5000 kilomètres de cyclotourisme et de cyclo camping au fil du Danube… Une aventure à la fois humaine, sportive et touristique pour découvrir le plus long fleur européen, et parcourir une grande partie de l’Europe à vélo…
Découvrir le Danube à vélo ; une aventure de 5000 km en Europe
SOMMAIRE
1 L’Allemagne, Rhin, Forêt Noire et Danube
2 Vers la Via Danubia en Allemagne
3 Découverte du Danube autrichien
4 Cap vers Bratislava et la Slovaquie
5 De la Slovaquie à la Hongrie: la Danubie
6 Sur le chemin du retour…
7 Mais où est donc passé le Danube ?
8 Informations utiles
Des questions pour un projet de cyclotourisme? Déposez vos commentaires ci-dessous ou sur le forum voyage Europe, je serai ravi de vous aider !
L’Allemagne, pays du Rhin, de la Forêt Noire et du Danube
Arrivé à l’aéroport de Bâle, je décide de m’orienter vers Kembs afin de longer le Rhin. En traversant cette charmante bourgade et son château d’eau, réplique d’une tour de gué médiévale, je contemple les péniches sur le fleuve. Le trafic y est dense. Je trouve un réel changement lorsque j’arrive à Neuenburg-am-Rhein : c’est tout à fait l’Allemagne avec ses petits jardins biens soignés , décorés avec de vieilles bicyclettes recyclées en jardinières, rues propres et décorées de jolies sculptures. Neuenburg am Rhein a été fondée en 1175 par Berthold IV et son église gothique conserve précieusement une statue de1527. En quittant Mullheim, où je me perds dans un dédale de pistes cyclables, la direction de Baden-Weiler est enfin indiquée: Le décor montagnard est bucolique avec des grands espaces boisés de hêtres, noyers, noisetiers et des sapins qui culminent à plus de 15 mètres de haut. Je ne peux pas trop flâner car je dois rejoindre mon co-équipier à Schönau en Forêt Noire situé à 50 kilomètres de là, et il est déjà 16h30. Arrivé au camping sous la pluie, je ne tarde pas à m’installer et manger.
Le lendemain, mon co équipier n’étant pas au rendez vous, je laisse ma tente et mon chargement sur place, et découvre la ville de Schönau, située à 750 mètres d’altitude pour faire des provisions alimentaires, visiter la ville et faire un petit tour de 70 kilomètres à travers la montagne à un petit rythme, histoire de faire quelques photos.
En fin d’après midi, je profite du sauna du camping avant de passer à table. Je m’assieds sur le banc avec d’autres campeurs venus ici pour faire de la randonnée.
C’est à la fin du repas, que le gérant de l’auberge me taquine car j’ai mangé l’assiette d’un autre sans m’en rendre compte, ne sachant pas vraiment ce que j’avais commandé. Cela amuse les autres qui m’invitent à boire un digestif que je ne pourrai pas finir, n’étant pas habitué aux boissons alcoolisées. Le dessert est copieux puisque l’un d’eux fête son anniversaire et qu’il nous y convie tous. Une ambiance de refuge de montagne, avec un décor de trophées de chasse, de vieux ustensiles agricoles, et une musique country accompagnant le tout. Je m’endors profondément jusqu’à ce que je vois arriver mon copain Bao. Celui ci, ingénieur en retraite, s’est donné comme objectif d’atteindre Budapest en quinze jours pour son ultime voyage à l’étranger en cyclo camping. Il m’explique qu’il a eu toutes les peines du monde pour récupérer son vélo parti une semaine avant par le train…je connais la chanson car moi aussi j’en ai déjà été victime. Il a été contraint de dormir en haut du col à Schweighof dans le froid et la pluie. Après un déjeuner copieux à l’auberge du camping, on repart gravir le col de Feldberg à 1233 mètres d’altitude.
J’ai tout le temps de regarder le panorama puisque Bao arrive deux heures plus tard. J’en ai profité pour me laisser inviter à la terrasse du café situé en contrebas et qui offre une vue exceptionnelle. La température est de 7°C; on ne tarde pas à redescendre le col à une vitesse de 80 km/h pour contourner le lac de Titisee et ainsi arriver à Neustadt, où on prolonge la route jusqu’à Löffingen, charmante petite ville où on est accueilli chaleureusement par des gens en costume du pays au bord d’un immense poêle en faïence qui diffuse une chaleur douce dans toute la pièce. Löffingen, situé à 850 mètres d’altitude, possède une jolie petite église catholique érigée au XI° siècle, mais totalement remaniée au XVII et XIX° siècle avec, notamment, un plafond richement décoré où on peut distinguer St François, St Boniface, St André, St Charles, le prophète Ezéchiel et Daniel. Les tableaux représentent le dernier repas et la mise en linceul. Les vitraux, eux, très bien conservés, sont de l’origine de l’église et datent de 1094 (cela est indiqué sur un le vitrail de gauche)
Nous quittons le lendemain Löffingen et sillonnons les routes campagnardes vallonnées de la Foret Noire pour nous rendre à Donaueschingen , la source du Danube où l’on fait une visite rapide de la ville . On peut y remarquer de belles façades du XIX° siècle car toute la ville avait été auparavant dévastée par un incendie. L’intérieur de l’actuel hôtel de ville recèle un lustre gigantesque enrobé d’un escalier en pierres ainsi qu’une petite fontaine avec femme en costume traditionnel de fête. Nous nous décidons à enfourcher nos vélos en début d’après midi pour finalement nous apprêter à dormir après avoir parcouru une centaine de kilomètres dans une «jagerhaus» abris de chasse avec barbecue et le Danube à 20 mètres en contrebas. C’est l’endroit idéal pour y passer la nuit. On cache les vélos, monte la tente dans le logis car il n’est pas fermé et vers 20 heures on s’endort profondément
On arpente des routes bordées de pommiers, poiriers, jusqu’à Riedlingen en passant par Gesingen, Tuttlingen, Sigmaringen, jolies villes avec des fontaines, et églises remarquables.
