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L’Empire des sens de Nagisa Oshima: passion charnelle; amour furieux (Cinéma Japonais)

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L’empire des sens, film scandaleux du cinéma japonais des années 70 réalisé par le cinéaste Nagisa Oshima raconte une histoire simple. Celle d’une passion charnelle mêlant sexualité crue et amour furieux. Un film qui fit la polémique à sa sortie et qui condamna quasiment la carrière des deux acteurs principaux.

L’empire des sens est un film qu’il faut voir, un moins une fois, pour se forger une idée tant il a longtemps suscité la polémique. Mais quel film est-ce donc? Il est des films que l’on dit « cultes », des films qui ont marqué leur temps, gravés comme par magie dans les esprits de tous, des films qui ont reçu la reconnaissance absolue pour mille et une raisons et que chacun pourrait mentionner de mémoire comme s’il s’agissait d’un exercice de récitation – pour moi, ce sont les Dents de la Mer, ne riez pas !-. Il est, à côté de ces indélébiles titres de pellicules, des films plus cultes que ses films cultes, qui font partie de soi, puissamment, étrangement et presque vitalement.

Chaque cinéphile possède, je pense, un film particulier qu’il place consciemment ou inconsciemment ou dessus des autres ; oeuvre dont la simple évocation provoque de profonds souvenirs et que l’on porte sans même s’interroger à l’acmé du 7ème Art. Un film que l’on garde bien souvent le plus possible pour soi, un film dont on parle peu, un film que l’on a bien du mal à présenter, à raconter tant il nous a chaviré. Un film « expérience », un film « univers », un film qui change la vie et dont l’on sait pertinemment qu’on l’aimera toujours, peu importe le temps qui passe et qui fait changer les goûts d’un instant.

Car ma rencontre hasardeuse avec l’Empire des Sens, m’a révélé à la manière de cataclysme un monde qui m’était tout à fait inconnu et m’a transformée en un sens, comme il me semble bien difficile devant vous de trouver, aujourd’hui, les bons mots, les mots justes pour évoquer ce qui semble à mes yeux à la fois indicible et terriblement intime… Puissent-ils néanmoins [mes mots] vous faire partager quelque peu de l’Emotion que ce film a su éveiller en moi et vous donner envie de le découvrir par vos yeux ou le revoir pour en saisir la force… !

Nagisa Oshima, cinéaste scandaleux ou briseur de tabous?


DIF LIM/ FRA/CANNES:NAGISA OSHIMA EN SEANCE DE POSE

Film franco-japonais écrit et réalisé par Oshima Nagisa (Furyo, Max Mon amour, Les plaisirs de la chair, La Cérémonie, Contes cruels de la jeunesse, l’Enterrement du soleil…)  Aï No Korida, entendez l’Empire des Sens en français, n’a pas manqué à sa sortie en 1975, ni lors de sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes l’année suivante de faire couler beaucoup d’encre. Ceux qui l’ont déjà vu par choix, curiosité ou ouïe-dire ou qui en ont un tant soit peu entendu parler sur des airs de scandale comprendront ma remarque : l’Empire des Sens est un film de sexe montrant quasiment que du sexe, un film des passions nous entraînant au-delà de la Passion bien que ce ne soit pas l’Empire des Passions du même auteur, mais surtout un film d’Amour pas comme les autres, montrant un Amour auquel le cinéma s’est trop peu intéressé. Même s’il s’en est fallu de peu pour éviter à l’Empire des sens le classement X (mal approprié du film en France et dans beaucoup d’autres pays grâce à la renommée de son réalisateur et si Oshima connut au Japon un procès à rallonge qui faillit lui couter son activité de cinéaste, réductrice serais-je si je me contentais de catégoriser l’Empire des Sens dans la section films érotiques, puisqu’il s’agit de bien autre chose selon moi… [l’Amour furieux].

