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Destination Andalousie : Carnets de route de l’étrange étrangère

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Destination Andalousie : Carnets de route de l’étrange étrangère dans le Sud de l’Espagne à la découverte de l’Andalousie, cette sublime région qui ne ressemble à aucune autre

Je n’ai plus la tête à rien. J’ai déjà l’humeur qui traverse des paysages, qui emprunte des routes, qui découvre d’autres horizons. Parce que je prépare mon voyage, le premier grand périple de mon existence. Et je suis excitée comme trois puces. Je mets les voiles le 15 juillet (2009), à la fraîche, et je vais rouler, rouler, rouler sur le chemin des écoliers, éviter les autoroutes, dégoter des gargotes où dormir et goûter les saveurs locales. Je ne partirai pas sans un carnet, pour croquer quelque monument ou fleurette qui s’offrirait à moi. Je ne partirai pas sans un cahier pour noter des impressions, des émotions.

Alcaniz Cathédrale

D’ailleurs, j’ai déjà commencé. Mon bloc d’aquarelle s’ouvre sur une carte, et quelques mots.

Mais, tudieu, j’en frissonne à l’avance, et pas que d’excitation, d’appréhension aussi ! Environ 1500 km pour prendre le bateau, puis le port de Nador et enfin, ces montagnes qui m’ont tant séduite en janvier, les Beni Snassen.

Le plus important, à mes yeux, c’est de retrouver l’amie chère à mon coeur, cette soeur d’âme, cette âme complice, retrouver ma princesse marocaine. Et nos discussions jusqu’au bout de la nuit, et nos rêves jusqu’au bout des phrases, et tout ce que nous avons à bâtir pour qu’un jour, nos pas s’entremêlent, pour que cette tribu que nous échafaudons, nos amours, nous et nos entourages, danse autour du feu, du pain et du thé à la menthe.

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Nota : pour regarder les photos en taille réelle, cliquer dessus.

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Ben voila, je les ai faits les 1700 km… J’ai ben un peu le fessier en marmelade et les mains courbattues, mais je suis arrivée à destination sans encombres… enfin presque, j’ai laissé tomber la moto : clignotant cassé, c’est tout. Pleins de photos. Je suis dans un cyber, il me reste 9 mn pour conclure, sur un clavier QWERTY, autant dire que je me sens gauche hi ! hi ! hi !

Premier jour de voyage…

Je roule depuis un bon bout de temps déjà. Je suis partie ce matin, à la fraîche, avec, au creux de l’estomac, l’appréhension de ce long voyage. Observer la route, anticiper, avoir le regard toujours rivé sur la trajectoire de la moto… Il y a un vent à décorner un zébulbe. J’ai froid, et je n’ai pris qu’un seul pull, que j’ai calé le plus possible au fond de mon sac. C’est l’été non ?

Comme d’habitude, je me perds dans les villes, je tourne, et je ne m’arrête que si le terrain est bien plat. J’ai de mauvais souvenirs de tentatives pour stopper dans des descentes ou des montées, je sais pô faire !

Il finit par faire faim. Et je trouve un bas-côté parfaitement plat devant une épicerie. Un camembert coulant et son pain mou plus tard, je repars à la recherche de mon premier parking. Le camembert aura le plaisir de couler trois jours dans mon sac à dos, et le pain se ramollira doucement, dans son cocon de plastique. Je vais quand même pas faire la route des restaurants, je n’ai pas trop le temps. Ce sera pour le soir, les tites dégustations, dans mes villes étapes. Nan mèèèè !

moto depart andalousie Moto départ
-Il manque le camembert sur la photo-

Foix : ville étape du tour de France. Zut ! Je ne vais pas trouver où dormir, j’ai bien le sac de couchage mais… Je rentre à l’Echauguette, hôtel en plein centre de la ville, et le monsieur de la réception me regarde d’un air réjoui. J’arrive au moment où une annulation vient de se produire, il peut de nouveau mettre son petit écriteau « complet » sur la banque, sous le nez d’un touriste qui erre à la recherche d’un gîte. Il repart déconfit (doigt de dieu ! hi hi hi !), le touriste.

Ce soir, 14 juillet, il y a eu un défilé Gaston Phoebus.

