Le parc de Kopacki Rit est une réserve naturelle située dans la région de Slavonie Baranja dans une zone marécageuse aménagée à a confluence entre la Drave et la Mura. Une réserve ornithologique et animalière exceptionnelle, que les passionnés découvrent à la fin de l’été et à l’automne pour assister au spectacle rare du brame du cerf.
Kopacki Rit? Ce nom vous est peut-être inconnu si vous préparez un premier séjour en Croatie et recherchez des idées de destinations pour satisfaire votre envie de découvrir de beaux paysages et de privilégier l’exploration de la nature. Si comme moi, vous aimez jouer les voyageurs curieux et n’avez pas envie de limiter votre voyage à la visite des grands parcs touristiques, le parc naturel de Kopački rit en Slavonie est peu connu des touristes, mais n’en reste pas moins l’une des réserves naturelles les plus denses et impressionnantes du pays. Des multitudes d’oiseaux et d’animaux en ont fait leur repère, dans cette région, marquée par les affluents du Danube.
Kopacki rit, un univers de marécages dans la plaine danubienne et un trésor naturel méconnu en Slavonie
Ce n’est pas le parc naturel le plus fameux de Croatie et pourtant, Kopacki rit est l’un des plus riches en matière de faune et de flore. L’une des plus grandes zones humides d’Europe. Le parc de Kopacki rit situé près de Bilje en Baranja dans la région d’Osijek est l’un des emblèmes de la nature en Slavonie.
Créé en 1967, il s’étire sur près de 24 000 ha. Ses marécages constituent un écosystème dense, représentatif de la grande plaine danubienne avec sa réserve ornithologique, ses hordes de sangliers et ses troupeaux de cerfs, ses serpents et autres chevaux, qui évoluent en liberté. Chacun définit son territoire et fait sa loi. L’homme ne devient qu’un observateur interloqué par le spectacle imprévisible qui se joue sous ses yeux. Le parc de Kopacki Rit est organisé pour être à la fois un terrain ludique et éducatif pour faire découvrir aux petits et aux grands cette zone assez méconnue baignée par les affluents du Danube. On l’explore à pied, en vélo, en barque.
Une petite Amazonie au coeur des Balkans
On a coutume de dire que l’association de la Drava et du Danube révèle la magie des fleuves. Kopacki rit est une merveilleuse destination en famille dont le principal avantage est de rester peu touristique, si ce n’est comme attraction pour les régionaux et les croates plus généralement. La faune et la flore s’y révèlent surprenantes et forcent le touriste pressé à renouer avec l’essentiel : le rythme de la vie naturelle dans la « petite Amazonie du Danube »…
Les sentiers aménagés, les chemins des oiseaux, les marécages s’explorent à pied, en barque, en bateau, en petit train et surtout, les paysages se révèlent aux curieux en acceptant de prendre son temps. Adeptes du slow travel en Croatie ou curieux soucieux de pousser les portes plus confidentielles que celles des parcs nationaux très touristiques, vous allez adorer Kopacki rit; son univers poissonneux et amphibie, ses oiseaux et mammifères. Il n’est pas besoin d’être biologiste ou ornithologue pour apprécier l’âme de Kopacki rit. C’est un monde aux multiples facettes, où se conjuguent les marais à l’eau émeraude, les foisonnantes forêts remplies de gibiers et autres mammifères à dénicher lors d’une balade et les champs à perte de vue qui façonnent les paysages de cette région agricole si attachée à ses traditions. Vous devrez aiguiser tous vos sens, vous préparer à tout ce que vous ne pouvez imaginer en découvrant quelques photos. Si vous êtes habitué à ce genre d’expérience, vous verrez que vos sens seront constamment en éveil.