Après avoir visité Riedlingen, on se laisse inviter par le vicaire de la ville, d’origine vietnamienne, qui nous reçoit chez lui pour le repas du soir. On retourne la nuit tombée au camping qui se trouve en dehors de la ville.
Après le petit déjeuner (la propriétaire du camping, avenante et hospitalière, insiste pour que l’on goûte à son fromage, et n’hésite pas à nous donner une portion hors norme), avec un accueil digne d’un hôtel de luxe, on a du mal à quitter le camping et lorsqu’on reprend la route sur Ehingen, on a peine à avancer, le ventre repus.
Chaque fois que l’on mange le soir dans un restaurant, il faut réclamer du pain, à croire qu’ une tranche de pain suffit pour nourrir un cycliste qui a parcouru 130 kilomètres dans la journée. Certes, on s’est gavé de pommes tout au long de la journée mais tout de même…visite de Ulm et camping le soir à côté de Gunzburg après 108 km.
On voir encore des habitants avec leur costume traditionnel avec chapeau à plumes…
Nous passons donc en Bavière, cheminons sur le parcours du «jakobweg» jusqu’à Donauwörth.
Vers la Via Danubia en Allemagne
Donauwörth
Ne trouvant pas de camping, un passant nous indique que le club de canoë kayak accueille les campeurs si il n’y a pas de colonies de vacances. Nous nous y rendons et y sommes accueillis à bras ouverts alors que les membres de l’association font une réunion dans une bonne ambiance.
Nous nous installons sous le préau et visitons un peu la ville avant de nous endormir. Le lendemain, on se promène tranquillement avec pour préoccupation de trouver un cyber café pour rassurer la famille et les amis, faire des emplettes pour refaire les provisions de nourriture. La cathédrale de style baroque est surchargée de statues, et l’orgue de bonne facture, trône sur une balustrade dorée. Je pense comme Bao qui lui est bouddhiste, que Dieu ne veut certainement pas cet étalage de luxe et nous sortons de cette cathédrale un peu dépités.
On traverse Neuburg an der Donau, ville entourée de plusieurs châteaux…
Le soir, vers Kelheim, un fermier nous invite à nous installer sur la paille dans la grange…cela tombe bien car la nuit promet d’être pluvieuse. On se restaure avec les restes de midi, des fruits et des tomates, qu’il nous laisse généreusement à disposition dans un sceau. Un excès de fruit ou de l’eau pas très propre m’incommode et je passe une nuit fort désagréable. Le lendemain, vers Regensburg(ou Ratisbonne) on aperçoit les ruines de Walhalla, un temple romain érigé sur la falaise. D’ailleurs, on suit depuis deux jours une voie romaine.
Roulant près du rivage du Danube sur la via danubia, on s’arrête quelques instants pour prendre des fruits que les habitants vendent
avec fleurs, légumes, sur le bord de la route. La piste cyclable est souvent en cailloutis ce qui, malgré des pneus très souples, m’amène à
Regenssburg changer la chambre à air suite à une double ou triple crevaison. Je suis toujours malade et quand on arrive à Deggendorf, Bao m’attend dans un camping plutôt sommaire. On fait la connaissance d’autres cyclos d’origine autrichienne qui font la liaison Danube Rhin. Intrigués par le vélo couché, je leur fais essayer et ils en sont agréablement surpris. On rejoint Passau après 70 kms seulement de route, mais je n’en peux plus, m’arrête régulièrement. Le soir, je suis guérit et donc Bao m’invite à aller manger du chevreuil et de la soupe dans un restaurant-théâtre au centre ville de Passau, ville équipée d’un port pouvant recevoir de gros navires de plaisance. Une halte touristique et culturelle s’impose et après s’être installé au club de canoë kayak, on flâne en ville.
Départ de Passau vers Linz en badaud …puis une panne survient sur mon vélo. Bao pense qu’il s’agit tout simplement de la clavette qui se dévisse. Cette panne nous permet de rencontrer trois globe trotteurs, Aurèle, Rachelle, et Lorraine d’origine suisse. Ils viennent d’Inde, en traversant le Tibet, le Boutant, l’Ouzbékistan, le Pakistan, l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie…
Ensuite on fait la rencontre d’un couple à vélo couché d’origine autrichienne. C’est vrai que l’on vient de passer en Autriche ! Les paysages sont grandioses, superbes, et reposants.
L’Autriche : découverte du Danube autrichien
Arrivé à Linz, le propriétaire du camping nous explique que le Danube ayant débordé, le terrain est plutôt boueux…mais on n’a pas le choix, il se fait tard et on a déjà fait 140 kilomètres. On s’installe à côté de jeunes roumains qui nous expliquent qui vont en France pour rejoindre de la famille, mais il y vont à pied…Bon courage !