Ce fut bien joli, ma foi, ce défilé dans la ville de Foix. J’aurai du goûter un foie, gras le foie, dans la ville de Foix… Des fois, je rate le coche.

gaston andalousie chevalier-Allo ! Gaston !-

Deuxième jour de voyage…

Passer les Pyrénées via Andorre. Quelle route ! A faire frémir de plaisir un motard, pour pas dire plus. La traversée des sierras, au nord de l’Espagne, est fabuleuse. Des kilomètres qui se déroulent sans heurt, une chaussée parfaite, pas un trou, pas une bosse, un macadam à faire pâlir un ingénieur des ponts et chaussées. Je fais une pause à Alcaniz, c’est dimanche et tout est désert. Face à la cathédrale, il y a un troquet qui sert, Ô Miracle, cette fabuleuse boisson au citron et glace pilée dont je ne me rappelle plus le nom, mais qui ramène le souvenir de mes vacances en Espagne, quand j’avais 6 ou 8 ans.

cathedrale alcaniz -Cathédrale d’Alcaniz-

Rouler encore un peu… voici ma ville étape du jour : Teruel. Et c’est l’heure du camembert, j’ai bien avancé. Je veux sortir du parking, un gros camion arrive, je pile et… et… et… je suis au dessus d’un trou, j’ai pô pied ! La moto, son chargement, dont moi, basculent. Ouinnnn !!!! J’ai cassé un clignotant et j’arrive pô à relever l’engin. Deux gentils messieurs viennent à ma rescousse, tant je dois avoir l’air perdue. Même que je pense pas à décrocher mes bagages, tellement je suis tremblante et, je l’avoue, vexée. Une pauv’femme qui fait la maligne à partir barouder seule, et ben, au moindre pépin elle fait quand même appel à des gentils messieurs.

Ben je ne reste pas dans cette ville, je continue, et je change d’itinéraire, sur un coup de tête. Je rejoins la côte, Valencia et je cherche un petit hôtel, que je trouve dans une banlieue triste, au bord d’une route. Je rentre, et les gens écarquillent les yeux. C’est qui cette folle aux cheveux aplatis, toute crade, qui parle pas la langue du pays et qui demande une chambre, room, etc… Ah ! « habitassionne ». J’ai au moins appris ce mot là.

Bref, je détonne un peu, ça ressemble à un hôtel de passe où s’avinent les gens du coin. Mais ça restera un beau souvenir : de la gentillesse de la patronne, du repas sympa qu’elle m’a mitonné, de l’aide de tout le monde pour trouver un coin sûr où garer ma moto, de toutes les bières qui m’ont été offertes et que je n’ai pas bues, des efforts de tous les clients pour venir me dire un mot gentil en français. Quel accueil chaleureux ! Je ne crois pas que chez nous, nous sommes aussi généreux avec le touriste de passage qu’on ne reverra jamais. Le seul bémol, c’est que j’ai dormi dans des draps qui ne sentaient pas ma transpiration à moua, et sur le passage d’un convoi de fourmis. A la guerre, comme à la guerre…

Troisième jour de voyage…

Finalement, les fourmis ne m’ont pas mangée, ma moto est toujours à l’endroit où je l’ai garée, et le petit déjeuner, simple, pain grillé, beurre et confiture, est un véritable festin, avant d’entreprendre mon ultime et longue chevauchée. Ce soir, lundi, je serai à proximité d’Almeria, je m’arrêterai jusqu’à jeudi, date de mon bateau. Deux jours pleins à visiter, me balader, découvrir une Andalousie qui n’existait, jusque là, que dans mon imagination ou dans la contemplation de photos.

Ma route va suivre la côte, et la méditerranée… Je fais une escale à Cullera, pour le café. C’est une petite bourgade où j’ai passé deux années, des vacances, dans mon enfance. Je me souviens avec nostalgie des melons et du castillo, de la colline et de la peur des scorpions.

Oups ! Cullera est devenu une ville balnéaire, dont le front de mer est envahi de bâtiments à la gloire du tourisme envahissant. Mon castillo a l’air bien petit et la colline disparaît derrière les échafaudages et les immeubles modernes. Elle est bien morte la petite bourgade où la coiffeuse me posait un bol sur la tête pour me couper les cheveux. Le temps passe et emporte le souvenir des enfants.

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AlicanteMurciaCartagène… Je passe de longues heures à traverser un immense chantier. Ce pays se prend des airs de ruche industrieuse qu’une marée de grues et de camions anime et bâtit. Je passe, mais je n’ai pas le temps de visiter. Il faudra que je revienne. Tout au plus, je vole une photo ça et là, et j’achève mon camembert qui s’est étalé dans son papier, qui fleure bon le terroir normand et qui ne survivrai pas un jour de plus, de toutes façons.