Avec l’Empire des Sens, Oshima est apparu comme un cinéaste scandaleux, pendant les années qui suivirent la sortie et la diffusion (malgré les censures) du film. Oshima s’érige en briseur de tabous, en transgressif. Et ce n’est pas l’affichage d’une sexualité crue qui en fait un cinéma amateur de transgression. Dans une société japonaise pourtant extrêmement normative qu’il juge archaïque, Nagisa Oshima s’inscrit comme l’un des fers de lance de la Nouvelle Vague de la Shochiku (une major du cinéma japonais avec laquelle il tourna ses premiers films). A travers ses oeuvres cinématographiques, Oshima entend s’opposer au système et devenir le «porte parole de ceux qui dans son pays refusent le cinéma des anciens et la politique de son gouvernement»….  Car il estime que s’engager politiquement ne peut pas changer le système comme il le souhaiterait, il utilise son sens de l’esthétisme, son goût du formalisme,  pour servir une vision du monde sombre, désenchantée, pour ne pas dire absurde et nihiliste. Il considère son cinéma comme un potentiel « libérateur » grâce au pouvoir de la transgression. D’où son attrait pour des thèmes difficiles voire tabous, mélangeant souvent crime, sexualité, et une certaine violence (cannibalisme, sadomasochisme…), qui justifient une réputation de cinéaste sulfureux.


L’empire des sens, histoire simple d’une passion charnelle


Pour parler du synopsis sans trop le déflorer, L’Empire de Sens rapporte dans ses grandes lignes l’histoire de la jeune Sada, ancienne geisha devenue servante dans une auberge qui découvre une passion charnelle avec son patron Kichizo après l’avoir surpris dans ses ébats matinaux avec sa femme. Sada et Kichizo se lancent alors dans une escalade érotique épicée de rapports tenant vraiment de la joute épuisante et mortifiante… Vous l’aurez compris, l’intrigue de l’Empire des sens n’a guère d’épaisseur en soi ; je le concède aux détracteurs qui le jugent plat (voire injustement « soporifique » de ce seul fait et cela semble d’autant plus évident lorsque l’on manque de références essentielles sur le contexte social et culturel du Japon en cette période de militarisme effréné (1936) où l’Empire nippon aspire à conquérir l’Asie. Pourtant, il ne s’agit là que d’un a priori grossier quand on pose sur l’Empire des Sens un regard plus profond et humain.

Inspiré d’un fait réel ayant défrayé la chronique judiciaire, Oshima Nagisa, un peu comme Mishima en littérature, se présente en contemplateur du Japon contemporain et s’attaque délibérément aux tabous du sexe et des censeurs en contant la relation enflammée de deux êtres pour qui le désir d’amour et le désir de mort sont le même désir, le même plaisir et en filmant pour ce faire et pour la première fois au Japon, des actes sexuels réels. En outre, l’intrigue de l’Empire des sens semble se limiter, une heure et demi durant, à suivre ce couple libertin passant tout son temps à faire l’amour et cherchant, de regards sulfureux en jeux, de caresses coquines en culbutes et de souffles en orgasmes, tous les moyens possibles et imaginables pour arriver à une jouissance mutuelle, une fusion des deux corps uniquement réalisable, selon eux, dans la souffrance.

« Si les histoires d’Amour finissaient comme elles commencent, elles ne se finiraient jamais » [« La Grande Bouffe » – Marco Ferreri]… c’est pour éterniser, presque naïvement, leur amour dans leur chair autant que dans leur âme que Sada et Kichi n’en finissent pas de se donner… Alors que les personnages de La Grande Bouffe meurent en bouffant, ceux de L’Empire des Sens se tuent au propre comme au figuré à force de faire l’amour ! Il s’agit donc là d’une passion physique très simple car sans limites entre un homme et une femme – l’un étant l’alter-ego de l’autre -, une passion où érotisme, amour et mort s’appellent et se répondent sous l’oeil tantôt intrigué, tantôt fasciné, voire choqué du spectateur.

L’empire des sens, ou l’audace de la sexualité sans complaisance


Si l’Empire des Sens créa la surprise il y a plus de 30 ans, ce flm peut la créer aujourd’hui encore aux yeux des plus pudiques ou sensibles et fut pour beaucoup de critiques professionnels, avec le recul, largement surestimé sur le plan de sa réalisation et de son intérêt réel du fait de ses seules audaces, je ne peux pourtant que le défendre ! Loin de la mode «soft» suggérant avec complaisance l’acte sexuel et ses dérivés au travers des timides audaces d’Extase ou de l’assaut médiocre de dévergondage d’Emmanuelle pulvérisant des records de recette, la « sex-production » japonaise est d’un niveau nettement plus relevé, comme en témoignent des films tels que L’étrange obsession de Kon Ichikawa, « Éros + massacre » de Yoshishige Yoshida et surtout le film qui nous occupe aujourd’hui.

