La Roumanie compte de nombreuses curiosités naturelles à l’instar de la Colline aux escargots, qui se trouve dans le pays de Moţi, dans les Carpates occidentales, dans l’Ouest de la Roumanie… Des pierres vivantes, des traditions, des formations étranges, des musées éthnologiques, autant d’occasions de découvrir la Roumanie autrement…
Notre première cible se trouve dans l’ouest du pays, dans les Carpates Occidentales – idéales pour le tourisme actif et culturel, mais aussi pour le repos. Les vacanciers y sont attirés par les coutumes et traditions anciennes du « pays de Moţi », comme on appelle cette région, par ses eaux rapides, parfaites pour le rafting, et pour ses phénomènes karstiques. Pourtant ils sont peu nombreux ceux qui savent que cette contrée se trouve sur le fond d’une ancienne mer.
Gheroghe Hogman, conseiller du service de tourisme départemental, Alba nous raconte l’histoire de la première curiosité que nous rencontrons aujourd’hui : la colline aux escargots : « La Colline aux escargots est, en effet, une curiosité de la nature. Il s’agit d’une réserve paléontologique située à Vidra, au pays des Moţi, dans la vallée de la rivière Arieş. C’est une zone unique du point de vue géologique ; vieille de 65 à 70 millions d’années, elle est constituée d’une alternance de conglomérats qui ont conservé les traces de 35 mille espèces de mollusques. Ce territoire était couvert autrefois par les eaux chaudes de la mer Thétis. Les sédiments se sont pétrifiés avec le temps. Actuellement, la colline aux escargots est un rocher en bordure de la route, sur lequel les coquilles pétrifiées des escargots de mer sont parfaitement visibles ».
La colline aux escargots n’est pas l’unique site intéressant de la zone. Si vous vous y trouvez, ne ratez pas l’église de Goeşti, par exemple, une construction en bois datant du 18e siècle, à la tour svelte, pareille à celles des fameuses églises du Maramureş, dans l’extrême nord de la Roumanie.
Mais ne nous hâtons pas de quitter la Colline aux escargots, car notre guide souhaite nous signaler un autre phénomène intéressant : « De l’autre côté de la vallée se trouve une autre réserve naturelle : la cascade Pişoaia. L’eau de cette cascade est très riche en sels de calcium. Et on peut voir comment le rocher de calcaire formé augmente d’un jour à l’autre. Sur le versant nord de la montagne se trouve une terrasse où s’accumule l’eau qui se jette ensuite depuis une hauteur de 25 à 30 mètres. Elle se fraie un chemin à travers la végétation en bas de la pente, créant des calcaires sur son passage. On peut les apercevoir parmi les brins d’herbe. Plusieurs rochers se sont formés en bas, ajoutant du charme au paysage ».
Avez-vous jamais vu des pierres vivantes, des pierres qui poussent ? On en trouve dans le sud de la Roumanie, dans le département de Vâlcea, plus exactement à Costeşti. Elles ne bougent pourtant pas et ne témoignent pas, non plus, de civilisations extraterrestres. Ces pierres s’appellent « trovanţi », de l’italien « trovante » et ont leur propre musée à Costeşti.
Florin Stoican, intendant de ce musée naturel, nous explique leur mystère : «Ce sont de grosses pierres aux formes bizarres, généralement arrondies. Il y a plus de 6 millions d’années, cette zone était un delta où les eaux ont apporté des sédiments sableux. Les grains de sable se sont ramassés et soudés, couche après couche, formant ces rochers aux formes très variées – sphéroïdales, ellipsoïdales, complexes. La réserve naturelle est ouverte aux touristes. Vous pouvez vous y arrêter, les regarder et vous informer. Nous y avons placé un panneau avec des informations bilingues sur la zone et sur ces rochers ».