Les Autrichiens pratiquent beaucoup le sport : le vélo, l’aviron, le roller en ligne, le marathon, et la marche pédestre. Tous les ponts sont équipés de rampes hélicoïdales pour permettre un accès plus aisé au cyclistes C’est impressionnant de voir le soir toutes les classes sociales s’entraîner sur les pistes cyclables, dans les bois, ou des pistes y sont spécialement aménagées selon le niveau de capacités : des pistes sont dédiées pour la famille, pour ceux qui pratiquent régulièrement du vélo, et pour ceux qui font de la compétition avec un degré de difficulté plus élevé (balisage en couleurs). Réveillé plus tôt que Bao, je prends de l’avance et il me rejoindra plus tard dans la matinée. On traverse Matthausen où d’ailleurs mon beau père a séjourné pendant la guerre de 1939 1945 avant d’être délivré par les Russes. A Tulln, jolie ville avec parcs et animations, on écoute un ensemble instrumental qui interprète un florilège de musiques plutôt emphatiques. La particularité de cette ville est que la digue qui les protège sur Danube se trouve au dessus de la ville. L’invasion romaine est omni présente, et les objets précieux, les statues, les ustensiles, et autres sont déposés dans le musée prévu à cet effet.
Je fais visiter Vienne à Bao, ville que je connais déjà pour y être allé dans ma jeunesse avec l’orchestre, une ville riche et majestueuse faite de grande bâtisses en pierre de taille, ville très propre, des façades monumentales sculptées. On traverse le parc du château avec Michel, un nomade qui a campé avec nous cette nuit et qui nous a bien dépanné en eau et avec qui on pique nique dans un petit labyrinthe végétal à la française, face au château. Les fontaines sont en cours de réparation et les ornements sont remis après réfection avec beaucoup de soins. On passe sur l’île centrale de Vienne où les gens s’exposent sur le rivage herbeux et ombragé du Danube, au soleil, dénudés. On continue notre route par le chemin de hallage, bordé de saules, pommiers, acacias, poiriers, jusqu’à Petronell Carnuntum, ville réputée pour ses vestiges romains (amphithéâtre, temple, thermes et villas…)
On s’endort sous la tente près d’un gymnase avec toute l’infrastructure qui convient.
Cap vers Bratislava et la Slovaquie
Bao arrivant trop tard, épuisé, exténué ne tarde pas lui aussi à se coucher. Partant au levé du jour en direction de Bratislava (Presbourg) on passe sous une ancienne porte médiévale à Haimburg. On arrive à Bratislava et après avoir rapidement visité la ville et ses statues amusantes, fait quelques emplettes (achat ambre) regardé quelques belles bâtisses, on s’oriente vers Samorin et Dunajska Streda. Un peu avant cette ville , je perds de vue mon co équipier que je ne retrouverai même pas à Budapest. Que lui est il arrivé ? Je commence à repérer un stade où éventuellement on pourrait dormir, un préau d’église, un abris de bus scolaire un peul éloigné de tout, une aire de pique nique (on pourrait dormir sous la table…) , bref, je l’attends en faisant mille fois le tour de la ville sans succès. Vers 23 heures, mon campement se fixe finalement dans le stade derrière la grande haie, sous le préau qui sert de tribune d’honneur. Je perche la nourriture loin de la tente ainsi que les vêtements sales au cas où un renard passerait par là… ici, c’est souvent qu’on en croise, de jour comme de nuit. La pluie tombe dru.
Je garde un très bon souvenir de la Slovaquie. La piste cyclable qui longe le Danube est certes en cailloutis et parfois en voie sans issue, mais le paysage vaut la peine de prendre le temps de l’observer, la faune y est abondante, la flore aussi. C’est un univers sauvage, pas industrialisé, et lorsque je passe dans un village, les habitants veulent discuter avec moi, mais je ne parle ni le russe ni le slovaque alors ils s’essaient à parler en allemand. Je leur achète volontiers des figues, des pommes, du raisin, des poires, des noix (que j’aurai pu ramasser moi même sur le bord de la route…) et même goûte leurs beignets de pommes ainsi qu’une spécialité de fromage frais non écrémé pas très digeste et calorique…mais c’est pas bien grave vu que dans la journée je pense l’éliminer facilement.
Le chemin est calme, loin de tout, tellement loin de tout que je me perds. Le meilleur moyen de connaître un endroit et de s’y perdre…et je peux dire que la prochaine fois, je n’hésiterai pas sur le parcours qui relie les deux villages, quitte à prendre la route asphaltée, vu que la circulation est quasi nulle dans cette région. J’y ai même vu des routes surdimensionnées par rapport à leur trafic, ce qui est tout le contraire dans la banlieue de Bratislava. Je fais mes courses à la coopérative pour 100 couronnes slovaques (environ 3€). Il n’y a que du chocolat à pâtisserie, de la viande séchée, 250g de jambon ( qui est excellent), du fromage, de la saucisse sèche, quelques friandises, et planque le reste de l’argent dans le bidon avec les pièces mécaniques de rechange . Ici, les habitants font leur jardin potager et les cultures sont souvent du maïs, de la betterave à sucre, des carottes, des pommes de terre, des navets, des blettes et autres légumes.