Le Kopacki Rit se révèle par la vue, bien sûr, mais aussi par les sons, les odeurs, les goûts. On ne l’imagine pas d’emblée, mais ce sanctuaire peuplé d’animaux familiers ou plus sauvages, n’est autre que la zone humide et la faune la plus importante d’Europe. Pas moins de 285 espèces d’oiseaux dont les pygargues à queue blanche, considérées comme menacées, les cygnes, les oies, cigognes noires et blanches, hérons bihoreaux et cendrés, grandes aigrettes, spatules, toutes sortes de canards cohabitent avec les faucons sacrés, redoutables prédateurs de ces terres, dont les assauts créent parfois la panique.
L’émotion est d’autant plus saisissante quand on admire l’envol par centaines ou milliers de ces oiseaux sur les étangs. Ils nichent et nidifient ici dans cette zone frontalière de la Voïvodine serbe et côtoient environ 40 espèces de poissons et 140 espèces de plantes et fleurs. Les guides de voyage évoquent en général l’Amazone de l’Europe pour décrire la richesse de cette plaine alluviale qui est l’un des visages du Danube les plus intéressants, à l’instar de son delta beaucoup plus touristique en Roumanie.
La réserve et biosphère Mura Drava Danube est un projet lancé en 2012 en vue de prévenir les inondations de ces rivières et favoriser un aménagement du territoire, tout en contribuant à une meilleure connaissance scientifique et écologique; sous l’impulsion et la co-direction des autorités administratives du ministère de ma culture croate et du parc national hongrois de la Drava et du Danube.
Des aménagements ont été aussi effectués à l’intérieur du parc de Kopacki Rit, afin de rendre faciliter la découverte des sites accessibles au plus large public, y compris les enfants ou les personnes plus âgées. Petit train et bateaux écologiques autorisent l’accès à des zones qui étaient longtemps inaccessibles pour les visiteurs.
Kopacki rit rappelle l’essentiel à ses visiteurs : la nécessité de prendre son temps pour appréhender cet espace fragile, où tout ne s’impose pas comme dans les parcs de Plitvice ou Krka. Il faut savoir patienter, aimer l’inattendu et les petits riens qui surgissent pendant un instant pour révéler tel oiseau ou tel animal dissimulé.
Quand vaut-il mieux visiter Kopacki Rit?
Tout dépend en définitive de vos attentes.
Kopacki Rit au printemps et en été : le triomphe de la vie
Au printemps, la réserve sort de l’hiver très long dans la région pour retrouver sa vivacité et sa verdeur. Recouvert de neige et de glace pendant une partie de l’hiver, le parc se révèle alors dans un dégradé de verts, qui surprennent par leur multiplicité et leur versatilité. Les étangs semblent fleurir et se parent de nénuphars, de roseaux, et d’autres fleurs rosées et blanchâtres, qui façonnent des paysages dignes d’un tableau impressionniste de Monet. Au même moment, l’essentiel des oiseaux reviennent peupler les marais sauvages, enserrés par les bois et forêts régénérés par la sève printanière.
Kopacki Rit en été ; c’est une excellente idée pour découvrir lors de votre visite l’essentiel des saveurs culinaires et viticoles de la Baranja. Le parc organise au mois de juillet des journées portes ouvertes, durant lesquelles des dégustations des vins et produits de Slavonie complètent les balades sur les sentiers.
Le brame des cerfs à Kopacki rit, l’événement du début de l’automne
Kopacki Rit à l’automne se transforme, s’empourpre par endroit et se colore de tons orangés et dorés à d’autres… C’est peut-être entre le milieu du mois de septembre et la mi octobre. D’autant que cela coïncide avec le moment le plus attendu de l’année pour les amateurs : le brame des cerfs. Le début du mois de novembre indique les premiers signes d’hibernation, mais en attendant, ce sont les sonorités qui dévoilent la palette d’émotions des populations de cervidés.
