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Un monde lisse ? Mon œil !

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Sous l’œil attendri des buffalos… ou devrais-je dire sous leur lourd regard bovin ? Ils ont effectivement la paupière lourde sous l’implacable soleil de midi, alors que les nuits sont fraîches en
altitude. Ils clapotent paresseusement dans l’eau boueuse de la Maee Nam Yuam……


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Et sous l’œil perçant des « Kong Roy Tamruat ta’wen chaay daeen 337 » (service des frontièresdu poste 337 de Kong Roy), chargé de surveiller les flux migratoires des deux côtés de la rivière Yuam, entre Birmanie et Thaïlande, je me mets paresseusement moi aussi (tel un buffalo) –  mais avec l’œil aussi perçant que celui de la police à hélices – …à écrire cette note d’arrivée à  Mae Sariang

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                                You want to see the pilot ?

Mae Sariang la paresseuse, la belle endormie que les policiers de terre ont envie de secouer pour faire venir l’argent des touristes et visiteurs en tout genre. L’un a construit une guesthouse sur la rive en s’attachant les services de Mister Salaween (pour ceux qui ont lu THEATRE D’OMBRES, il m’a servi de modèle ce Salaween là… Si bien qu’une amie FB se rendant à Mae Sariang l’a reconnu immédiatement en descendant du bus à la gare des bus… il faut dire qu’il racolait pour  le compte du propriétaire policier… bon, j’ai juste poussé un peu le trait !). Jouxtant ma guesthouse, (j’y ai vécu un an alors c’est un peu comme ma maison), un nouveau restaurant vient d’ouvrir avec orchestre boum boum  jusqu’à minuit ! Également propriété d’un autre policier. Alors toutes les réclamations des locaux pour garder à cette petite ville son charme de province au rythme aussi lent que celui de sa rivière, n’ont eu aucun effet. Et pour cause.

Depuis que j’écris ce blog, ceux qui me lisent savent bien que je « suis » une sorte de « ligne éditoriale » comme disent pompeusement les dirigeants de chaine de télévision ou les éditeurs qui refusent un script ou un manuscrit… (my foot ou my ass… traduction de « mon œil » en anglais !) Bref, ce que j’essaie de faire à travers ce blog, c’est tenter de décrire un monde complexe. Celui dans lequel j’évolue, occidental aussi bien qu’asiatique. Donc deux policiers ont acheté et construit guest house et restaurant le long de la Yuam… Quand on connait les prix de ces terrains, et le salaire des policiers d’un humble amphoe… cherchez l’erreur.

Et pourtant…

Lorsque j’enseignais l’anglais à un groupe de réfugiés Karen (refugiés illégaux, traversant les frontières clandestinement) ces réfugiés étaient tolérés sur le territoire thaïlandais grâce aux pots de vin versés aux policiers venant chercher leur dû chaque semaine… jamais les mêmes…j’étais témoin…Leurs rapports étaient d’ailleurs très sympathiques…Evidemment,  c’était gagnant gagnant. Les policiers arrondissaient leur fin de mois, et les Karens avaient accès à ce qui était interdit ou inexistant de l’autre côté de la frontière : l’accès au monde extérieur grâce à l’anglais.

A chacune de mes visites à Mae Sariang, j’avais l’habitude d’aller rendre visite à mes amis, faisant connaissance avec de nouveaux arrivants… et puis un jour, les volets de la maison qui les abritait (un propriétaire Karen-thaï), sont restés fermés pour de bon. Un nouveau chef de la police venait d’être nommé à Mae Sariang et avait décrété la guerre à la corruption (excuse ou réalité ?) et les Karens furent renvoyés, soit dans des camps, soit dans l’état Karenni de Birmanie, de l’autre côté de la rivière Yuam.

Le monde est complexe… Ce qui est critiquable n’est pas forcément mal, et ce qui est bien est souvent discutable…  Jugements hâtifs et critiques faciles sont pour ceux qui croient en un monde binaire. Avec des « j’aime » et « j’aime pas », raccourcis qui n’engagent pas et  parfois donnent bonne conscience. Quand on gratte, et quand on ouvre les yeux, le monde est archi complexe et ambigu, tout sauf réconfortant et évident…

Michèle Jullian

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