En Lozère, parmi les grottes et le abîmes les plus incontournables, découvrez l’aven Armand, un site naturel remarquable de par sa concentration de formations géologiques karstiques typiques des Causses et du Massif Central…
Au Sud de la Lozère et au nord du Gard et de l’Aveyron, les trois grands Causses, – Larzac, Noir et Méjean -, se présentent comme trois plateaux calcaires d’environ mille mètres d’altitude, entourés de rivières circulant dans des gorges (Tarn, Jonte, Dourbies).
Le calcaire étant perméable, ces lieux, par ailleurs presque désertiques (souvent moins d’un habitant au kilomètre carré) sont truffés de grottes, cavernes et gouffres, et se présentent comme un des hauts lieux de la spéléologie mondiale, par le nombre de ces cavités, mais surtout par le fait que ce sport s’est historiquement développé ici.
Le nombre des cavités ouvertes au public est très limité, mais parmi les trois locales (Dargilan, Bramabiau, et l’Aven Armand, ce dernier est un cas à part, et se situe sans doute parmi les plus belles cavités au monde.
L’aven (gouffre en occitan, pour information une grotte, c’est une baume, prononcé ba-ou-mo) est presque invisible. On ne le détecte que par les bâtiments (hideux) situés autour, et qui font de ce confluent de champs un haut lieu du tourisme local.
On est distant d’ une quinzaine de kilomètres de Meyrueis, soit une petite cinquantaine de Millau ou de Mende, les deux grandes villes les plus proches.
Après avoir parqué la voiture sur le bout de bitume local, il n’y a rien d’autre à faire que de prendre un ticket (une dizaine d’euros) et d’attendre le prochain départ.
L’aven étant plutôt profond, on épargne vos jambes, et vous descendez dans un funiculaire un peu vieillot, mais efficace.
La visite dure une petite heure, et –comme il fait très frais – vous serez avisé de prendre une petite laine (ou deux).
Ce départ n’a rien d’enthousiasmant, l’exiguïté de la voiture, le manque de confort, et la fraîcheur ne portent guère à l’optimisme.
Objectivement, l’Aven en tant qu’entreprise commercial est un total désastre sur cette première partie.
Le funiculaire ne stoppe pas au plus bas, mais vous fait arriver à une sorte de balcon, surplombant une bonne partie de l’immense salle.
En effet, cette salle énorme (Notre Dame y tiendrait dedans) est unique, il n’y a guère autre chose à visiter, mais elle procure un choc.
Disons que, le bruit du funiculaire s’estompant, le plaisir de la visite commence.
Contrairement à Martel, et à Armand, les premiers visiteurs, vous n’êtes pas assis sur un mauvais siège de bois, descendu lentement par des ouvriers ou des comparses qui déroulent la corde, avec moins de trente mètres de visibilité, pour cause de lampes de mineurs peu performantes.
La société d’exploitation a beaucoup travaillé sur l’éclairage des concrétions, celles-ci étant innombrables et de grandes tailles, depuis les stalactites, au colonnes (quand le sol rejoint le plafond) jusqu’aux immenses draperies, qui s’étendent sur certaines parois.
Ici sur cette première vue, votre guide est encore intéressant, il n’a pas à débiter les interminables niaiseries obligatoires (la vierge à l’enfant, la mosquée, le chou-fleur et ne dirait-on pas un Père-Noël ?) comme si la nature était anthropomorphe.
Alors, faites comme moi à chacune de mes visites : contemplez et admirez !
La suite consiste à emprunter un itinéraire descendant, qui vous permet une splendide promenade dans les concrétions, et accessoirement des vues de la salle depuis de nombreux autres points de vue.
Bien sur, le détail des concrétions les plus populaires est un peu pénible, mais on n’est pas obligé de rester près du tribun.
Au milieu de la promenade, on jouxte un second puits, beaucoup plus traditionnel, c’est à dire infiniment moins large, mais aussi moins haut que le premier. Le point bas actuel de l’aven est en effet situé bien en dessous de ce qui est visible depuis le balcon d’arrivée.
D’ailleurs, il n’y a qu’à penser au niveau réel de la Jonte, la rivière la plus proche, pour comprendre que l’eau avait – dans les temps ou ce réseau souterrain était actif – encore un bon trajet à effectuer
Je ne pense pas que ma description gagnerait à détailler plus précisément cette visite dans la forêt de calcite, mais sachez que vous aurez un dernier instant de plaisir intense, à contempler à nouveau tout ce détail de luxe naturel depuis le même balcon, avant de reprendre l’infâme funiculaire.
Revenu au niveau du cagnard (si c’est l’été) vous pouvez bien entendu allez voir l’orifice d’entrée, distant de quelques mètres du parking.
Il est très décevant, et – objectivement – on n’y voit rien.
Si vous ne voulez pas finir sur une déception, allez voir celui de l’Aven de la Barelle, sans barrière de protection (faites quand même attention), en reprenant la route de Meyrueis, et en stoppant à l’unique bois de pin minuscule situé sur la gauche de la route (environ trois ou quatre kilomètres depuis l’Aven Armand), avant de passer le col et d’entamer la descente.
En allant au point bas de cet endroit, cette magnifique ouverture offre un joli spectacle.
Ne tentez pas la descente, le premier puit est le plus grand, je crois qu’il doit dépasser les trente mètres.
L’Aven Armand est sans doute l’attraction touristique du coin qu’il ne faut pas manquer .
C’est même inoubliable.
Pour en savoir plus : site de l’Aven Armand