La Chine est immense et ne se découvre pas en un seul voyage… Dans le Sud du pays, à partir de la ville de Guilin, plusieurs destinations sont possibles : Yangshuo et ses pains de sucre le long de la rivière Li, les rizières en terrasses de Longji, ainsi que le village Dong de Chengyang, qui fut le coup de cœur de mon dernier voyage.
Après la trépidante Shanghai, les pics embrumés des Montagnes Jaunes et l’indolence des bords du lac de Hangzhou, cap vers le sud de la Chine. Un avion pour Guilin, puis deux bus pour atteindre Chengyang, un village de l’ethnie Dong, connu pour son pont du vent et de la pluie.
En fait, Chengyang n’est pas un village, mais un réseau de villages reliés entre eux par des ponts et des petits chemins. Entouré d’un cours d’eau, de rizières et de montagnes, perdu au creux d’une vallée, c’est la Chine des paysans, la Chine des maisons en bois et des grand-mères aux sourires édentés, la Chine des enfants en galoches et des poules en vadrouille, la Chine qui vit encore au rythme des saisons et des cultures, la Chine qui disparaît de plus en plus rapidement derrière les tours de verre de Shanghai…
Il faut monter sur le haut d’une petite colline pour voir l’ensemble du village et en apprécier la situation : les maisons cernées de rizières au vert éclatant, les ruelles ponctuées de placettes où se dressent les tours du Tambour et le pont magnifique qui permet d’accéder au village…
La chaleur de la fin d’après-midi nous amène sur la place du village principal, signalé par une tour en bois. Là, le boucher a dressé son étal (sommaire, un couteau, quelques morceaux de viande, autant de mouches…), les enfants jouent, les vieilles papotent, les femmes viennent chercher les gerbes de riz qu’elles avaient mises à sécher et les rares touristes qui passent la nuit à Chengyang profitent du spectacle…
Avec un soixante-huitard allemand et un couple de hollandais rencontrés le matin-même dans le bus, nous sommes cinq. Une femme s’approche de nous. Ses quelques mots d’anglais, nos trois mots de chinois… nous comprenons qu’elle nous propose de dîner chez elle en échange d’un peu d’argent. Quatre voyages en Chine et c’est la première fois que cela nous arrive ! Nous la suivons dans le dédale des ruelles. Elle nous installe dans une grande pièce où trône la télé allumée. Elle file dans la cuisine rejoindre son frère, qui a commencé à trier de petits poissons. Curieux, nous envahissons les lieux. Elle nous montre les légumes, la viande qu’elle veut nous cuisiner, avant de nous renvoyer dans la grande salle, munis de bouteilles de bière bien fraîches. Mais nous profitons du spectacle par la porte ouverte… et ne tardons pas à déguster la dizaine de plats qu’elle nous a préparés !
Tout le long du repas, les voisins défilent, nous saluent puis commencent à sortir les bouteilles d’alcool de riz et les petits verres qui vont avec : Ganbeï ! Ganbeï ! Santé ! Santé ! Chacun de nous doit boire un verre avec notre hôtesse, son frère, les deux voisins puis le boucher qui rapplique à son tour pour profiter de la soirée !
Quelques mots d’anglais, trois mots de chinois… tous assis autour d’une table, nous arrivons à discuter, à échanger, qui des noms de footballeurs (évidemment !), qui des chansons (la spécialité de l’ethnie Dong)… Ils savent à peine où se trouve l’Europe, encore moins la France ou l’Allemagne, nous ne connaissons rien à leurs coutumes ni à leur vie, mais pour une soirée, au milieu des rizières, dans une maison en bois, la chaleur et le partage sont là, les rires et l’amitié aussi !
Quand le frère de notre hôtesse nous raccompagne à notre petite auberge, à la lumière de sa lampe de poche, nous nous disons que longtemps, nous nous souviendrons du pays des Dong et de l’hospitalité de ses habitants…
Le second jour, nous nous balladons entre les différents villages et nous comprenons le nom et l’utilité des différents ponts de la pluie et du vent. Dès qu’il se met à pleuvoir, nous faisons comme les paysans du coin : nous nous réfugions dessous et attendons que ça passe ! Les vieux, eux, passent leurs journées à l’abri des différentes tours à jouer et à discuter. Les femmes se pressent de ramasser les épis secs. Dans la baraque en bois du coiffeur, les jeunes peuvent se faire faire une coupe à la mode de Shanghai, en la choisissant sur les photos épinglées au mur…
Le lendemain matin, à l’aube, nous jetons un dernier regard au village encore endormi en espérant qu’aucune double-voie, qu’aucun aéroport, qu’aucun tour-opérator ne viendra détruire la tranquillité et la joie des habitants de Chengyang… Nous, nous partons vers d’autres aventures…
Comment y aller :
– Que vous veniez de la province du Guizhou, de Guilin ou des rizières en terrasses de Longji, il faut vous rendre tout d’abord à la ville de Sanjiang en bus. Cette petite ville moderne se trouve à 3 heures de bus de Guilin ou à 1h30 de Longsheng (ville d’où arrivent et partent les mini-bus pour les villages des rizières de Longji).
– A Sanjiang, il faut changer de gare de bus (les deux gares se trouvent à 10-15 minutes à pied l’une de l’autre, demander la direction aux caissières de la gare) et prendre un bus plus petit pour Chengyang (environ 30-40 minutes, 5 yuans).