Je mange à midi à Komarno dans un restaurant en exposant mon vélo bien en vue pour que Bao l’aperçoive…mais toujours rien! Je règle l’addition 100 couronnes slovaques (trois euros) pour un repas complet, fait un tour au marché qui ressemble aux souks marocains. Je laisse le vélo pour me promener tranquillement pour voir la place européenne où en effet toute un petit village est reconstitué en représentant les façades de tous les pays d’Europe avec une magnifique fontaine au centre. La galerie marchande est très belle aussi. Les travaux sont financés par la Communauté Européenne et tout le quartier en est embelli. Une autre initiative de soutien financier est celui de la fabrique de porcelaine du pays, richement et singulièrement décorée . Un artisan travaille le cuir et j’en profite pour lui acheter un petit sac pour une somme modique. Quelques boutiques sont installées dans les garages d’immeubles.
De la Slovaquie à la Hongrie …
Au coeur de la Danubie dans la région de Budapest
Je poursuis mon aventure au bord du Danube à vélo. Je traverse le pont pour retourner en Slovaquie et me décide à partir sur la route pleine d’ornières jusqu’à Sturovo, près d’Esztergom à la frontière Slovaquie-Hongrie, que je traverse par le pont de fer « Marie Valérie » toujours le long du Danube en Danubie, dans la courbe du Danube. J’aperçois de l’autre côté de la rive la basilique d’Esztergom. Le lendemain, à midi, lorsque je veux sortir ma carte bancaire je me rends compte qu’elle n’y est plus alors que la sacoche est bien cadenassée.
L’appareil photo non plus…paniqué, je téléphone à ma femme pour qu’elle fasse opposition à la carte. j’aborde Vac où je traverse le pont qui me mène à Szentendre puis Budapest après 175 kilomètres. Budapest est une ville immense, je perds espoir de retrouver Bao et me concentre sur la visite touristique. Il fait froid, un brouillard épais enveloppe la ville coupée en deux par le Danube. Le parlement de Budapest est imposant, le château royal et l’église proche dominent cet ensemble imposant de toute beauté, d’un raffinement et d’une prouesse architecturale. Je grimpe sur la grande colline pour avoir le plus beau panorama dans l’idée de prendre des photos. De là, je me dirige sur Peste en vue d’aller sur l’île Margit-Sziget, un immense parc. L’angélus tinte et je retourne au camping comme convenu avec lui mais il n’est pas là non plus. Y a –t-il plusieurs campings à Budapest ?
Exténué, je m’endors profondément jusqu’à huit heures du matin. Visite de la ville de Budapest, puis le lendemain après 160 kilomètres j’arrive vers Baia Mare, à Baia Sprie. Il se fait tard, je n’ai pas trop le choix, bien que le camping ai l’air abandonné, j’aborde la réception et là on m’indique un emplacement prévu pour les tentes. Je m’installe donc près de deux camping-car, et m’endors vers vingt et une heures. Il est trois heures du matin lorsque je sens ma tente bouger. Elle est pourtant cadenassée et reliée avec mon vélo par une longe avec des grelots. Je commence à craindre le pire ! En effet, la clarine sonne : «qui va là?». Je perçois le souffle de mon agresseur. Nulle doute il ne s’agit pas d’un animal mais bien d’un rôdeur.
Il tente d’ouvrir ma tente mais le cadenas lui résiste. Je prend mon sifflet pour donner l’alerte qui a pour effet de les affoler : ils deviennent plus méchants, essaient de me terroriser, Je reçois des coups de pied à travers la toile de tente, puis un coup sur la tête. Malgré ma cagoule et ma casquette en fourrure polaire, je ressens comme un coup de massue et perd légèrement la notion de l’équilibre pendant quelques instants. Je me ressaisis, sors de ma tente en catastrophe après avoir maintes fois sifflé et c’est alors que je vois un gars, trapu, qui m’attend avec des cailloux dans la main. Je comprends que je vais être lapidé et protège mon visage tout en m’avançant. Les deux autres agresseurs se tiennent à l’écart le temps qu’un autre campeur vienne à mon secours. Les deux reçoivent de ma part un coup de pied dans la tête cela a pour effet de recevoir les projectiles qui m’étaient destinés. Ils se sauvent ayant l’impression que je vais abandonner la bataille. Je saigne du bras, j’ai mal aux épaules et aux côtes…mais je suis tellement énervé que je les poursuis avec l’autre campeur qui est aussi blessé ainsi que le propriétaire du camping qui sort avec sa carabine mais lorsque nous maîtrisons l’un des trois agresseurs, les deux autres s’enfuient dans leur fourgon et nos biens avec.
Pour ma part, on ne m’a rien volé. Je panse mes blessures avec les compresses imprégnées et une pommade cicatrisante puis une bande pour contenir le tout. Les allemands qui dormaient dans leur camping ont été les plus touchés: de l’argent mais aussi le caméscope numérique, un appareil mp4, etc… inutile d’essayer de se rendormir car le gardien du camping a averti la police, qui, nonchalamment, sort des feuilles de rapport et questionne l’individu arrêté. Visiblement connu de celle-ci, ils le mènent jusqu’à la voiture où ils l’accroche avec l’anneau prévu pour remorquer celle-ci. Là, ils commencent à nous interroger les uns après les autres et ne parlant qu’un peu d’allemand, ils ne s’attardent pas trop sur mon sort, privilégiant les autres pour essayer de récupérer le butin embarqué. Je les soupçonne de connivence avec le gardien du camping qui n’est pas du tout inquiété. En bref, le brigand sera certainement vite relâché puisque le principal pour la police ici est que le butin soit récupéré.