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Et me voilà arrivée en Andalousie, sauvage Andalousie…

tabernas andalousie -Paysage d’Andalousie à proximité de Tabernas-

Chercher un hôtel, il se fait tard, mêmes angoisses que la veille. J’ai pô envie de dormir dans un lit douteux et de lutter avec une armée de bestioles pour délimiter mon territoire !!!

Aguilas, trop grand, je me perds, je ne trouve pas les gîtes annoncés, sauf le « 4 étoiles », visiblement pas dans mes moyens… San Juan de los Terreros, sympa, au bord de la mer, mais l’hôtel est trop cher, même s’il me fait une remise de 4 euros parce que je suis seule, et puis, z’ont pas l’air trop sympas, les tenanciers… Los Lobos, un hôtel sympa avec une grande terrasse et un resto, complet… Vera, usine à touriste, des étoiles au dessus des bâtiments comme sur Hollywood boulevard, non merci…

Il est 20 heures, il me faut prendre une décision, rapidement. Je quitte la côte où les villes d’estivants, et je me dirige sur des villages, comme ça, au hasard, mais qui n’affichent pas le sourire carnassier de l’andalou guettant les euros. Et j’arrive à Turre, un peu en retrait, face à un « Hostal Restaurante », El Pago.

gaston andalousie chevalier

el pago andalousie -El Pago, inoubliable, Bises à José et Maria-

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Waouh ! la chambre ! Abordable, rose, climatisée et télé comprise, avec une salle de bain pour moi toute seule et une baignoire. Mes fesses, encore plus en goutte d’huile que d’habitude parce qu’elles ont dansé sur la selle tout le jour, encaissé les irrégularités de la chaussée, les muscles de mes épaules, endoloris d’avoir tenu le guidon, vont, je crois, apprécier ce lit ferme et qui sent bon. Monter mes bagages, avaler un demi (et oui !) avec un paquet de chips et je m’empresse de me fourrer sous les draps, m’endormant, bercée par le ronron du journal espagnol, sur le petit écran. J’ai trouvé un cocon où me réfugier durant les trois jours qui restent avant le bateau, et les quelques 100 km à parcourir encore.

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Voilà, je suis vivante, je me suis prouvé que je pouvais me lancer, seule, dans un périple qui, sur une carte, commence à être honnête. Maintenant peut venir le temps des coups de cœur, des histoires, des rencontres et des rêves.

Le mardi en Andalousie…

Je me suis levée, le mardi, tranquille, avec le corps reposé, tout juste rappelée à l’ordre, parfois, par quelques courbatures. J’ai visité le village à pied, le pueblo, l’église, les chemins qui grimpent la colline. Et j’ai, accessoirement, complété ma panoplie de baroudeuse d’un short. Je suis partie sans. Grave erreur dans ce pays où le soleil ravage les herbages et sème la poussière.

Ce jour là, j’ai dégusté une paella à se rouler sous la table d’allégresse, que m’avait cuisinée Maria, petite femme affable, brune et joyeuse, maîtresse du piano, épouse de José, le gentil tenancier. Avec des rires et beaucoup de gestes, j’ai fini par comprendre que je pouvais aller visiter Mojacar, que c’était « biello »… et j’ai sorti la moto.

Mojacar, blanche ville arabo-andalouse, campée sur un piton rocheux, enroule ses ruelles à la pente du relief. Elle se pare de fleurs qui colorent les façades, les balcons et les places, les arcades où se nichent des boutiques. Des terrasses qui surplombent le vide, on aperçoit la mer, et cet horizon au-delà duquel bouillonne le Maroc.

rue mojacar -Une rue à Mojacar-
fleurs andalousie -Et mon habituelle collection de tites fleurs-

J’ai promené tout l’après-midi, me suis offerte le luxe d’une baignade en méditerranée. Je devais avoir un look d’enfer, sur ma moto, gantée, basket, short et veste de chasseur couverte de poches où cacher mes papiers. Ben oui ! C’est dangereux la moto en petite tenue, mais j’avais vraiment trop chaud, dans le cuir.

