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Carantec, chapelle de l’île Callot

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Callot est une île de Bretagne comme tant d’autres sur cette côte découpée. Au confluent de deux rivières qui se jettent dans la mer, la Morlaix et la Penzé, au nord du bourg de Carantec, elle a servi de repaire aux Vikings.

Les Bretons nouvellement christianisés ne leur ont pas permis d’y rester et l’Église a récupéré cette « victoire » de la force des choses pour imposer sa loi. Les ecclésiastiques, les seuls qui savaient écrire en ce temps, en ont tissé la légende dorée. Pour en perpétuer la publicité, ils ont instauré un pèlerinage qui dure depuis 15 siècles.

Du plus loin que l’horizon permette, se dresse un minaret solitaire au plus haut point de l’île. En granit gris de rocher, il s’élance vers le ciel comme un trait d’union. Il est dédié à Marie, nœud humain de la terre et du ciel, femme qui a porté Dieu le fils en son ventre. Notre-Dame de Callote (ainsi prononce-t-on) est solitaire et élève l’âme.

On dit que Korsold, prédateur danois des environs, entassait son butin sur l’île et qu’il fut chassé par Riwallon, chef local breton immigré de Grande-Bretagne. Tel le Clovis de légende, il invoqua la Vierge à genoux et lui promit un sanctuaire si la victoire était à lui. On dit que les Danois furent massacrés « par milliers ». Pour qui a arpenté l’île Callot, le terme dizaines serait probablement plus juste… Mais la propagande politique et l’exaltation idéologique déforment et amplifient pour frapper les esprits. Les adeptes du « coup » médiatique ne datent pas de la télé !

La chapelle, promise en 502, fut donc édifiée dès 513 sous le nom de Toute-puissance, ‘ar Galloud’ devenu Callot (dont on prononce le ‘t’ final).

La superstition veut que, quatre siècles plus tard, les Normands passant par là (descendants des Vikings) aient eu peur des ombres de fougères déguisées en guerriers… C’est bien mal connaître les marins que de leur prêter de tels fantasmes, et bien mal connaître les Vikings que de leur donner des peurs de moinelettes. La marée a dû baisser, le vent sauter, ou bien le chef a changé d’avis après reconnaissance des abords – il en faut peu pour tisser la légende quand la peur est en jeu.

Reste que la chapelle est révérée, pointe avancée de la terre vers le large, à la fois horizon et au-delà. Les corsaires de Morlaix ne manquaient pas de la saluer d’un coup de canon lorsqu’ils sortaient jouer aux Vikings contre les navires et comptoirs des autres. Les révolutionnaires de Morlaix ne manquèrent pas de la saccager, avec la rage des envieux et l’avidité des partageux, volant les calices d’or, vendant les meubles et détruisant les autels. La nouvelle foi était militaire et la chapelle devint poste de commandement. L’empire permit la restauration et l’édifice a pu être à nouveau béni en 1808 ; les Calotins étaient de retour. Des paroisses entières sous bannières et croix, curé à leur tête, convergeaient sur Callot dans des dizaines d’embarcations.

Deux pardons restent célébrés chaque année à Callot, le lundi de Pentecôte et le dimanche qui suit le 15 août, fête de l’Assomption de la Vierge. Une messe est dite depuis 1952 autour du premier janvier, perpétuant une coutume ancienne. Le vent qui fait rage et le froid soudent alors plus la communauté que l’amer du clocher visible au large. L’île est accessible à pied à marée basse, à mi-marée encore par la passe aux moutons qui est une langue de sable, le reste du temps en bateau.

Le clocher ajouré résiste mieux aux vents ; depuis 1994 il supporte deux cloches dites « Bollée d’Orléans » et, depuis 1996, une troisième. L’ensemble fait carillon et sonne le fa-la-do. L’entrée de la chapelle se fait par une porte latérale. Des barques votives se balancent au plafond, un Christ polychrome du XVIème tend ses bras sur une croix du Salut de 1822 tandis qu’une plaque rappelle la victoire chrétienne sur les païens il y a 1500 ans.

Le jubé à colonnes sépare le vulgum pecus des privilégiés d’église. La Vierge de puissance portant Jésus couronné tient un sceptre fleuri ; elle a été installée au XVIIème siècle.

Dans les boiseries du chœur sont les ex-voto, telle cette casquette de la Royale, cette huile marine ou cette plaque de disparu avec une faute d’orthographe.

Dans le retable sud, une broderie d’Annaïg Le Berre, artiste de Loquénolé, présente depuis 1998 sainte Anne, mère de Marie. Elle tient sa fille et son petit-fils Jésus sur son cœur, dans l’ambiance très famille des Carantécois comme des estivants. Les tons sont bleu et or, ceux de la mer, du ciel et de la Vierge.

Les vitraux modernes sont de Pierre Chevalley en 1958, riches de couleur et denses de matière.

Que dire de l’atmosphère ? Lorsque l’on quitte la lumière du grand large, celle des îles, pour pénétrer dans cette grotte de pierres humaine, l’impression est celle du foyer qu’on retrouve et dans lequel on est au chaud, entre soi.

Le vent se tait, l’air ne pique plus les joues ni le col, l’ivresse du sel se calme dans l’encens confiné.

Tout est bien.

Dehors tout bouge sans cesse, dedans tout reste immobile. La nature terrestre est incessant mouvement, vie et mort ; la chapelle chrétienne veut donner le sens de l’éternité dans l’immuable, pétrification des personnages et des symboles. Les êtres y sont de bois, de pierre ou de peinture, la lumière est tamisée, les fleurs séchées, les objets n’y ont plus d’utilité que celle du vœu. Tout est intérieur, la vie n’est plus excitation extérieure mais divin en soi. Que l’on ait ou non la foi, cette mise en scène parle aux humains que nous sommes.

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