Aujourd’hui nous vous invitons à découvrir ensemble une zone aux paysages mirifiques, pleine de mystère. J’ai nommé les Monts Buzàu, un endroit qui ne figure malheureusement pas sur la carte touristique classique de la Roumanie. En effet, la contrée de Buzau s’enorgueillit non seulement de paysages inattendus mais aussi de ses 12 vestiges rupestres extrêmement intéressants. Accompagné d’un guide expérimenté, le voyage sera sans aucun doute inoubliable.
Les monts de Buzau constituent une région assez peu connue de la Roumanie. Le département de Buzău, sis dans l’est du pays, à l’extérieur de la courbure des Carpates, là où les provinces historiques roumaines de Valachie, de Moldavie et de Transylvanie se touchent. Le nom “Buzău” est mentionné pour la première fois dans un document du 4e siècle après J.-Ch. qui parle du martyr du missionnaire chrétien Sava, patron spirituel de ces lieux. Celui-ci fut noyé par les Goths dans la rivière qui donne son nom au département actuel.
Une fois arrivés à Buzàu, les touristes auront l’embarras du choix. Outre les visites aux anciennes églises, le touriste peut également faire des randonnées dans les monts de Podul Calului et de Penteleu, lieu d’origine du cachcaval – un fromage à pâte pressée cuite, comme le Gruyère ou l’Emmental. C’est un fromage unique au monde dont seuls les bergers détiennent le secret de préparation. Mais revenons aux rochers. Les lieux de culte creusés à même le roc ont servi d’abri dès les deux premiers siècles après Jésus-Christ. Des autels, des niches et des traces de lances peuvent y être observés de nos jours encore.
La directrice du Musée départemental de Buzàu, Doina Ciobanu, ethno archéologue et docteur en histoire ancienne, nous dévoile une partie des mystères de ces monts. D’autres secrets, sources inépuisables de légendes, restent encore à éclaircir :
«Je recommanderais aux touristes de visiter les Volcans de Boue, les monts de sel de la zone de Buzàu qui sont les plus beaux d’Europe. A ne pas rater non plus nos sites archéologiques de la région de Pietroasele. Les fouilles archéologiques de cette année ont mis au jour plusieurs informations sur les sites du camp fortifié de la commune. C’est d’ailleurs sur ce camp que se trouve la plus grande partie du village. Cet endroit doit être attentivement étudié par des spécialistes qui peuvent découvrir à chaque pas quelque chose de nouveau, ce qui nous apporte une grande satisfaction. Par exemple, le système d’adduction d’eau en ciment romain, découvert l’année dernière.»
Les rochers des alentours abritent de nombreuses églises minuscules ainsi que des clairières, soit autant de cachettes avec des richesses, selon les habitants. On dit que les flammes chétives qui brûlent au-dessus de ces trésors peuvent nous indiquer, compte tenu de la couleur, s’il s’agit oui ou non d’or. Les feux, à observer surtout le soir, ne sont pas de bon augure, ils portent malchance. Les villageois racontent aussi que tous ceux qui ont fait fortune grâce à ces trésors ont mal fini.
Mais toutes ces légendes ne sauraient reléguer au second plan les paysages pittoresques qui ont échappé à l’intervention de l’homme. En effet, ces contrées ont tous les atouts pour passer des fêtes d’hiver inoubliables. En témoignent les pensions touristiques sises à proximité des forêts enneigées. Selon Doina Ciobanu, les sites rupestres sont une destination touristique incontournable :
« Des ermitages rupestres sont à retrouver dans les communes de Coltzi et de Buziorul. Il s’agit de petites églises creusées à même le roc. Les formes géologiques ont été élargies et adaptées afin d’accueillir, durant le premier millénaire, les moines en quête d’une vie paisible. C’est une zone de grand intérêt et qui attire nombre de touristes curieux d’en apprendre davantage sur tous ces énigmes. A part ces ermitages rupestres, la zone abonde en terrasses creusées dans le roc, qui présentent toute sorte de signes indéchiffrables que nos experts ont déjà enregistrés. Nous les avons donc marqués sur la carte pour les introduire dans le circuit national et international. A présent, il nous reste à démarrer le processus de décryptage de toutes ces inscriptions datant du premier millénaire avant J.-Ch. C’est de la même période que date la grotte connue sous le nom de “Fundul pesterii” – “Le fond de la grotte” et dont les murs portent les traces de plusieurs armes spécifiques à l’âge du bronze et au début de l’âge du fer.”
Les Monts Buzàu abritent des réserves naturelles riches en espèces rares ou en voie de disparition. C’est le cas, par exemple, de la forêt de conifères de Milea-Viforita dans les Monts Penteleu, où les arbres sont plus que centenaires.
Autre destination à ne pas rater: “Les clairières aux jonquilles”, une réserve naturelle des Monts Penteleu à visiter en été. En hiver, le coloris se perd sous le manteau blanc de la neige qui couvre la région. Alors, une randonnée en traîneau tiré par des chevaux viendra compléter l’image des vacances parfaites en cette contrée pittoresque. En plus, de cette manière, vous aurez également l’occasion de découvrir par ci par là de petites églises à la lisière de la forêt. De petits édifices sacrés qui émerveillent les touristes, comme nous le dit Doina Ciobanu:
“La région est parsemée de petites églises, telle celle de Dionisie Torcatorul ou de Joseph ou encore de Fundatura. Cette dernière est vraiment magnifique. Les inscriptions qui couvrent leurs murs nous font penser que ces lieux de culte ont été fonctionnels jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle.”