Les habitants de la région utilisent les « trovanţi » pour orner leurs jardins. Ces pierres mesurent entre 2 ou 3 cm et 5 à 10 mètres. Elles sont lisses et si on les coupe, leur section ressemble à celle d’un arbre, présentant des anneaux concentriques. Ce qui est étrange, c’est que 30 ou 40 minutes après une pluie, le sable humide commence à présenter de nouveaux petits éléments en formation, semblables aux pierres environnantes, phénomène qui fait penser à une « multiplication » ou à une « croissance ».
Disons aussi que les oeuvres du célèbre sculpteur d’origine roumaine, Constantin Brancusi, né non loin de cette zone, semblent avoir mis en valeur les formes naturelles de ces pierres.
Petit saut vers l’Est et nous voilà à Pietroasele, au département de Buzău, localité connue pour son histoire et ses vins. Depuis quelque temps, les touristes s’y rendent pour voir la pension où l’on dort dans des tonneaux, une idée qui a joui de beaucoup de succès.
Daniela Roşca est très connue dans la zone pour son délicieux potage et pour avoir « décoré » les tonneaux en question : «Là, dans notre petite ferme, à part les tonneaux à vin habituels, il y avait aussi 6 très gros tonneaux de 8 à 10 mille litres chacun. Pendant des années, nous les avons utilisés pour fabriquer du vin. Or, depuis quelque temps, nous en avons fait 6 tonneaux coquets, destinés à l’hébergement. Nous y avons percé des fenêtres et des portes et dans chaque tonneau nous avons installé deux lits, une petite table de nuit et prévu un espace pour les bagages. Le décor est très rustique ».
Une fois arrivés là, les touristes peuvent également visiter la pièce destinée à la vinification, dotée d’équipements modernes. Votre randonnée finira dans la cave, où la famille garde quelques-uns des vins qu’elle produit.
Et les touristes viennent de partout – précise Daniela Roşca : «Nous avons eu beaucoup de succès auprès des touristes étrangers. Nous venions juste de terminer les aménagements et des touristes français ont voulu acheter des tonneaux, pour les envoyer en France. Ils étaient enchantés. Enchantés, parce qu’ils ont toujours été logés dans des endroits habituels et ils se voyaient enfin offrir l’occasion de passer des vacances atypiques. A leur avis, ça vaut la peine».
Non loin de ces tonneaux, se trouve un autre lieu d’hébergement, si je puis dire : la cellule de Ambrozie. Ambrozie a été un ermite qui a creusé cette cellule dans la paroi rocheuse. De là, vous pouvez prolonger votre randonnée pour rendre visite aux volcans de boue et aux deux ateliers de sculpture en plein air de Măgura et de Năieni. Et plus loin encore, se trouvent des grottes dont l’intérieur cache des mystères encore non élucidés.
Doina Ciobanu, docteur en histoire et directrice du Musée départemental de Buzău nous le confirme : «Cet espace a suscité un vif intérêt et beaucoup en ont entendu parler. Ses énigmes n’ont pas encore été déchiffrées. A part ces ermitages rupestres, il y a dans la zone beaucoup d’endroits et de terrasses creusées à même le rocher, portant des inscriptions que l’on n’a pas encore décryptées. Les spécialistes de notre musée les ont enregistrées et archivées. Nous les avons introduit dans le circuit national et international. Selon nos estimations, elles remonteraient au premier millénaire avant Jésus-Christ».
Voilà, donc, quelques sites de Roumanie dont les mystères sont comme une fenêtre s’ouvrant sur d’autres mondes. De retour aux temps et à la civilisation modernes, les vacances que l’on vient ainsi de passer semblent avoir encore plus de charme. Malheureusement, peu d’agences roumaines de tourisme se sont proposé de les promouvoir. Pourtant, si vous vous logez dans les pensions des zones respectives, leurs propriétaires seront pour vous d’admirables guides pour toutes ces destinations inédites.
(Aut. : Daniel Onea ; Trad. : Dominique)