Sur place :
– Droit d’entrée : à l’entrée du pont de Chengyang, il faut payer l’entrée (pour nous en octobre 2009, 30 yuans). Le caissier vous demande combien de jours vous pensez rester et le billet est valable ce même nombre de jours. Une journée est suffisante pour faire le tour du village, mais deux sont idéales pour s’imprégner de la tranquillité des lieux.
– Logement : pas de problème pour se loger, il y a plein de petits hôtels ou guesthouses dans les maisons en bois du village (environs 100 yuans la double). Le confort est en général sommaire, mais suffisant, avec douche et WC dans la chambre. Après avoir traversé le pont de Chengyang, les hôtels sont regroupés en deux endroits : dans le village à droite du pont ou près de la rivière à gauche du pont. Si vous ne voulez pas être réveillés par les poules, prenez à gauche ! Les hôtels près de la rivière sont vraiment tout à côté du village. Dans le village, vous trouverez tout d’abord une auberge de jeunesse au confort sommaire, puis en continuant un peu sur la gauche des hôtels plus élaborés. Vous trouverez de petits restaurants dans la plupart des guesthouses et quelques micro-épiceries.
– Ballades à faire : ballade de plusieurs heures entre les différents hameaux, à travers les rizières (vous trouverez des plans sur des panneaux en bois au village).
Autre petite promenade : allez jusqu’aux deux points de vue en face du village pour voir le village d’en haut.
– Spectacle de chants et danses Dong : une ou deux fois par jour sur la place principale du plus grand des villages, Ma’an, à côté de la tour du tambour. Ce n’est pas trop notre truc, mais c’était quand même sympa !
Dans la région :
– Les rizières en terrasses de l’Echine du Dragon :
si vous venez ou allez à Guilin, vous pouvez vous arrêter aux rizières en terrasses de Longji : pour cela il faut aller en bus jusqu’à la ville de Longsheng puis prendre un mini-bus qui vous arrête aux pieds des villages de Ping’an ou de Dazhai (compter de 1 heure à deux heures de trajet selon le nombre d’arrêts, puis 20 minutes à pied pour Ping’an).
Le village de Ping’an est le plus touristique (nombreux hôtels de tout confort et restaurants), Dazhai l’est beaucoup moins (hôtels sommaires). Un droit d’entrée est demandé dans les deux cas.
Le plus intéressant est de faire une ballade facile d’environ 5 heures qui relie les deux villages : par exemple, si vous dormez à Ping’an, vous pouvez aller en bus jusqu’à Dazhai puis revenir à Ping’an à pied. Cette ballade permet de voir à la fois les rizières de Dazhai, la campagne entre les deux villages, traverse d’autres villages et hameaux très peu touristiques et amène aux différents points de vue magnifiques de Ping’an. Attention toutefois aux horaires des bus entre Ping’an et Dazhai : les bus ne sont pas très fréquents, il faut en demander les horaires à l’entrée du village où l’on vous remet aussi un plan du site.
Prévoir deux jours et deux nuits, un jour pour le trajet et la découverte de Ping’an, le second jour pour la ballade, avec un départ au matin du troisième jour vers Guilin ou le pays Dong.
– Zhaoxing : c’est un autre village Dong près de la province du Guizhou. Nous nous y sommes rendus aller-retour de Chengyang. Dans ce cas, cela ne vaut pas la peine, car il y a beaucoup de route et ce site va devenir très touristique (double-voie et aéroport en construction). Par contre, si vous venez du Guizhou, vous vous y arrêterez forcément !
– Guilin et Yangshuo :
Guilin en soi n’est pas très intéressante car elle diffère peu des autres villes chinoises (ville moderne avec tout de même quelques pains de sucre), hormis son marché couvert. Elle sert plutôt de plaque tournante pour les différents points d’intérêt de la région. C’est là que se trouve le principal aéroport.
Yangshuo (qui se trouve à trois heures de bus de Guilin) est beaucoup plus impressionnante au niveau des paysages le long de la rivière Li. Mais hélas vous n’y serez pas seul ! Des hordes d’énormes bateaux remplis de groupes arpentent cette rivière tous les jours et enfument les pauvres touristes tranquillement assis sur leurs petits bamboo-boats ! Mais c’est un des paysages les plus connus de la Chine, alors, on y va !
Prévoir au moins trois jours, le temps d’y aller, de louer un vélo pour se ballader vers le pont du Dragon, de faire une petite croisière en bamboo-boat (sorte de petit radeau à moteur fait de troncs de bambous… en plastique) au départ de Yangdi vers Xingping… (pour aller de Yangshuo à Yangdi puis de Xingping à Yangshuo, bus publics). Vous pouvez aussi organiser ces sorties en passant par les hôtels ou les auberges de jeunesse.
Pour dormir tranquille, n’allez pas sur la rue centrale, mais plutôt vers la rivière ou dans les rues adjacentes, beaucoup moins passantes. Pour les restos, vous en trouverez partout !
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Cette chine du sud devrait le but de mon prochain voyage.
Une soirée impromptue comme celle que vous racontez laisse un souvenir inoubliable, et dans quel cadre !….
Mais quand votre séjour a-t-il eu lieu? Les choses changent si vite.
Bravo et merci
jpk