A demander notre avis, on dirait que les Monts Buzàu, les Monts Siriu, Podu Calului et Penteleu figurent parmi les plus belles régions de montagne de Roumanie. Avec des paysages à couper le souffle, des panoramas impressionnants et surtout des réserves naturelles uniques dans ce pays, les Monts Buzàu vous attendent en toute saison.
Randonnée dans les Monts de Buzau
Notre randonnée commence avec la visite de la ville chef-lieu, qui porte elle aussi le nom de la rivière: Buzău. C’est une agglomération urbaine située sur la ligne de démarcation qui sépare la région de collines précarpatiques et la plaine. Le Musée du département s’enorgueillit de plusieurs collections exceptionnelles; celle de téléphones, d’abord, riche d’appareils illustrant les différents âges de ce moyen de communication; une autre, très valeureuse, d’archéologie, qui rassemble des vestiges trouvés sur les sites de Pietroasele, Monteoru, Cârlomăneşti et autres.
A remarquer la copie du trésor découvert en 1837, dans le périmètre de la commune de Pietroasele, à environ 15 km de la ville de Buzău. Formé initialement de 26 pièces d’or, serties de pierres précieuses, ce trésor, surnommé “La mère poule aux poussins d’or”, a été le plus important du monde jusqu’à la découverte de la tombe de Toutankhamon, en 1923.
Cette pure merveille a été trouvée par deux paysans qui taillaient de la pierre pour les constructions. Après un tas de péripéties dignes d’un film hollywoodien, le trésor de Pietroasele entre au patrimoine de l’Etat. Pendant la première guerre mondiale, tout le trésor de l’Etat roumain, dont celui de Pietroasele faisait également partie, fut envoyé à Moscou pour le protéger de l’envahisseur allemand.
Des années plus tard, longtemps après la fin de la deuxième guerre mondiale, en 1956 plus précisément, la Roumanie ne récupère plus que 12 des 26 pièces découvertes près de Buzău. Les orfèvreries, pesant 19 kg d’or de la meilleure qualité, sont exposées au Musée National d’histoire de la Roumanie de Bucarest, mais des copies fidèles peuvent être admirées au Musée du département de Buzău. Et puisque nous venons de mentionner le nom de la commune de Pietroasele, n’oublions pas de rappeler les vins produits dans les vignobles de la contrée. La plus ancienne station de recherches dans le secteur vitivinicole de Roumanie, fondée en 1893, y a réussi à mettre en valeur trois cépages autochtones: Tămâioasa, Grasa et Busuioaca. Le premier, Tămâioasa, donne les vins les plus parfumés, rappelant les fleurs des champs et de tilleul, le miel et les amandes. N’oubliez pas de le déguster!
Si nous continuons à remonter la rivière Buzău, nous arrivons à la commune de Berca où le regard se pose sur un panneau indicateur sur lequel on peut lire “Les volcans boueux”. A une douzaine de km de la commune, se trouve la réserve géologique de Pâclele Mici, une des plus intéressantes de Roumanie. De nombreux volcans en miniature qui crachent dans l’atmosphère des gaz naturels créent un paysage étrange, lunaire. La pression des gaz pousse l’eau et les couches supérieures du sol qui arrivent en surface sous la forme d’un mélange visqueux, gris – blanc ou brun cendré, une couleur due à sa composition surprenante, de pétrole, calcaire ou plâtre. Cette lave créée les formes invraisemblables répandues sur les 25 hectares du site où aucune plante ne pousse!
Si on revient dans la localité de Berca pour suivre la route qui longe la rivière Buzau, on arrive dans la localité de Colţi. C’est ici que se trouve une importante réserve géologique qui s’étend sur deux hectares et demie. Cette région contient des réserves considérables d’ambre jaune, une résine fossile différemment colorée et en même temps une pierre demi précieuse qui orne les bijoux. Les pierres d’ambre jaune les plus belles, 300 environ, qui vont du jaune translucide au noir opaque, ont été réunies dans un musée aménagé dans une maison paysanne de la localité de Colţi. Le musée accueille la deuxième pierre d’ambre jaune la plus grande au monde, qui pèse près de 2 kilos.
D’ailleurs, la pierre la plus grande (3 kilos et demi) se trouve au Musée Départemental de Buzău. Ajoutons aussi que le département de Buzău contient des dizaines de localités rupestres, dont des lieux de culte. C’est à Colti que se trouve une église orthodoxe de 1274, consacrée au Martyr de Saint Jean Baptiste. Creusée en pierre par deux bergers, l’église est entourée par les cellules des moines, qui ont étés elles aussi creusées dans le rocher.
Suivant le cours de la rivière Buzău, vers l’amont, on arrive à la ville de Nehoiu et puis au barrage et lac de retenue de Siriu. Au-delà de ce barrage en remblai qui s’élève jusqu’à 155 mètres et qui a été construit sans ciment, on peut admirer le superbe panorama du Massif de Siriu. C’est aux pieds des versants boisés que s’étend le lac Siriu, sur pas moins de 14 km carrés. Sur la route qui longe sa rive droite, très spectaculaire d’ailleurs, se trouvent plusieurs gîtes ruraux.
Parmi les sites touristiques du département de Buzau, mentionnons aussi la station de cure de Sărata Monteoru, située à une vingtaine de kilomètres de la ville chef-lieu. Les sources d’eau salée et les facilités de cure des maladies rhumatismales, ont fait le renom de Sărata Monteoru. Ces dernières années, c’est l’infrastructure touristique qui a été améliorée, ce qui fait que Sărata Monteoru offre à l’heure actuelle d’excellentes conditions d’hébergement dans des gîtes ruraux et des hôtels modernisés.
(Daniel Onea, Ioana Stancescu, Alexandra Pop)