persiste toujours, en dépit de toutes mes expériences à vouloir percer cet apparent mystère. Pas plus l’adoption de ma fille Amnouei, pas plus mes aventures et coups de cœur éphémères – jusqu’à ma relation quasi maritale avec un digne représentant de cette culture thaïlandaise – n’ont répondu à mes interrogations. Peut-être continuerai-je encore longtemps à aimer ce pays, tout le temps qu’il restera une sorte d’énigme pour moi.
Ah ah ah ! Amoureuse de la Thaïlande ? Ce sentiment, qui a persisté à travers les décennies, aurait-il gommé chez moi tout esprit critique, voire, tout cynisme ? Ce serait mal me connaître. Et si… Et si derrière ce vernis, ce paravent, ces sourires, ces courbettes, cette ondulation, cette fluidité insaisissable, il n’y avait rien à découvrir ? Enfin rien de plus que ce qui se cache habituellement derrière tout être humain lambda ? Je continue mes cherches cependant, en espérant secrètement ne jamais trouver de réponse. Il serait alors probable – comme dans toute relation amoureuse – qu’il ne resterait plus rien de cette magie singulière.
Thaïlandais, « Peuple de l’eau » ? Sumset Jumsaï, architecte original, doté d’un sens de l’humour peu commun, a une théorie plutôt insolite, sur les origines de son peuple. Il s’en est expliqué dans un ouvrage intitulé : « NAGA cultural origin of Siam ». Il y observe que presque tous les mythes et symboles de son pays sont représentés par un animal fabuleux mi-serpent mi-dragon, appelé Naga, reptile sacré, génie des eaux, et vraisemblablement d’origine indienne. Jumsaï soutient que la culture thaïe a été enfantée dans l’eau, à l’opposé des cultures môn, khmère ou occidentale, engendrées, elles, sur la terre ferme. Opposition fascinante que cette théorie sur l’origine « amphibienne » des thaïlandais ! Justifiée ou non, cette théorie méritait bien quelques réflexions.
Et si l’attraction particulière qu’exerçait ce pays sur presque tous ses visiteurs ne tenait qu’à cette particularité ? Vous avez déjà vu des thaïlandais marcher, vous ? Moi, je n’ai jamais réussi à faire marcher, plus de 100 mètres, l’homme que j’aime.
De là à déduire que les thaïlandais sont tranquilles comme l’eau…. il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. Si les cours d’eau en Thaïlande sont sinueux et vagabonds, s’ils épousent les formes du terrain, empruntant mille détours dans une mosaïque extrêmement compliquée pour finalement parvenir à l’embouchure d’un fleuve ou pour s’abandonner paresseusement dans un golfe ou dans la mer, si les thaïlandais sont comme eux, tout en ondulations et circonvolutions, impossible à saisir ou à garder (tentation stupide d’occidental), les eaux calmes et dormantes des khlongs ne peuvent-elles pas un jour, sous trop de pression, se transformer en dangereux tsunamis ?
PS. Kongpop U-yen, un ingénieur thaïlandais qui travaille à la « Aeronatics US National and Space Administration » (Nasa), a déclaré que l’alignement des planètes aujourd’hui pourrait provoquer des catastrophes naturelles telles que séismes et tsunamis.
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