La Hongrie est un pays sale, où les routes sont en mauvais état. Je suis dégoûté… les gens étaient si gentil en Slovaquie que je ne comprends pas pourquoi il n’en est pas de même pour la Hongrie. Je garde une mauvaise impression.
C’est effarant de voir le nombre de boutiques de casinos, de jeux de hasard, de bar à hôtesses, de courtisanes qui sont à l’affût et qui accompagnent certains hommes oisifs…manège sordide devant un policier qui leur sourit.
Le verdict étant une clavicule cassée, de grosses plaies aux bras et dans le dos, une côte fêlée, je me vois mal prolonger mon voyage initialement prévu jusqu’en Albanie. Je passe donc un message à mon copain qui devait me rejoindre en cours de route à Baia Mare, pour lui expliquer ma mésaventure. Il répond que la Bulgarie, la Slovénie et l’Albanie sont des pays montagneux et que je ne pourrai pas traverser les Carpates à hauteur de Sibiu avec une seule main au guidon. Je comprends alors que c’est la fin de mon périple. Je retourne donc en direction de Budapest pour prendre le temps de faire du tourisme, vu que maintenant j’ai trois mois pour rentrer au bercail.
Sur le chemin du retour…
Je passe par Gyorzenivan, pour éviter la route principale interdite aux vélos, aux charrettes, et aux tracteurs puis un habitant me guide gentiment avec sa bicyclette par un chemin en terre battue jusqu’à Mosonmagyovar où je fais halte pour reprendre des forces. Le soir tombé je me trouve déjà à la frontière autrichienne et m’installe à Nickelsdorff. Là, on me soigne correctement et je me repose une matinée avant de reprendre la route en direction de Vienne (j’y était il y a dix jours) par le même chemin qu’à l’aller, puisque c’est plat. Les douleurs à la clavicule se font ressentir et je commence à méditer pour décider le chemin du retour. Mon idée est de suivre les rivières, je m’installe au bord du Danube en face de Rosenbach, son église bleue et blanche, dominée par son château médiéval entouré de murailles partiellement en ruines. Cette région qui borde le Danube a un climat privilégié et est peuplée depuis des millénaires.
On y a retrouvé une « Vénus dansante » à Krems datée de 32000 ans avant JC, mais aussi beaucoup de vestiges romains. En direction de Melk, Linz où j’arrive à 19 heures j’y fais la connaissance de jeunes cyclos autrichiens qui font un bout de chemin avec moi et ils semblent s’adapter à mon allure : ils n’ont pas l’air pressés. Nous passons devant un champ de betterave à sucre, une culture de raisins et ,c’est là que l’on fait la remarque suivante : les autrichiens n’hésitent pas à embaucher des roumains comme récoltant agricoles. On change de rive en traversant le pont pourvu d’une rampe hélicoïdale pour les vélo, pour changer un peu. La pluie est froide et il fait 5°C. Si cela persiste on va avoir encore droit à la neige ! On fait une étape de 143 kilomètres et le lendemain on arrive à Passau où on dort au club de canoë-kayak. Pourquoi aller se compliquer la vie ? Le Danube est le protecteur des oiseaux sauvages, des écureuils, des belettes. La flore y est abondante aussi avec entre autres, des colchiques. Je dors le soir à Kleipechwazach dans une ferme avec à quelques mètres de là, deux autrichiennes cyclotouristes qui parlent très bien le français et qui vont dans le sens inverse pour retourner chez elles après avoir visité la Bavière. Chacun mange de son côté et je m’endors vers vingt heures.
A six heures je me prépare pour joindre Straubing, et Heermsaal où je suis accueilli le soir par le même fermier qu’à l’aller. J’ai eu droit à la grêle toute la journée alors j’ai choisi cette solution pour ne pas avoir à installer ma tente. Je prends mon duvet, ma couverture de survie et m’installe dans la paille. Je suis réveillé par une volée de cloches : ici les matines
imposées par l’Eglise sonnent dès 5 h 30 ! Un délice de tranquillité contrarié et je n’ai pas d’autre choix que de me lever et de me préparer pour arriver ce soir à Hausen, un des derniers campings ouverts dans la région à 601 mètres d’altitude. Après une centaine de kilomètres, j’y parvient . Une tranquillité qui m’apaise .
La région d’Obère est un parc naturel dans lequel il y a environ 70 châteaux remarquables, une vingtaine de sites romains, des sites préhistoriques. Les touristes viennent ici faire de la randonnée, de la spéléologie, de l’escalade où des rochers sont aménagés classés. Le camping de Hausen est confortable et le propriétaire parle très bien français (camping Wagenburg).
Mais où est donc passé le Danube ?
Un panneau pédagogique explique que celui ci s’infiltre dans la nappe phréatique pour ressurgir 30 kilomètres plus loin…curieux (voir le site…)
Le soir, à Ulfingen, les campeurs venus pour faire des cures thermales en profitent pour faire la java. La route sillonne jusqu’à Bondorf reconnaissable avec son parc éolien et là une descente sur 24 kilomètres. Je me prépare : avance rapide, position couchée, contrôle de la bagagerie, des freins, j’enclenche la couronne de 57 dents et me voici propulsé jusqu’à Tiengen sans forcer une demie heure plus tard.
