Chers amis, avant d’entrer dans le vif du sujet, nous vous invitons à allumer un bâtonnet d’encens et à vous installer confortablement entre des coussins accueillants ; maintenant, fermez les yeux et laissez-vous bercer par l’histoire d’une danseuse qui a préféré la danse orientale au tango ou autre salsa….
Dans les sociétés moyennes orientales traditionnelles, la danse était le loisir favori de la gente féminine. Pratiquée au sein de la maison familiale, la danse était aussi un moyen de resserrer les liens entre les générations ou de séduire. Pleine d’érotisme et de sensualité, la danse orientale est une preuve d’amour pour le mari. Voiles, écharpes, éventails, sabres, chandeliers allumés portés sur la tête, pièces métalliques qui tintent et bijoux scintillants – autant d’accessoires qui aident les rythmes rapides ou, au contraire, lancinants à se transformer en un véritable spectacle. Néanmoins, seules les danseuses professionnelles peuvent se produire en public; appréciées pour leurs grâce et talents, elles font briller les fêtes de mariage ou autres, dont elles sont les invitées d’honneur.
Dans la Roumanie de l’année 2010, un nombre croissant de femmes de tous les âges cherche à apprendre la danse orientale. Cerasela Hekman, connue sous le nom de scène “Kamilla”, est une danseuse expériementée qui donne aussi des cours et organise des ateliers de danse orientale pour les passionnées. C’est un lien subtil qui unit Kamilla à son art:
“Pour moi, c’est la meilleure manière d’exprimer la féminité telle que je la ressent. Les nuances et la palette de couleurs sont très larges. La danse orientale peut exprimer le raffinement, la force ou le pouvoir, elle se colle au corps de la femme. Il n’y a pas de norme qui demande une certaine taille ou un certain poids, c’est pour toutes les femmes, de tous les âges. Pour ma part, ça me va comme un gant. Toutes les parties du corps dansent. Les mouvements, très divers, nous aident à mieux connaître et maîtriser notre corps, à utiliser des groupes de muscles dont on ne connaissait même pas l’existence. C’est très complexe.”
L’appellation “danse orientale” s’applique à une variété de danses du Moyen Orient que la culture européenne a également désignée par l’expression “danse du ventre”. Kamilla explique que c’est beaucoup plus que ça:
“Beaucoup de gens considèrent la danse orientale ou du ventre comme de simples mouvements des hanches et de la poitrine; il faut savoir qu’en réalité, cette danse demande un certain niveau d’éducation afin d’être capable d’interpréter la musique avec subtilité et raffinement. La danseuse doit être consciente d’elle même en tant que femme, consciente de sa beauté, de sa richesse intérieure, qu’elle peut exprimer à l’aide de son corps et de la musique; elle doit non seulement être souriante et radieuse, parce que la danse apporte la joie, mais aussi avoir une certaine dignité”.
Parlons donc de la dignité, alors que cette femme consciente d’elle même et de sa beauté danse à moitié nue au grand enchantement de ceux qui la regardent.
“Pour que la beauté de cette danse soit mise en évidence, il faut que la taille et l’abdomen soient dégagés et bien visibles. C’est l’attitude de la danseuse qui fait la différence. Je n’y vais pas pour provoquer ou pour inciter; je danse pour vivre la joie que me donne la musique et on peut le faire d’une manière raffinée; il n’y a plus rien de vulgaire dans la danse, bien que certaines parties de mon corps soient exposées nues aux regards. Je sais très bien ce que je fais, je connais les limites, mes limites, et je le fais pour exprimer la beauté et non pas pour provoquer.”
Une nouvelle mode se répand actuellement parmi les femmes parties à la découverte d’elles mêmes, en quête de nouvelles manières de s’exprimer. Sous la pression des clichés que leur impose la société, elles font tout pour devenir plus féminines, plus séduisantes. La danse est un moyen d’y parvenir, dit Kamilla.
“Il y a pas mal de personnes, jeunes filles ou femmes, souvent arrivées à un certain âge qui me disent avoir longtemps cherché un tel cours. Je connais, moi, des dizaines, peut-être même des centaines de personnes qui ont souhaité faire ça. Pour réussir, il faut de la patience, afin de pouvoir maîtriser les mouvements; pourtant, la chose la plus importante n’est pas tellement la perfection des gestes; mais plutôt le sentiment que l’on a quand on danse, car beaucoup d’entre elles viennent ici pour un moment de détente et non pas pour la performance. Le plus important c’est qu’elles se sentent bien dans leur peau, qu’elles se plaisent et s’y plaisent. Vous devriez voir combien elles sont radieuses et souriantes à la fin du cours. Elles me disent se sentir plus féminines, avoir plus de confiance en elles-mêmes; elles aiment mieux leurs corps, s’acceptent davantage; leur démarche devient plus élégante et elles se tiennent plus droites. Il y a de la sensualité là-dedans, mais une sensualité raffinée – du moins c’est la façon dont j’envisage les choses.”
C’est ainsi donc que, deux fois par semaine – à Bucarest et à Cluj – Kamilla donne des cours de danse orientale destinés à cette catégorie de femmes qui souhaitent combler leur coeur, leur âme et leur corps. Combien d’entre elles apportent cette danse dans l’intimité de leur foyer, cela est plutôt difficile à estimer. Ce que l’on peut affirmer avec certitude, c’est qu’une sorte de complicité s’est instaurée entre les élèves de Kamilla, comme si elles disaient: nous avons un secret, nous connaissons une chose que vous ignorez, nous pouvons être contentes de nous mêmes.
Aut. : Andreea Demirgian; trad. : Ileana Taroi, Dominique
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