Un récent voyage à la ville de Panama m’a permis, de nouveau, de goûter aux charmes si particuliers de cette agglomération riche en contrastes et d’apprécier la valorisation de son patrimoine culturel. Dans ce guide voyage Panama, destination Ciudad de Panamá, Panama city (en anglais) à la découverte de ses trésors souvent méconnus!
En venant de l’aéroport international de Tocumen, et en entrant dans la métropole panaméenne par la route du « Corredor Sur », on est intrigué par la vue d’une tour en pierres émergeant d’un bois. Beaucoup plus petite que les proches gratte-ciel, cette tour cache néanmoins des racines beaucoup plus profondes. La visite du lieu nous fait découvrir les ruines d’une ancienne ville, qui reposent aujourd’hui dans un cadre vert et paisible ; la tour que l’on aperçoit depuis le Corredor Sur est en fait celle de la cathédrale qui se dressait jadis sur la « Plaza Mayor » [la place principale de la ville, NdT). Nous sommes ici sur le site du premier établissement européen de la côte Pacifique des Amériques, la ville de Nuestra Señora de la Asunción de Panamá, fondée en 1519 par Pedro Arias Dávila.
Cette ville servit de point de départ pour les expéditions des conquistadors en Amérique du Sud et devint une escale sur une route commerciale par laquelle transitaient d’énormes quantités d’or et d’argent. Naturellement, elle attisa toujours plus les convoitises des aventuriers de tout poil, jusqu’à ce que le pirate anglais Henry Morgan et ses hommes la pillent, en 1671, provoquant sa destruction et son abandon. Les richesses accumulées par Morgan au gré de ses razzias, et en partie enfouies en des endroits inconnus, ont fasciné les esprits à travers les siècles. Nous les retrouvons par exemple au cœur de l’intrigue de Vivre et laisser mourir, de Ian Fleming (1954), qui évoque en des termes éloquents le « fabuleux trésor ».
Mais pour Panama, se sont les vestiges de la ville espagnole actuellement protégés dans la zone archéologique de Panama Viejo (ou Panama la Vieja) qui constituent un trésor. Depuis 1995, cette zone est administrée par une fondation rassemblant des organismes gouvernementaux et privés. Celle-ci a mis en œuvre d’ambitieux projets de restauration de d’aménagement du site, a créé un musée, un centre de recherches ainsi que le siège d’un marché artisanal, et ne cesse de promouvoir des animations culturelles qui font revivre le fastueux passé. En 2003, l’UNESCO a inclus Panama Viejo dans la liste du Patrimoine de l’Humanité, l’associant au « Casco Antiguo » de Panama (qui a intégré la prestigieuse liste en 1997).
Situé à deux kilomètres au sud-est de Panama Viejo, sur la baie de Panama, le Casco Antiguo est le lieu où les Espagnols ont reconstruit leur ville après le passage de « Bloody Morgan ». Cet endroit mythique est étroitement associé au rêve d’union latino-américaine de Simon Bolivar, à l’épopée du canal et à l’indépendance du Panama. On peut y admirer aujourd’hui des édifices de plusieurs époques qui mêlent d’anciens styles architecturaux espagnols, français et nord-américains et diffusent dans les rues et les places un doux parfum d’histoire. On remarque également les efforts consentis par les autorités panaméennes et l’initiative privée pour promouvoir, consolider (parfois, dans des situations d’urgence) et restaurer l’héritage historique ; en même temps, on assiste à un refleurissement de la vie sociale y culturelle dans le quartier, notamment à l’occasion du festival annuel de jazz.
Finalement, la ville de Panamá montre, de différentes manières, comment un prodigieux développement économique et urbain peut être accompagné par une audacieuse valorisation du patrimoine architectural. Et comment cette valorisation favorise en réalité le développement, en profitant au tourisme, à l’emploi et à la qualité de vie, sur une terre fécondée par diverses cultures au fil des siècles.
Photos (de l’auteur) :
- Ruines sur l’ancienne Plaza Mayor, à Panama Viejo.
- Ruines de Panama Viejo et, en arrière-plan, les gratte-ciel.
- Le Casco Antiguo.
- La Place Herrera, dans le Casco Antiguo.
Sébastien Perrot-Minnot
Docteur en archéologie
Article publié dans El Nuevo Herald (Miami, Floride) le dimanche 25 juillet 2010. Traduit de l’espagnol.
Lien de l’article original (« El fabuloso tesoro de Panamá »):elnuevoherald.com