La route est bordée d’une rivière de montagne. Je laisse mes affaires au camping pour alléger mon vélo et me dirige vers la Suisse pour aller faire mes courses vu qu’ici le mercredi tout est fermé. La gérante du camping ne voulant pas que je fasse sécher mon linge dehors à la vue de tous, prend mon linge, le fait sécher et me le rapporte repassé et plié. Je n’en demandé pas tant ! Tiengen est une ville passionnante.
La ville y est traversée par une rivière de montagne. Une chapelle date de 1572, la maison patricienne de 1650, la tour de la cigogne fût, elle, construite au XIV ° siècle. L’enceinte de la ville, partiellement détruite date du XIII° siècle le toute sur des vestiges romains de 72 ans après JC. Trois châteaux ceinturent la ville.
A partir de Tiengen, je trouve sans difficulté la vélo route qui longe le Rhin, partagée avec des riverains et quelques cyclos. C’est une région très urbanisée et industrielle et la faune se fait nettement plus rare et le panache des tours de refroidissement des centrales nucléaires suisses n’y sont certainement pas neutres. Après avoir traversé Albruck et Laufenburg, me revoilà enfin dans un cadre calme et verdoyant, un vieux pont couvert en bois enjambe le Rhin: je suis à Bad Sackingen. Arrivé à 21 heures au camping de Sepois sur la route de Belfort après Mulhouse, je suis accueilli chaleureusement par le responsable du camping. Ce camping, situé sur l’ancienne gare juste au dessus d’un enclos à cicogne près d’un petit village où le lendemain matin je trouve tout ce qui m’est nécessaire. Je longe le Doubs par la vélo route afin d’arriver le plus vite possible chez un compatriote du C.A.C (cyclo accueil cyclo).
Le chemin de hallage n’est pas toujours entretenu et je suis contraint de prendre la N463 pendant quelques kilomètres… Philippe JC me rejoint et me reçoit comme un prince et me nourrit de spécialités locales : cancoillotte, et un genre de tartiflette, tarte aux pommes et fromages du pays. Ici, le fromage est plus crémeux : la race de vache laitière est la Montbéliarde. Il me fait visiter la ville, la citadelle Vauban, les vieilles maisons, les ruelles et m’indique le chemin qui me conduira dans l’Ain. On passe ensemble le tunnel du canal du Doubs, à Avane Avevrey. Pour éviter la circulation, je passe par Ocelle, les salines royales, près de la forêt du domaine de Chaux, puis à Arbois, patrie de Pasteur. Je monte sur le cirque du fer à cheval, les grottes de Doisnon, puis rejoins Montrond pour m’arrêter au Pont de Navoy dans un camping qui normalement est fermé…mais la propriétaire a pitié de moi et m’héberge. L’ancien pont de Navoy enjambe l’Ain où l’on pratique aussi le canoë. Je vais gambader au lac de Marigny, Champagnolles et ses alentours.
Parti à 7 heures de Pont de Navoy, j’emprunte la route qui sillonne à l’est en direction de Lons le Saulnier puis file sur Pont d’Ain par Cressia, Grigny, St Julien, routes vallonnées, pour parvenir au camping de Saint Nizier le Désert, à l’Est de Villefranche sur Saône, sur la vélo route des étangs après avoir parcouru plus de 140 kilomètres. Le lendemain, je me repose à Lyon chez mon beau frère. Jonathan m’accompagne dans le vieux Lyon, les ruines antiques de Fourvière, A 10h30, Jean Claude m’aide à sortir de Lyon en m’escortant sur une trentaine de kilomètres sur la d86 que je garde jusqu’à la Voulte sur Rhône sur Rhône, itinéraire que j’avais déjà parcouru auparavant. Je suis attendu à Livron sur Drôme chez des amis où je suis très bien accueilli. Je rencontre Albert S sur son vélo couché M5 et on en profite pour discuter des excursions que l’on peut faire dans le secteur et des derniers voyages effectués.
Cela fait 1 mois et demi que je suis parti et la fatigue commence à se faire ressentir. Le fait de faire du camping, d’avoir la contrainte de piloter le vélo avec un seul bras pendant plus de quinze jours, les douleurs à répétition, et le fait d’avoir été obligé pendant dix jours d’avaler des antibiotiques doit y être pour quelque chose. Mes amis me préparent un repas pantagruélique pour la journée dont je profite dans les gorges de l’Ardèche, puis de l’Allier pour établir ma tente après Ales, à Anduze, sur un terrain en terrasse sur lequel a été planté des oliviers. C’est mieux que la veille à Saint Martin de l’Ardèche, car là au moins je suis en pleine nature au calme. Je suis près d’une voie romaine. De plus, le paysage est magnifique.
