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Voyage Italie en train : Les trains italiens, chronique d’une aventure…

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En me remémorant la difficile journée que j’ai vécue en Italie ce samedi de mai 2008, je continue de lire le livre que l’on m’a gentiment offert sur la Roumanie : « Never Mind the Balkans, Here’s Romania ». L’auteur, Mike Ormsby, un journaliste anglais aujourd’hui installé en permanence en Roumanie, a constitué un florilège de ses rencontres avec différents spécimens des habitants de ce pays. Je dis bien spécimens, parce que le ton du livre est plus zoologique que sociologique. Mais passons, j’y reviendrai.

 

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Dans un des articles intitulé « Mystery Train » où il s’étonne de la qualité et de la propreté de celui qu’il emprunte à la Gare du Nord – vraisemblablement l’intercity pour Sibiu – il décrit en contraste l’état des jolis trains bleus habituels qu’il a connus depuis qu’il fréquente ce pays, c’est-à-dire peu de temps avant que je ne le découvre moi aussi : « Not so long ago, the carriage were small, dusty and cramped. The seats were old and sunken, with rusty springs poking through worn velour. The passengers would insist on closed windows, always. If you opened one, they made faces, muttered about draughts, flu, catching their death. Then they’d stand up and slap it shut, fixing you with a cold stare, as if to say forget it. Strange then, that some trains had doors, that hung open for hours. Like that unforgettable overnight trip from Transylvania to Bucharest, when snow flurried down the corridor until dawn – I slept fitfully in my coat and caught viral pneumonia.”

Si je n’ai pas vraiment de souvenir du froid, j’ai plutôt celui de la chaleur d’enfer, entre Bucarest et Timisoara, quelque six ou sept heures de trajet, moyennant la protestation de quelques grévistes sur la voie pour bloquer les wagons dans le paysage somptueux, et la marque indélébile du dernier cercle de l’enfer dans le wagon restaurant qui devait encore servir quelques tranches de salami un peu coulantes près de la cuisinière. Ou encore de ce parcours exceptionnel de retour de Sibiu au mois de juillet ou d’août, où les cigognes nichées sur les poteaux électriques semblaient fondre comme des jouets en plastique près d‘un feu. La température interne, balayée par toutes les fenêtres ouvertes, devait pourtant osciller entre 40 et 50°, avant de traverser la montagne. Je ferai sans doute un jour le récit d’une queue à la gare de Sinaïa en 2001 ou à l’agence de voyage de Sibiu en 2006, l’année où il faisait si chaud, juste avant que la ville ne devienne Capitale Européenne de la Culture, au temps où on écrivait encore les billets à la main et où on les découpait en utilisant une règle…

Personne n’est parfait. Mais en général, et parce que j’ai voyagé avec des amis, le temps s’est raccourci, chacun des passagers a cherché à rendre la souffrance supportable et la compagnie conviviale.

De Monteriggioni, j’aurais pu me rendre directement en Ombrie. Mais en effet personne n’est parfait. Je l’ai déjà dit. Le maire adjoint nous a mené en voiture sous la pluie et à point d’heure à Fidenza où se tenait l’Assemblée Générale de l’Association Européenne des Vie Francigene. Y dire quelques mots, y figurer dans l’amitié, me semblait juste, même si le soir, je devais être à Gubbio et de ce fait quitter mes amis avant le déjeuner pour refaire un chemin parallèle à celui que je venais d’effectuer.

En fait les trains italiens sont extrêmement variés, plus diversifiés que leurs équivalents roumains, mais ils ont en commun un invariant : ils ne sont jamais à l’heure. Mais alors jamais…quand ils sont maintenus, ce qui n’est pas toujours le cas.

De Fidenza, je devais rejoindre Bologna et de là emprunter un intercity “rapide” qui m’amenait à Rimini et en suivant la côte, jusqu’à Ancona. Et là, le train “moins rapide”, vers Rome me faisait atteindre la petite gare commune à plusieurs villes et villages d’où un taxi me permettrait de rejoindre en quelque vingt minutes mon bel hôtel, tourné vers la vallée, merveille de camaïeu, dans le violet du soir, comme dans la  brume du matin.

Las…point d’intercity. Juste un train normal, “accéléré”, ce qui contre toute logique veut dire qu’il me fera connaître toutes les gares intermédiaires, derrière le rideau de pluie fine, tandis que j’arrive à placer la valise qui me sert de siège devant la porte battante des toilettes, très fréquentées par ailleurs, puisque deux wagons sont complètement fermés et que seuls les contrôleurs peuvent parcourir l’ensemble du convoi. Ne parlons pas de nourriture !

Donc j’arrive avec une heure et demie de retard à Ancona. Donc je dois prendre une correspondance avec trois heures de retard. Donc – non cela n’est pas vraiment logique – mon second train devait s’arrêter dans une petite gare de montagne pendant une demie heure, pour attendre que le convoi venant dans l’autre sens se fraye un passage, puisque je le suppose il doit y avoir plus loin une voie unique et que le retard se nourrit du temps perdu.

Vers dix heure trente, le taxi m’ouvre la porte en grommelant. Il me dira longuement avec un fort accent qui me le rend inaudible, ce qu’il pense profondément du Directeur des « Ferrovie dello Stato ».

J’aurai l’occasion, plus tard, de regarder de près le site web des chemins de fer italiens. Une merveille de technologie !En haut, à gauche de l’écran, une devise frappe l’imagination : « suivez votre train en temps réel ». Je ne sais pas si le Directeur a bien assimilé que la notion de temps est très culturelle, et que le temps réel dépend de la propre culture du passager, du confort de son siège, d’un bon livre ou d’un compagnon agréable.

“ Entra in Viaggia Treno dal tuo cellulare o palmare all’indrizzo http://www.viaggiatreno.it ”  est-il encore indiqué, tandis qu’une jeune femme blonde – pourquoi l’air si nordique, mais passons – regarde son téléphone mobile ou son smartphone en souriant. Une démonstration en flash permet de s’entraîner.

Vu l’utilisation permanente du « cellulare » en question pour appeler ses amis et sa famille, je doute que les Italiens, philosophes quant à ce qui tient aux horaires, aient le temps où l’envie de savoir pourquoi ils ont dû emprunter le train d’avant, qui est devenu lentement au cours de son trajet le train d’après.

En ce qui me concerne, j’aime l’aventure du voyage, et j’ai accumulé des milliers de souvenirs de trains européens puisque mes parents n’avaient pas de voiture et que mon grand-père travaillait à la SNCF.

De fait les trains italiens n’ont pas tellement changé et entretiennent le charme de ma propre nostalgie.

Simplement, dans les années soixante, les portes des toilettes fermaient.

J’aime beaucoup Gubbio.

Mister Mike Ormsby qui m’a si gentiment dédicacé son ouvrage sans me connaître, vous qui connaissez le monde entier, venez découvrir un exotisme moderne, venez me rejoindre par le train à Gubbio.

Michel Thomas-Penette

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