Il était une fois Bran, Brasov et Sinaia …
Il était grand temps de prendre l’air… Durant ma deuxième visite à Bucarest, j’ai notamment erré dans les rues de cette ville, me perdant parfois dans des endroits inconnus sans manquer d’aventures. J’ai découvert presque l’ensemble de la capitale roumaine et j’ose même dire que certains recoins je les connais mieux que les Bucarestois eux-mêmes. Alors, au 27ème jour de mon voyage en Roumanie, j’ai décidé de visiter et de découvrir d’autres villes du pays.
La première ville que j’ai visitée, c’était Brasov. Pour m’y rendre, j’ai choisi le train, même si au tout début, je craignais de m’ennuyer pendant les 3 heures de voyage. Surprise ! Ce fut magique, parce que le train passait à travers des forêts, se faufilait parmi les montagnes de la chaîne méridionale des Carpates. J’ai même vu de petites cascades, des rivières et de belles maisons en bois. Tous cela avait l’air du décor d’un des épisodes de la fameuse série cinématographique « Twilight ». Le temps a, donc, volé en un clin d’œil. A la gare de Brasov, c’était mon amie Andrada, une jeune fille roumaine, qui m’a accueillie et qui m’a, par la suite accompagnée tout au long de ce weekend au cœur de la Roumanie. Brasov – impossible de ne pas savoir où l’on se trouve. Le nom de la ville est écrit en grandes lettres sur une des montagnes qui entourent cette cité. On se sentait comme à Hollywood et la sensation m’a beaucoup plu.
Château de Bran, sur les traces de Dracula en Transylvanie
Comme je n’avais pas beaucoup de temps et je voulais découvrir un maximum de choses, nous avons tout de suite pris le bus vers la commune de Bran, pour visiter sa célèbre forteresse, connue dans le monde entier comme le château de Dracula. Cette demeure étrange est hissée sur un rocher, entouré de forêts. De nos jours, il abrite un musée qui s’étend sur les quatre étages ouverts aux visiteurs. Même si le château semble imposant, ses différentes pièces sont plutôt petites. Il y avait des meubles en bois, de la poterie, de petites statues de marbre, sans oublier des petits lustres très sympa. Mais quelle affluence de touristes !
Des gens, il y en avait pléthore, et à cause de cela, nous étions parfois obligés d’attendre un peu pour pouvoir nous avancer. La raison en est simple – les couloirs du château sont très exigus. Malgré les différents encombrements, j’ai passé un long moment devant la collection d’habits d’apparat de Vlad Ţepeş et de la Reine Marie de Roumanie, deux personnalités puissantes séparées par plusieurs siècles. L’exposition est complétée par différents types d’armes en ornées d’argent. On pouvait ainsi imaginer facilement le prince de Valachie sur le champ de bataille… Il est certain que les guerriers de cette époque-là n’avaient pas la vie facile et devaient être vraiment forts, puisque la plus simple de ces armures devait peser au moins une vingtaine de kilos, à mon avis. Une fois la visite du château terminée, nous sommes restées encore un moment dans son parc, question de jeter un coup d’œil au marché se trouvant au pied du rocher. Une bonne idée de faire des emplettes car on y pouvait acheter des souvenirs, différents fromages typiquement roumains, petits instruments musicaux ou des blouses traditionnelles.
Andrada, mon amie roumaine, m’a pourtant signalé que nous devrions nous dépêcher, car d’autres destinations tout aussi intéressantes nous attendaient… Nous sommes donc montées dans le bus qui s’était arrêté devant nous…
Brasov, très belle cité historique près des stations de ski
Une visite chez Dracula c’est bien sympa, mais j’avais envie d’espaces larges, loin des nids de fantômes que sont les couloirs de son château. Après la visite de Bran, nous avons repris le chemin vers une autre ville de Transylvanie. Nous débarquâmes à Brasov – une cité magnifique avec un superbe centre historique : des monuments impressionnants du Moyen âge, la Place centrale avec l’ancienne mairie, appelée jadis le Conseil, et des vues panoramiques depuis la Tâmpa. Les amateurs de sports d’hiver, vont bien aimer cette ville : autour d’elle se trouvent plusieurs stations de ski. Le vieux Brasov est entouré par d’anciennes murailles érigées par les Saxons, afin de protéger jadis la ville contre les invasions des tribus mongoles, au XVe siècle.