En pleine nuit, j’ai la visite de sangliers qui gloussent près de ma tente mais dès que je «gueule», ils s’éloignent rapidement et je me rendors . Au petit matin, je me rends compte que j’ai dressé ma tente près d’une ferme mais le paysan du coin me laisse tranquille, beaucoup trop occupé à sa vigne, qui, d’ailleurs, a été envahie pris le mildiou. Je dégage pour reprendre ma route vers Ganges, Larroque, une jolie église fortifiée puis les gorges de l’Hérault, le château de Tonac, Dufort, Quissac, St
Hyppolite du Fort. Je m’achète de quoi manger, et une personne me demande de la monnaie. Je lui explique que je ne lui donnerai pas d’argent mais que je veux bien partager mes victuailles avec lui si il se donne la peine de venir sur le banc à proximité. C’est ainsi que l’on mange et discute ensemble des évènements de la vie qui l’ont conduit à cette misère. Je le quitte en lui serrant sincèrement la main et lui souhaitant beaucoup de courage, tout en lui laissant une fougasse achetée chez le boulanger du coin. Il me remercie et me regarde partir sur Pézenas où j’arrive vers 21 heures, fatigué d’avoir encore fait une étape de 153 kilomètres. Pézenas est une jolie petite ville chargée d’histoire où les marchands étaient autrefois riches d’où des hôtels particuliers de toute beauté avec des façades remarquables. A hauteur de Capestang, je trouve le chemin de hallage du canal du Midi et je suis le bord de ce canal jusqu’à la gare de Toulouse. Entre temps, je fais deux escales, une au camping de Villegly, petit détour afin de trouver un des derniers campings ouverts de la région, et j’en profite pour manger des tapas au bar du coin où les jeunes font la fête de dégustation du vin nouveau, puis à Castelnaudary avec tout au long du parcours, un vent de Nord est appelé «Cers» et qui ralenti sérieusement mon élan.
A Castelnaudary, je suis vivement accueilli par mon oncle et ma tante qui m’ont préparé afin de me reconstituer un cassoulet, des champignons, une tarte aux ananas.
Je me rue sur les raisins qui sont excellents et sors en ville faire quelques emplettes, me promener jusqu’au vieux moulin. Le soir, j’accompagne ma tante au jardin potager situé à deux pas de chez eux, sur le bord du bassin du canal, pour choisir les légumes pour le repas du soir non sans avoir goûté aux dernières tomates, aux salades dont je raffole, et grappiller quelques raisins et autres fruits par gourmandise. A Toulouse, ma cousine m’y attend avec un ami musicien. On discute des dernières tournées effectuées, du public, du futur programme, les impressions sur ses dernières compositions, les ébauches de sa prochaine commande. L’après midi est consacrée à la visite de la crypte de la basilique St Sernin, le musée Saint Raymond où l’on nous commente les dernières découvertes archéologiques suite aux travaux du métro toulousain. On découvre aussi des bustes de statues antiques trouvées à Ensérune, près de Béziers, et des objets du quotidien de l ‘époque phénico-punique du VII° siècle avant J.C. En déambulant dans les ruelles des vieux quartiers, on me dévoile des vestiges médiévaux insoupçonnés, des très anciennes cours intérieures, et des portes clavières insolites. Au petit matin, Jean Claude m’accompagne sur la route qui me mènera le soir dans le Comminges, en passant par Villeneuve-Tolosane par la voie cyclable, Fonsorbes, Le Fousseret, Aurignac. Je dors à la belle étoile près d’une rivière à Montmaurin, à proximité de vestiges gallo romains.
Il pleut, il fait très froid et au petit matin, je discerne la chaîne pyrénéenne enneigée à hauteur du château de Mauvezin. Un cyclo accueil m’attend à Tarbes mais il n’est que 16 heures et j’en profite pour aller jusqu’à Pau. De là, une journée me sépare de Magescq, le village où j’habite et où je suis heureux de retrouver mes proches, mon petit confort après deux mois d’absence et plus de 5000 kilomètres parcourus.
Tout au long de ce voyage j’ai pu profiter de la nature sauvage, me baladant à un petit rythme, en flânant, l’esprit curieux, avec les escales touristiques que j’ai voulues. Je me suis bien détendu peux dire que pendant 2 mois, j’ai apprécié les recettes culinaires de chaque région visitée, ai respiré le bon air de la Forêt Noire aux fins fonds de la Slovaquie….un rêve qui certes a été écourté pour des raisons de santé, mais un voyage inoubliable de par la beauté des paysages, de l’accueil charmant des habitants, de la découverte des vestiges archéologiques et la possibilité de faire de la bicyclette sans être gêné par la circulation….d’où les nombreux détours en France. Le trajet sur les rives des rivières du Doubs, l’Ain, le Rhône, la Drôme, l’Ardèche, le Tarn, l’Allier, le Gard, et enfin le canal du Midi…tout cela pour avoir des routes les plus horizontales possibles pour ne pas avoir à forcer sur la clavicule : ce n’est pas le chemin le plus direct pour relier Basel à Magescq !
Informations utiles pour visiter le Danube à vélo
Indispensable pour découvrir le Danube à vélo : le passeport, la carte d’identité, la carte internationale CPAM, une assurance rapatriement, deux cartes interbancaires (en Slovénie, en Slovaquie la carte bleue n’est pas appréciée au profit de la Master Card), un faux porte monnaie, des grelots et des cadenas pour les sacoches et pour la tente, une couverture de survie contre le froid, trousse à pharmacie, panneau solaire flexible 10W pour le rasoir, les lampes, le mp3, l’appareil photo, le rechargeur de piles, et autres… la photocopie des papiers d’identité, des bougies, des sacs plastiques et briquet le tout dans des petits bidons étanches. Pas de rations énergétiques, le mieux est de manger du bon pain avec du fromage, de la viande séchée, du riz, des boîtes de poisson à l’huile, des biscuits et beaucoup de fruits.
