Boisson plusieurs fois millénaire, la bière trône sur la table des Roumains qui, malgré leur renommée de dignes vignerons, préfèrent largement un demi pression à un verre de rouge. Qu’il s’agisse de Timisoreana, produite depuis plus de 300 ans, de Gambrinus ou de Bucegi, la bière favorite de Ceausescu, ce liquide au col de mousse coule partout en Roumanie et les Roumains en consomment en abondance. Pourtant, à la question « Veux-tu une bonne bière ? », un Roumain a choisi une réponse assez surprenante pour notre siècle : « Prépare-la tout seul ! » C’est le conseil de Laurentiu Iancu qui a fait de cette réponse le slogan de son affaire : une brasserie à domicile.
Ioana Stancescu vous invite à connaître ce brasseur pas comme les autres :
« Sans vouloir nous comparer aux Allemands ou aux Tchèques, je dirais que nous, les Roumains, nous sommes de grands consommateurs de bière. Seul petit problème : nous buvons de la mauvaise bière. La plupart d’entre nous, on veut tout avoir sans dépenser quoi que ce soit. Or, y mettre peu d’argent ne donnera jamais la qualité souhaitée. Les Roumains sacrifient la qualité pour économiser leur argent. Je suis surpris de voir mes concitoyens se bousculer dans les hypermarchés pour acheter des bouteilles de bière en plastique à 3 litres. L’emballage n’a rien à voir avec le contenu. »
A 39 ans, Laurentiu Iancu sait très bien à quoi rime une bonne bière. Surtout que depuis un bout de temps, il s’en fabrique tout seul, à la maison. Pour le plaisir et pour les affaires. Ingénieur de formation, Laurentiu a tenté de faire carrière dans les ventes : produits alimentaires, préservatifs, équipements de soudure. Mais son histoire à succès allait s’écrire un peu plus tard, en pleine période de crise économique.
« En décembre 2008, un ancien collègue de fac qui vit actuellement en Belgique est venu me voir et m’a proposé de prendre une bière en ville. Au cours de la soirée, il m’a raconté qu’il venait de s’acheter un équipement de brassage à la maison. L’idée m’a souri et je l’ai retenue. En février, j’ai commencé à faire des recherches pour voir à combien se monte un tel kit, car j’en voulais un aussi. Mais, à ce moment-là, j’ai remarqué que le marché roumain était vierge dans ce domaine. Tout ça tombait à point: je pouvais enfin arrondir mes revenus, en faisant quelque chose qui me donne du plaisir à 130%. En plus, c’était une affaire bio. Car, personnellement, je cherche à manger et à vivre proprement. En Roumanie, il est assez difficile de le faire, mais pas impossible. »
Sitôt dit, sitôt fait. Décidé de devenir le premier Roumain à brasser de la bonne bière chez soi, Laurentiu Iancu a contacté les Belges de Brewferm pour leur faire part de ses intentions de distribuer en première leurs kits en Roumanie. Un site Internet très bien mis au point, des flyers distribués à droite et à gauche, mais surtout de la bonne bière belge faite maison, cela a suffi à notre ingénieur pour se faire une petite clientèle qui s’agrandit au fur et à mesure que la bière coule. Qui sont ceux qui préfèrent leur bière maison à celle des hypermarchés ? Laurentiu Iancu sur sa clientèle :
« Ce sont des personnes aux études supérieures, qui ont beaucoup voyagé, qui sont allées en Belgique boire une bière véritable. Ou qui, sans connaître la Belgique, adorent sortir en ville à la recherche d’une bière belge. Ces gens aiment boire et manger écolo. Et, bien sûr, ils aiment tous savourer une bonne bière. Ils ne veulent pas exagérer et prendre une cuite avant d’aller au lit. Mes clients ne veulent pas boire une bière pour apaiser leur soif. Ils ne sont pas des ceux qui boivent des litres de bière pour battre leurs records. La bière, ce n’est pas un liquide à s’imbiber. »
Qu’elle soit blonde ou brune, blanche ou ambrée, la bière n’est pas à avaler, cela est sûr, mais à déguster et à s’enorgueillir, si c’est le résultat de votre travail. En fait, tout ce que vous devez savoir et avoir pour bien réussir votre propre bière se retrouve sur le site Internet de Laurentiu Iancu. Pour quelque 80 euros, vous pourrez acheter un kit complet comportant seau de brassage de 30 litres, barboteur et bouchon, spatule, robinet de sous tirage, produit de nettoyage antibactérien et accessoires d’embouteillage. A cela s’ajoute un petit livre de recettes que vous pouvez personnaliser davantage pour choisir entre une multitude de bières dont la teneur en alcool peut varier de 5 à 9 degrés. Quant aux brasseurs amateurs, tout ce qu’il leur faut, c’est un peu d’argent et beaucoup de patience.
« La première étape de fermentation dure de 4 à 7 ou 10 jours, tout au plus. Une deuxième étape de fermentation s’y ajoute, avec une durée totale de quelque 5 jours. Enfin, au bout de ces deux périodes, c’est la maturation qui commence et qui peut aller jusqu’à deux semaines. Mais il y a des bières qui impliquent une maturation de 6 mois. Personnellement, j’ai eu la curiosité de goûter à une bière au bout de trois jours de maturation, au bout d’une semaine, de trois semaines et d’un mois. Et même si la teneur en alcool, tout comme la quantité de dioxyde de carbone, restent les mêmes, c’est le goût qui fait la différence. »
Un goût qui séduira certainement les grands amateurs de bière, y compris les Roumains. Surtout que selon les statistiques, avec 20,6 millions d’hectolitres consommés en un an, la Roumanie figurait en 2008 dans les dix pays les plus gros consommateurs de bière du monde.
Guide sur la bière tchèque
The Good Beer Guide Prague & the Czech Republic: c’est le titre du livre écrit par le journaliste américain Evan Rail. Basé dans la capitale tchèque, Evan Rail est le correspondant de plusieurs publications dont le New York Times. Alexis Rosenzweig de Radio Prague l’a rencontré dans une brasserie praguoise et lui a d’abord demandé comment lui était venue l’idée d’écrire un guide sur la bière tchèque, réputée être l’une des meilleures du monde.
J’ai créé un site reprenant un peu plus de 1200 bières belges !
Le principe ? Dégustez, commentez, partagez !
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