En arrivant au nord de la Grande Place, je suis tombée sur l’Église Noire, la plus grande église gothique de Roumanie. Vous allez me demander pourquoi on lui a donné ce nom qui semble si triste. C’est parce que ses murs ont été noircis par les flammes et la fumée d’un grand incendie, en 1689. Je suis entrée à l’intérieur, et je suis restée bouche bée : les nefs de cette église un bel exemple de style gothique flamboyant d’Europe Centrale, avec des arcs, des ogives et des feuilles de vigne finement taillées dans la pierre. Fait inédit pour une église catholique, les murs sont ornés de 113 tapis d’Anatolie, offerts par des commerçants allemands aux 17ème et 18ème siècles. Si vous levez votre regard vers le haut, vous apercevrez un des orgues les plus grands d’Europe Orientale.
Il faisait très beau sur l’ancienne Place du Conseil. Voilà pourquoi nous avons profité du soleil en nous promenant dans les rues qui bordent la vieille ville médiévale. Question d’admirer les édifices baroques, vivement colorés et richement décorés. Si vous êtes, comme moi, un féru de fortifications, citadelles et bastions de la cité, vous n’aurez aucune excuse de ne pas visiter la Tour blanche. Pour y arriver, vous devez monter plusieurs escaliers plutôt abrupts. Mais je vous assure, le panorama s’ouvrant sur la ville vaut assurément la peine.
En descendant, si on fait bien attention, on peut tomber sur la rue de la Ficelle, soit la troisième la plus étroite en Europe, avec ses à peu près 5 pas de largeur. Des notes de musique ont soudainement envahi la ruelle exiguë… A l’appel des harmonies, nous avons rebroussé chemin à la recherche de leur source. Et nous avons été chanceuses – nous avons assisté au concert d’un groupe de Roumaines, qui jouaient des tambours et qui savent très bien animer l’ambiance.
Château de Peles, naissance d’un rêve royal
C’était génial, mais c’était le temps de partir, parce que d’autres aventures nous attendaient à Sinaia, au château de Peles…
Après Bran et Brasov, avec Andrada, mon amie roumaine qui m’a servi de guide dans la région qu’elle habite, nous avons poursuivi notre périple à Sinaia. J’avais entendu parler de l’admirable château de Peles, et je voulais visiter cet édifice digne d’un conte de fées.
Peles est né du rêve poétique du premier couple royal, Carol I et Élisabeth de Hohenzollern, souverains éclairés de Roumanie. Le château fait la renommée de cette petite ville et effectivement, nous sommes, une fois de plus, restées bouche bée…. Les pièces immenses de cette résidence d’été royale sont toutes abondamment décorées : lustres gigantesques en cristal de Murano, vitraux, boiseries en teck et en toute sorte d’essences locales – notamment chêne et noyer – sculptées par des mains douées. L’escalier monumental, pièce maîtresse du vestibule d’honneur, comptait pas moins de six mille personnages dont le regard se tourne vers le visiteur.
Plusieurs styles s’entrecroisent et s’entremêlent – celtique, nordique, hispano-mauresque ou rococo français. J’ai même trouvé des fauteuils norvégiens dans certaines pièces ; dans d’autres, les murs sont tapissés de cuir précieux ou de lambris de couleurs différentes. Nous sommes restées immobiles pendant une quinzaine de minute devant une collection impressionnante d’armures et d’armes garnies d’or, d’argent, de cristaux ou de perles. La plupart de ces armes sont des cadeaux offerts par des têtes couronnée indiennes, japonaises et ainsi de suite. Le château bénéficiait également du confort le plus moderne – salles de bain équipées d’eau chaude, aspirateur ou monte-charge électriques installés dès le début du XXe siècle.
Une fois à l’extérieur, nous avons fait un tour des jardins pour explorer la collection de statues en marbre blanc. Comme un peu partout dans le monde, devant Peles aussi, il y a une fontaine, où les visiteurs jettent des monnaies en faisant des vœux, notamment celui d’y retourner. En effet, nous étions vraiment ravies par cette beauté difficile à raconter en mots, par le chic que seuls les représentants des familles royales pourraient se permettre.
Une fois la visite terminée nous sommes descendues la colline du château vers la gare. Là-bas, j’ai remercié et j’ai dit au revoir à Andrada, mon amie roumaine, qui a sauté dans un train qui l’emmenait vers sa ville d’origine, Brasov. Je suis moi-même montée dans un autre train, qui partait en sens inverse, vers Bucarest. A travers les Carpates, longeant petites chutes d’eau, rivières et forêts, je suis arrivée à destination gardant dans mon cœur les souvenirs de mes voyages pleins d’aventures et d’impressions inoubliables liées à trois coins pittoresques de Roumanie.
Arev Martirossyan