Pour ce qui est des vêtements, vu la période, des gants en soie avec des gants en néoprène, des vestes en fourrures polaires, j’ai bien dit des vestes que l’on peut facilement défaire tout en gardant sur soi, pour ce qui est des chaussures, je fais toujours avec des nues pied prévus normalement pour le canyoning, avec si il faut, des chaussettes de montagne par dessus d’autres chaussettes et pour isoler le tout quand il pleut, des sacs plastiques de supermarché. Pas de matelas auto gonflant car il suffit d’étendre le linge sur la bâche de la tente, un canif, des couverts (ne jamais utiliser les couverts dans les restaurants etc. encore moins chez l’habitant)..
Alors le vélo couché, qu’est-ce que c’est ?
Rien d’autre qu’un vélo, avec un pédalier, une petite roue de 20 pouces devant et une de 26 pouces à l’arrière, avec un véritable siège à la place d’une selle de vélo classique. La perception que l’on a de l équilibre est différente ce qui ne va pas dire que ce genre de vélo n’est pas stable, bien au contraire. En roulant, si le vélo penche à gauche, on rattrape le déséquilibre en tournant le guidon à gauche et inversement
Eh bien à l’instar d’un vélo droit, à se déplacer de manière efficace, confortable, propre, économique tant pour les voyages, pour les ballades, pour aller chercher ses légumes à l’amap, que pour le déplacement quotidien pour le domicile-travail. C’est le meilleur compromis entre impact environnemental et vitesse de déplacement.
Pour ma part, en voyage, chargé avec des sacoches, je n’ai vu aucune différence en montée. Ca brûle tout autant les cuisses et je ne me suis pas risqué à faire de la danseuse en vélo droit pour éviter de trop solliciter le cadre.
Enfin à ceux qui disent « non, c’est pas possible de faire des montées à vélo couché ! », je ne ferai que les inviter à voir le tableau des cols que j’ai passé à Vélo couché pendant mon voyage entre Toulouse et Gibraltar ou de consulter le tableau des cols franchis en bent sur le site de l’association française de bent (AFB).
Des sources disponibles sur internet démontrent schéma à l’appui que le vélo couché est plus efficace qu’un vélo droit, le gain d’efficacité dépendant du type de vélo couché.
Globalement, la position aérodynamique et le fait que les fesses et le dos soient calés et augmentent considérablement la poussée sur la pédale (pour peu que la musculature des cuisses suive), tout cela participe à ce constat, et ce malgré une longueur de chaîne plus importante.
A ce propos, le frottement de la chaîne ne dépend pas de la vitesse du vélo et reste à peu près constant puisqu’on tourne les pédales au même régime (c’est l’effet magique du changement des vitesses !). En revanche, la force de frottement de l’air augmente avec le carré de la vitesse et est surtout proportionnelle à la surface de frottement. Autant dire qu’allongé, elle est sérieusement diminuée et compense largement le frottement induit par la longueur de chaîne
Maintenant, personnellement, sur mon bent, je ne remarque que quelques km/h de plus (deux ou trois aux alentours de 25km/h) par rapport à mon vélo droit de voyage. En comparant ce qui est comparable (mon vélo droit de voyage avec le vélo couché de voyage aussi), la différence n’est pas significative… Attentions aux spéculations !
Enfin pour conclure ce paragraphe et pour les accros de la comparaison, je rajouterai deux ou trois données intéressants : le record de l’heure à vélo couché établi par Sam Whittingham sur vélo couché de course entièrement caréné est à 84,215 km/h. Le record de vitesse à vélo couché (entièrement caréné lui aussi) et établi toujours par Sam Whittingham à 130,36 km/h (sur 200 m lancé).
On me parle là de différents types de vélo couché… Je pensais qu’un vélo couché reste (par opposition aux short wheel based (empattement court), des guidons hauts par opposition aux guidons bas, des guidons bas à prise directe sur le cadre, des guidons bas avec biellette de renvoi, des vélos couchés avec des roues de diamètre 20’’x20’’, 20’’ à l’avant et 26’’ à l’arrière ou bien encore 26’’x26’’. On pourra aussi parler des vélos couchés de course, généralement équipés en 20’’x26’’ sur lesquelles les roues sont très éloignées pour que le pilote se trouve le plus allongé possible le plus près du sol, on pourra encore parler des vélos couchés de randonnée plus hauts, plus robustes équipés d’amortisseurs à l’arrière… Il existe même un constructeur tchèque qui a sorti son modèle mountain bike car l’avantage du vélo ,couché est de ne pas être gêné par les couronnes dans les obstacles, puisque celle ci est placée nettement plus haut.
La position allongée est vraiment confortable…comme dans un fauteuil , respiration optimale car cage thoracique ouverte, une sensation de glisse dans les virages en descente, pas de mal au dos, ni aux poignets, ni aux coudes. L’autre avantage du vélo couché est que en cas de chute, ce n’est pas la tête qui bascule en premier, mais le vélo s’incline généralement sur la droite, côté fossé et toutes les chutes que j’ai faites depuis deux ans se sont fait sans blessure.
Apprentissage du vélo couché :
2 kilomètres pour avoir de l’équilibre dessus 20 pour rouler à peu près droit, et deux cent pour négocier un demi tour dans une rue étroite sans tomber et sans poser le pied par terre, et 2000 kilomètres pour bien maîtriser l’engin.
Philippe Durantou