Empire des sens oshima

Que dire alors de l’Empire des sens si ce n’est que ce film est sublime autant que dérangeant, vibratoire et puissant ?! En une cinquantaine de visionnages, mon sentiment de plaisir n’a changé que pour mieux se renforcer : j’aime ce film pour son histoire tellement banale que l’Amour en devient bien vite le centre névralgique, ses décors somptueux et épurés dans la plus pure tradition nippone, sa musique à la fois sourde et pénétrante sur quelque air de semisen (guitare traditionnelle japonaise), la prestation de ses acteurs phares Fuji Tatsuya et Matsuda Eiko qui inondent la caméra de lumière et s’éprouvent à fleur de peau dans une harmonie parfaite ou encore la magnificience des images où chaque plan en deviendrait presque un pur bijou d’esthétisme. Servi par l’image de la Geisha, l’esthétisme habituel du cinéma japonais, sied merveilleusement à l’érotisme et au parfum d’interdit que dégage le sexe. Oshima, toujours très exigeant dans la recherche de l’émotion et de l’image, ne s’y trompe pas en transformant l’Empire des sens en acte d’amour total, féroce, convulsionné, déchirant et troublant.

Ici, la copulation est une chose belle, éhontée, densifiée par des images colorées et fouillées à la gloire d’un sexe sensuel bien plus qu’intellectuel qui rappelle combien le cinéaste se présente en adepte du Marquis de Sade et de Bataille. Sûrement est-ce sur ce point, d’ailleurs, que l’on mesure vraiment la profondeur de cette oeuvre luxurieuse où se détachent en filigrane nombre des traits saillants de la philosophie subversive sadienne notamment lorsque l’érotisation des tortures finit par compter autant que la conscience de réaliser l’impensable.

empire des sens nagisa oshima


Réussissant de manière admirable la gageure de dépasser cet aspect pornographique des scènes pour élever son film à la hauteur d’une véritable réflexion sur l’engrenage de la passion sexuelle, Oshima ne laisse pas une seconde indifférent et s’évertue à titiller le spectateur-voyeur, jouer, provoquer, montrer pour mieux dissimuler, dire pour mieux insinuer.

L’empire des sens, sadomasochisme, esthétisme et nihilisme


Séditieux, L’empire des sens l’est, tout d’abord, par l’explicitation inouïe des images qui ne nous épargnent rien surtout sous l’approche nymphomane et sado-masochiste qu’incarne Sada. Certains pourront estimer qu’Oshima est allé trop loin et que la crudité de ses scènes touche à l’obscénité, mais ce sont avant tout la jalousie, la méchanceté, les sentiments, le désir la possession qui sont remarquablement mis en exergue. Lèvres mouillées, vagins éclaboussés de cyprine et phallus toujours érectiles, fellations, pénétrations, partouzes, échangisme et autres joujous en forme de petit oiseau ou de «boules» ; toutes les scènes de L’Empire des Sens sont empreintes d’un naturel et d’une beauté qui enlèvent toute la vulgarité que le sujet était susceptible d’engendrer avec cette exploration scrupuleuse des organes mais surtout des comportements originaux et curieux du couple. Ainsi, assiste-t-on des corps-à-corps filmés sèchement au cordeau – je n’ose dire au couteau quand on découvre l’usage redoutable qui en est fait tout au long du film – et comprend-on mieux le titre originel, Corrida de l’Amour, insistant sur la mise à mort, des étreintes saisies à chaud comme des « meurtres » qui oublient parfois l’esthétique pour ne souligner que mieux les étapes d’une destruction nihiliste.

Liturgie du sexe, l’Empire des sens atteint cette perspective quasi mystique, ritualisée à l’extrême qui transforme la chronique galante en un hymne à l’amour absolu dont les seules frontières, placées au niveau de la folie, touchent à l’holocauste. Pour les deux amants, seul garde alors de l’importance le sexe constitué en Bonheur et en enfermement ponctué par ces petites « morts » que leur procurent l’abandon à leurs orgasmes mutuels. Entre quelques répliques comiques bourrées de sous-entendus qui dédramatisent la tension que génèrent les rapports (très) physiques du couple, Sada et Kichi s’explorent, se cherchent, essayent diverses combinaisons ou positions comme s’ils tournaient les pages d’un manuel de travaux pratiques qui n’a pas de fin, se dévorent surtout avec une voracité et une exultation incroyables pour expérimenter le véritable Amour et évoluer dans une relation qui peu à peu en devient aussi très spirituelle.