Retour à El pago, douche pour décoller le sel et le sable. Et je suis redescendue pour mon « demi » du soir. J’étais en jupe et talons hauts. Oui, mais… je n’avais pas rentré la moto au garage, et je n’avais pas pensé à ce détail. Qu’à cela ne tienne, j’ai retroussé mes jupons jusqu’en haut des cuisses, enfourché titine, et fait demi tour sous le regard ahuri d’un anglais qui venait se désaltérer au bar, après sa journée de boulot. Olé !!! Et tout naturellement, nous avons engagé la conversation, Ted-Beaux-Yeux (Ted, c’est le prénom de l’anglais) et moi. Steve et Harry nous ont rejoint, ils étaient là la veille, lors de mon arrivée. Nous avons papoté comme de vieux potes, ils travaillaient dans le coin et repartaient le lendemain. Ce fut, ma foi, une bien agréable soirée, qui se termina, pour moi, somnolente devant Waterword, dans la langue de Cervantès… Ah !!! Kevin Kostner doublé en espagnol ! Quant aux trois anglais, si j’ai tout compris, ils partaient en virée, après avoir mangé chinois. Je crois les avoir entendu rentrer, puisqu’ils logeaient aussi dans l’hôtel, en parlant très fort, sans doute l’effet du saké…

Le mercredi en Andalousie…

Je me suis levée tard, j’ai dormi, et bien, en plus. Et j’ai décollé, en fin de matinée, prévenant mes hôtes que je dînerai au resto, le soir. Je suis partie en direction d’Almeria. J’avais entendu parler d’un endroit où avaient été tournés des westerns spaghettis, et quelques autres films. Grenade étant trop loin, j’ai décidé d’aller rencontrer ce lieu dont, apparemment, les gens du coin parlent avec fierté.

En fait, c’est un parc d’attraction, pompeusement surnommé « Mini Hollywood ». Grand moment pour moi, où mon imaginaire a pu prendre son envol. J’ai contemplé d’un sourire béat le gibet où se balançait un pendu, je suis rentrée dans la petite église, toute de bois fabriquée… Je me suis trouvée prise dans une fusillade entre shérif et bandit, j’ai été prier dans le cimetière, et j’ai même retrouvé la photo d’une ancêtre inconnue, de 1852, la photo.


ancetre penelope timiste -Mon ancêtre-

 

bandito andalousie -Il était drôlement mignon, le bandit-
les dalton pierre -Une tite pensée pour eux ?-
Je suis retournée à l’hôtel en fin d’après midi et me suis plongée dans un bain froid, j’avais l’air d’une crevette. J’ai calmé ma peau rougie à l’eau, presque, glacée. J’ai dégusté mon dernier repas andalou, du lapin comme là-bas, accompagné d’un boc de sangria offert par José.
J’aime les gens du sud. Ils travaillent, vivent, mangent, dorment, à leur rythme. Ils n’oublient pas que les autres existent. Ils cultivent leurs relations, même éphémères, comme d’autres leurs orchidées, avec soin.

paella andalousie-Juste pour vous faire envie hi ! hi ! hi !-

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Le jeudi, jour du bateau…

moto retour andalousie
-Titine attend son bateau-

Voilà, je quitte l’Andalousie, en soliloquant, réfugiée à l’ombre, pendant que le port frétille. Je regarde arriver un à un toutes ces voitures qui embarqueront aussi, tous ces vacanciers qui retournent dans leur pays d’origine.

J’aime les terres harassées de soleil où s’épanouissent les sourires, les mamas, les voix fortes et les langages qui roulent en bouche. J’aime tous ces gens qui ont des gestes pour marquer leurs mots, et qui chantent quand ils parlent.

J’aime le piment et les lauriers roses.

C’est sur le bateau que j’ai pris le temps de composer la deuxième page de mon carnet de route.

-Ce que je retiens de Foix-

1 commentaire pour “Destination Andalousie : Carnets de route de l’étrange étrangère”

  1. Bonsoir, nous sommes déçus par la saleté qu’il peut y avoir en Andalousie. Depuis un mois à Vera, nous découvrons chaque jour des dépotoirs d’ordures les plus variées y compris autour des lotissements et des grands hôtels de Vera Playa. Les alentours des poubelles ne sont jamais nettoyés, les trottoirs sont couverts de crottes de chien, les haies de lauriers roses cachent à peine des monceaux de plastique, papiers, bouteilles vides… Et pourtant, l’équipe municipale de nettoyage passe régulièrement avec une souffleuse qui n’a d’autre effet que de soulever à plusieurs mètres de hauteur un nuage de poussière dont il est préférable de ne pas connaître la composition. Un voyage à Vera est un voyage dans le temps: on revient ainsi 50 ans en arrière !

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