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« The Best Friend Library » : une banale histoire birmane… (ou… humour doux-amer)

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En Thaïlande, la nourriture est toujours à portée de main et d’estomac. Vite prête, vite avalée. Au bas de mon immeuble, des petits restaurants sont alignés le long du soï avec leurs woks fumant en plein air, woks dans lesquels sont jetés viande émincée, légumes, herbes et épices, dont la simple odeur aiguise l’appétit de tout passant normalement constitué. Une tentation dont je ne me lasse pas en dépit des années passées ici. « Nong Bee », un restaurant birman, est l’un de mes favoris, leur « laap » façon isaan y est succulent.

Assez épicé pour sentir la brûlure quasi immédiate dans l’estomac, heureusement rafraîchi par les légumes craquants et crus, servis sur un lit de glace. « Nong Bee » a réservé un petit coin de son local à une bibliothèque. Oh, pas grand-chose, une table, quelques rayonnages, une cinquantaine de livres, des magazines et des DVD traitant des problèmes de la Birmanie. Soe Soe, un garçon à la mine avenante en est le bibliothécaire.

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La « Best Friend Library » a démarré en 1999 en Birmanie. Elle était gérée par un groupe de moines et de volontaires. Depuis la « révolution safran » de septembre 2007, les militaires et la police birmane ont exercé un tel contrôle sur ces lieux d’ouverture et de culture, que ces bibliothèques, d’abord au nombre de quinze, sont à présent réduites à trois. Et des moines sont arrêtés, emprisonnés, persécutés pour le simple crime d’avoir voulu donner accès à l’information à un peuple qui en crève d’envie. Deux moines d’origine birmane, passés de Mandalay (Birmanie) à Mae Sot (Thaïlande), ont repris le flambeau et ouvert les deux premières bibliothèques de location de livres en Thaïlande, celle de Chiang Mai – la troisième – y a accueilli ses premiers membres en janvier dernier.

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Soe Soe était conducteur de rickshaw à Mandalay, et devait s’acquitter chaque jour, de la location de son outil de travail à la maffia des cyclo-pousses. Mandalay est une ville très touristique et un jour, Soe Soe a rencontré un américain au cœur et au portefeuille généreux, qui, sensibilisé par son histoire, lui a, dans un bel élan, acheté son cyclo. Soe Soe propriétaire ! Il exultait. Enfin, il allait pouvoir travailler directement pour sa famille. Un rêve qu’il n’osait imaginer. Ce moment d’exaltation passé, Soe Soe se rend à l’office des licences de cyclo où il doit enregistrer son engin. L’employé lui dit : « Je peux te donner ta licence, mais il faut que tu ailles d’abord à l’hôpital pour faire une prise de sang ». Etonnement de Soe Soe. « C’est la loi » répond l’employé qui vient peut-être tout juste de la créer. Soe Soe se rend à l’hôpital où pour une modeste somme, le médecin lui fait une prise de sang et lui confirme que « pas de problème ». Tout fier, Soe Soe, muni de son flacon et de son certificat, retourne au bureau des licences. L’officier examine le flacon d’un œil faussement expert et décrète : « Ton sang n’est pas pur. Pas de licence » S’ensuit une longue discussion à l’issue de laquelle, Soe Soe finit par demander : « Combien » ? Et là, après de nouveaux marchandages, il finit par obtenir sa licence.

Bien sûr Soe Soe m’a raconté d’autres histoires, sur la pression de l’armée et du gouvernement, sur lui et sur sa famille, car Soe Soe, fier et courageux propriétaire, transportait souvent des touristes étrangers dans son engin à trois roues. Et il était si heureux qu’il lui arrivait parfois de les inviter dans sa famille, pour partager un modeste repas. Repas interrompus immanquablement par l’intrusion de l’armée ou de la police. Inviter des étrangers chez soi sans en avertir les autorités est un crime en Birmanie.

Soe Soe a fini par traverser la frontière et s’occupe maintenant de la bibliothèque « The Best friend Library » où il est responsable de la location de livres, magazines et DVD très intéressants sur la Birmanie.

J’aimerais terminer cette… « banale » (dans sa répétition seulement), histoire birmane, par une note d’humour. Pas le mien, celui de Soe Soe… ou des Birmans. Un humour doux-amer qui ne vous échappera pas. Ecoutons Soe Soe :

« Depuis que je suis en Thaïlande je suis étonné de rencontrer des compatriotes birmans qui me disent tous aller ou revenir de chez le dentiste. Comme je m’en étonne – après tout il y a des dentistes en Birmanie – ils me répondent tous : « Oui, mais ici, on peut ouvrir la bouche » ». (J’espère que ça continuera).

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Information pour la location de livres sur la Birmanie :

« The Best Friend Library », Restaurant « Nong Bee ».

28 Nimmanhaemin Road, Chiang Mai

Michèle Jullian

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