« On se jette volontiers dans l’abysse, pourvu que l’on projette devant lui une image rassurante… » écrivait Pascal. Sada et Kichi plongent. Masochistes, chaque personnage l’est à sa manière, mais c’est en Sada que vibre le danger omnipotent de l’amour à la vie-à la mort au moyen de quelques indices tels que le tatou de scorpion imprimé dans le lobe de son oreille ou le plaisir voyeur qu’elle prend à voir son amant baiser d’autres femmes ou à le menacer avec son poignard. Dans L’Empire des Anges, Weber donne une définition assez proche du masochisme révélé dans notre Empire : « à l’origine, il y a la crainte d’un événement douloureux à venir. L’humain a peur car il ignore quand l’épreuve surgira et de quelle intensité elle sera. Le masochiste a compris qu’un moyen de prévenir cette peur consiste à provoquer lui-même l’événement redouté. Ainsi, il sait au moins quand et comment il arrivera.

En suscitant lui-même l’événement pénible, le masochiste s’aperçoit qu’il maîtrise enfin son destin. Plus le masochiste se fait du mal, moins il a peur de la vie. Car il sait que les autres ne pourront égaler en douleur ce qu’il s’inflige à lui-même, il n’a plus rien à craindre de qui que ce soit puisqu’il est lui-même son pire ennemi inégalable. Ce contrôle sur lui-même lui permet ensuite d’autant plus facilement de dominer les autres et de ne plus craindre les regards. Il y a cependant un prix à payer.» Sada est ainsi : à force de lier la notion de souffrance à la notion de maîtrise de son destin, elle en devient anti-hédoniste : elle ne souhaite plus de plaisir pour elle et reste seulement en quête de nouvelles épreuves de plus en plus âpres et douloureuses, comme si le sexe, l’Amour en étaient devenus sa drogue.

L’empire des sens : du désir d’amour au plaisir de la mort


Curieusement, dans l’Empire des sens, alors que c’est bien l’homme qui donne son corps, la femme dévore sans jamais se rassasier et ne possède jamais rien d’autre que son fantasme. L’idée de son désir d’amour. Comme unique scène illustrant le masochisme de Sada, à la fois castratrice et femme transfigurant la conquête de l’acte animal, je citerais de loin sûrement la plus mémorable où Sada gobe un œuf – symbole de l’œil du voyeur – avec un gros plan du vagin happant l’oeuf et quelques secondes plus tard un gros plan sur la bouche avide de cette dernière qui observe Kichi en train de baiser une vieille geisha et de s’attaquer par la symbolisation à ce qui menace son amour, c’est-à-dire les yeux de tous, geishas, servantes observatrices et spectateurs. L’omniprésence du spectateur associée à l’usage presque abusif de la répétition reste l’une des signatures principales d’Oshima dans chacune des scènes clés du film.

Par peur justement, malgré ces regards qui se cachent derrière les panneaux coulissants faisant office de lever de rideau pour assister aux scènes intimes et tabou, on sent que rien chez ce couple n’est tourné dans le but d’exciter le spectateur, mais les actes sexuels sont ici des éléments indissociables de la passion amoureuse et deviennent même de plus en plus présents et extrêmes au fur et à mesure de leur isolation du monde extérieur. Entre la théâtralité des lieux et des jeux ponctuant les joutes – je pense notamment au public des Geishas et au danseur et à sa chanson dérivée de la tradition du bungaku qui vient clore le faux mariage -, l’habile liaison du sexe aux arts et au spectacle, la fausseté du fantasme traduite dans l’échappatoire d’une réalité qui est celle d’un Japon militaire et les espaces scéniques filmés sous peu d’angles différents pour renforcer le cloisonnement des amants, on pourrait croire que les deux amants ne veulent plus faire qu’un, comme s’ils devaient s’approprier l’un l’autre ou que l’un l’emporte sur l’autre …