Tandis que les biches galopent en troupeaux serrés dans les sous-bois, les cerfs, jeunes et plus mâtures, font entendre la variété de leurs brames entre les indicateurs de présence, de langueur, de poursuite, de défi et de triomphe. Le brame des cerfs suppose une certaine connaissance préalable pour apprécier ce moment particulier, durant lequel les cerfs se concentrent sur leur quête amoureuse et sexuelle, au risque de paraître agressifs et aussi peu accueillants que les sangliers. Les cerfs se défient pour conquérir les femelles et le brame puissant du cerf triomphant ne fait aucun doute dans l’esprit du spectateur qui écoute chaque résonance et apprend à distinguer les nuances entre le départ de la quête et la satisfaction de la conquête.
L’un des meilleurs connaisseurs de Kopacki Rit, qui révèle à longueur d’années les merveilles de la nature croate s’appelle Goran Safarek. Il filme, photographie, étudie la nature dans tous ses états et ses oeuvres sont une invitation au rêve mais aussi à la réflexion sur la fragilité de certains environnements menacés par les actions humaines ou le réchauffement climatique. Il adore s’immerger et vivre en osmose avec l’environnement sauvage, dans le parc naturel pour l’observer de saison en saison en passant parfois des joueurs à essayer de surprendre tel ou tel oiseau, poisson ou animal.
En hiver, le parc semble endormi, d’autant que la rudesse du climat et la grisaille du ciel, dominante renforce le sentiment désertique. La neige souvent présente dans le paysage entre décembre et mars apporte la touche magique, que n’auraient pas les marécages hivernaux. Les oiseaux qui n’ont pas quitté la zone cherchent à trouver les rares espaces où les eaux ne sont pas prisonnières de la glace et se concentrent pour mieux affronter le froid, tandis que la végétation a revêtu un monochrome marron bien tristounet.
Si vous n’êtes pas encore convaincu de visiter Kopacki rit lors de votre séjour en Croatie, peut-être que le documentaire évasion Vue sur Terre : Croatie saura mieux que moi vous faire comprendre à quel point la nature insoupçonnée de la Croatie ne se limite pas à Plitvice ou Krka, si beaux soient-ils.
Consultez le site officiel du parc naturel de Kopacki rit
Expérimentez les traditions de Slavonie à la ferme Lackovic à Bilje
Une fois que vous aurez exploré le parc naturel de Kopacki rit, rejoignez Bilje pour faire une étape à la ferme de la famille Lackovic. Je ne recommande pas cette étape uniquement parce que les Lackovic sont des amis. Je les aime beaucoup, pour tout ce qu’ils donnent à leurs hôtes, leur simplicité, leur générosité, leur sens de la transmission de génération en génération. Leur passion de la terre, des légumes bio et des animaux les poussent de génération en génération à transmettre le meilleur des valeurs de respect de l’environnement.
La famille Lackovic c’est avant tout une formidable rencontre avec des amoureux du monde animalier et agricole. Leur ferme n’est pas qu’un espace de cultures, c’est aussi un rendez-vous rempli de surprises et de trésors insoupçonnés. Carpes, paons, oiseaux multiples, y compris des autruches vous n’en reviendrez pas !
Le soir, vous vous attablerez à la table d’hôtes tenue par les Lackovic, après que Slavica a préparé des plats simples et copieux, élaborés uniquement avec des produits faits maison. Ces plats qui composent la cuisine en Slavonie. Les traceurs sont la générosité et la patience.
Pendant des heures, son fils Srdjan part à la pêche pour ramener les carpes qui seront cuites à la broche sur des piques, si elles ne mijotent pas pendant des heures dans le chaudron avec du paprika et du vin blanc de Slavonie comme ceux de Daruvar, Đakovo et Slavonski brod. Considérée comme une sorte de bouillabaisse croate de l’intérieur des terres, alors que le brudet est la bouillabaisse de l’Adriatique, la fis paprika de Slavonie, servie avec des tagliatelles, constitue le plat phare de la région et y goûter est un rituel de passage.
Un séjour à l’agrotourisme Lackovic à Bilje est la garantie d’une formidable rencontre avec des personnes passionnées, qui aiment profondément la terre et elle le leur rend bien e leur donnant des ressources dont ils sont très fiers.