Yogyakarta constitue l’un des plus importants centres culturels de l’Indonésie. On y trouve des monuments, de l’artisanat, de la musique de gamelan, des danses, des spectacles de marionnettes, tout une culture aussi riche que celle de Bali sinon plus. Tout ceci sans doute en grande partie lié à l’anomalie politique que constitue la ville.
Contrairement à sa sœur jumelle Surakarta, et bien que l’Indonésie soit une république, la ville a conservé son sultan qui y remplit les fonctions de maire et qui administre également une partie de la région. Ce privilège fut accordé à la ville en récompense de l’engagement en faveur de l’indépendance de l’Indonésie, du sultan de l’époque.
Le kraton, palais royal du sultan, ne se visite qu’en partie puisqu’il est toujours habité : les touristes ne pénètrent que dans certaines cours. Les bâtiments sont en général assez esthétiques mais pas très anciens (XVIIIe siècle), une influence occidentale pouvant être détectée sur certains d’entre eux. Certains de ces bâtiments ont été transformés en musée. Musée qui n’est d’ailleurs pas toujours très intéressant, avec ses nombreuses salles à la gloire du sultan (arbres généalogiques, photos de mariages et de visites de chefs d’état étrangers), et qui n’est pas sans rappeler le palais royal de Kathmandou (de l’époque où il y avait encore un roi).
alt= »L’un des bâtiments du kraton de Yogyakarta, le 22 juillet 2007″
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Parmi les objets exposés dans le musée, on notera ce palanquin, autrefois utilisé pour transporter les femmes de haut rang et qui pèse plusieurs tonnes. On imagine le nombre de porteurs que cela requérait !
Autre monument de Yogyakarta, le palais aquatique, autrefois utilisé par le sultan pour passer du temps avec ses nombreuses concubines (le sultan est aujourd’hui monogame). Les bâtiments remontent aussi au XVIIIe siècle. Ce lieu est (hélas) très touristique, même si, tentant en cela d’imiter mon père, j’ai presque réussi à en prendre une photo sans personne !
Revenus ensuite dans le kraton, nous avons assisté sous l’un des préaux de la cour, à un spectacle de danses traditionnelles sur la musique des gamelan. Certes nous n’avons pas bénéficié pour ces danses d’un contexte aussi privilégié qu’à Bali, nous étions ici des spectateurs parmi d’autres (et assez nombreux). Mais notre guide, faisant preuve d’une prévoyance un peu sans gêne, avait pris soin deux heures avant le début du spectacle, de « réserver » quatre places au premier rang en nous y faisant placer nos chapeaux. Un stratagème qui a parfaitement fonctionné, les places étaient toujours libres quand nous sommes revenus dix minutes avant le début du spectacle. Nous avons donc pu admirer et photographier les danses dans ces conditions optimales, même si la configuration du lieu avec une bande de lumière sur-exposée rendait un peu difficile les réglages (le spectacle se déroulant en pleine matinée), ce qui m’est possible en photo mais pas avec le petit appareil me servant à enregistrer des films.
Les danses de Java sont tout aussi sophistiquées que celles de Bali, mais en diffèrent à plus d’un titre. Tout d’abord la musique de gamelan, accompagnée de flûtes ainsi que d’une voix féminine, est bien moins agressive à l’oreille que celle de Bali. Ensuite les danseurs ne sont plus des fillettes mais des adultes, hommes et femmes à peu près à « parité » (pour employer ce vocable politiquement correct). Bien que Java soit musulmane les danses continuent à relever de légendes et de rituels hindous (sans compter l’animisme qui se mêle à tout ça). En cela la culture javanaise est encore plus complexe que la culture balinaise. L’une des danses, exécutée par deux jeunes filles mais qui en fait jouent le rôle de deux hommes, raconte une histoire hindoue que notre guide nous a préalablement racontée, mais je dois bien reconnaître que je n’en ai pas retenu grand chose.
alt= »Danse traditionnelle javanaise dans le kraton de Yogyakarta, le 22
juillet 2007″
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Situé juste à côté du kraton, un autre incontournable de Yogyakarta auquel nous n’avons pas dérogé, son marché aux animaux : les Javanais adorent posséder des animaux exotiques en cage, et c’est ici qu’ils se les procurent. On trouve ici surtout des oiseaux, mais pas seulement, comme le montrent ces photos de créatures un peu moins sympathiques… Notre guide anglo-saxon, au nom du bien-être animal, n’aimait pas beaucoup ce lieu auquel il se sentait néanmoins obligé de nous emmener ; mais je dois avouer qu’en ce qui me concerne je n’avais pas ses appréhensions (vous savez ce que Descartes disait des animaux ?). Mais bon je ne vais pas me risquer à faire de la philosophie…
alt= »Oiseaux dans le marché animal de Yogyakarta, le 22 juillet 2007″
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Notons qu’on ne parlait pas encore de la grippe A en 2007 mais beaucoup de la grippe aviaire. Mais circuler au milieu de cette volière ne posait de problème à personne. Normal : l’Indonésie n’émettait aucune statistique à ce sujet !