empire des sens sada etrangle son amant

Car leur isolement est plus près du fantasme que de la réalité, il est représentation imaginaire. Toutes les images du total plaisir sont de dévastation et de mort : on dit brûlé, noyé, submergé, anéanti. On ne s’en remet pas de cet amour si rageur qu’il semblerait presque irréel… Qui, parmi vous, mesdemoiselles et mesdames, n’a dit un jour à son amant : «je voudrais mourir dans tes bras» ? Qui d’entre vous, Messieurs, n’a supplié sa maîtresse de faire de vous ce qu’elle voudra ! » ? A chacun de vous, amants « ordinaires », il est arrivé sûrement qu’un instant votre esprit soit traversé par cet appel tragique de sentir le piège vous saisir. Mais vous vous échappez, chassant ces pensées dangereuses, incontrôlables.

Sada et Kichizo, eux, ne s’échappent pas, ils vont jusqu’au bout, cédant à l’engrenage de leurs désirs et de leurs manques. Ils s’aiment, ils se goinfrent de leur chair et de leurs orgasmes sans répit, sans relâche, sans merci, acceptant tout l’un de l’autre, même le normalement inacceptable : la souffrance, la soumission, la mort… Et c’est là toute la beauté de leur Amour, celui qui transcende la pensée et les enveloppes sans se poser de questions pour se réaliser TOTALEMENT au risque de faire Souffrir… [Ils ne se disent pas une fois, «Je t’aime», ils le vivent et se le prouvent] !

On pourrait parler de Sada et Kichi comme des Roméo et Juliette d’une version «Hard», on pourrait prendre des raccourcis. Nombreux. Si évidents. Une fois n’est pas coutume on échappe aux violons, sempiternels sanglots, couchers de soleil sur l’océan, sentiments éternels avec beaucoup d’enfants en guise de happy end. Dans cette pornographie-là, si pornographie il y a, c’est surtout une oeuvre extraordinaire de beauté rare et violente avec un réalisme « physiologique », un caractère mortifère, désespérant et sanglant dans un huis-clos aussi asphyxiant que dérangeant, un érotisme passionnel, absolu et jusque-boutiste qui doit tout à deux corps et à deux visages.

A mes yeux, c’est peut-être (sûrement?) l’un des plus beaux films d’amour du cinéma. Un film dont la puissance et l’intensité restent intactes, dont l’audace, le pouvoir de fascination, l’expression de l’absolutisme de l’amour, du don de soi et de la possession totale à travers la relation à l’Autre demeurent stupéfiants…
L’empire des sens est un film inoubliable (et là, c’est un euphémisme)… Il est parfois bien difficile de ne pas savoir quoi dire pour faire comprendre qu’une œuvre est tellement sublime qu’elle en devient vitale. Donc c’est bien simple : il faut voir L’Empire des sens!

Le DVD de l’Empire des sens est de très bonne qualité que ce soit pour le grain d’image ou le son. Proposé en collector avec la suite commerciale, bien moins réussie : « L’Empire des Passions », L’empire des sens existe en version originale sous-titrée en français uniquement et en version française, une option de chapitrage, la bande annonce officielle acceptée en Europe et des scènes inédites qui ont dû être supprimées car elles étaient jugées trop poussées. Il y a également des commentaires sur la production, la réalisation et l’accueil du film en France. Surtout, regardez le film en VO pour apprécier l’harmonie et les sonorités magnifiques de langue japonaise…

Pour en savoir plus :

Sandrine Monllor (Fuchinran)

4 commentaires sur “L’Empire des sens de Nagisa Oshima: passion charnelle; amour furieux (Cinéma Japonais)”

  1. Si je puis essayer d’établir un parallèle  » Cinquante Nuances de Grey  » est loin aussi d’être un film pornographique ! Bien sûr il faut s’intéresser à la nature humaine à ce qui sommeille en chacun de nous mais n’allons pas choquer les âmes sensibles !!!

  2. C’est vrai que beaucoup trop le classent encore dans la catégorie des films pornographiques (s’ils le regardaient jusqu’à la fin, je ne suis pas sûr qu’ils auraient la même idée). C’est juste un très grand film, et une révolution de plus dans le cinéma japonais pour un Nagisa Oshima qui a beaucoup remué le monde du 7ème art dans l’archipel.

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