On peut dire que la nature a été généreuse avec la Roumanie. Toutes les formes de reliefs sont présentes sur le territoire et son extrémité sud-est est baignée par les eaux de la Mer Noire. La zone côtière roumaine, qui s’étend sur 244 km, est gérée par le Ministère de l’Environnement, par le biais de l’Administration Nationale des Eaux roumaines. Belle et attrayante, elle commence pourtant à créer des soucis. Une étude réalisée en 2004 montre que, suite à un processus d’érosion des falaises, les eaux avancent d’un demi-mètre par an – de manière intermittente.
Selon le ministre roumain de l’environnement, Làszlo Borbély, quelque 2.400 hectares de plage ont été engloutis par les eaux ces 35 dernières années. En l’absence de mesures urgentes, dans deux décennies, la Roumanie disposera d’une zone côtière très étroite. Des fonds ont été approuvés, dès 2007, pour financer des projets censés sauver cette zone, pourtant les travaux trainent.
Les effets de l’érosion de la côte roumaine de la Mer Noire sont visibles. La falaise de la ville de Mangalia, réhabilitée il y a 5 ans, s’est inclinée dangereusement et des morceaux de pierre s’en détachent de temps en temps. Un peu plus au nord, à Costinesti, la station de la jeunesse estudiantine par excellence, les tempêtes des derniers mois ont endommagé le petit port de plaisance. La force des vagues a disloqué des pierres et même les blocs en béton des digues ont été touchés. Au sud de Mangalia, à Vama Veche, à proximité de la frontière avec la Bulgarie, l’érosion a depuis longtemps échappé au contrôle. S’il y a quelques années, le périmètre couvert de sable était assez important, actuellement beaucoup de ces zones ne méritent plus le nom de “plage”, étant plutôt un amas de pierres et de déchêts. Càtàlin Anton, de la Diection des Eaux Roumaines Dobroudja-Littoral nous explique:
« L’érosion est un phénomène naturel. Il existe sur toutes les plages du monde. Il est pourtant tout aussi vrai que l’Etat doit souvent intervenir pour réhabiliter ces zones, surtout celles qui sont des destinations touristiques. C’est ce que nous avons, nous aussi, tâché de faire. Pourtant, les fonds alloués à cette fin, provenant du budget d’Etat, ont été trop minces pour assurer une intervention vraiement efficace. Les plages se sont rétrécies à cause de l’érosion provoquée soit par les vagues, soit par le vent. C’est un combat qui ne finit jamais. Chaque année, des travaux sont effectués pour protéger les plages. Pratiquement, chaque automne nous installons des clôtures de jonc sur les plages et chaque printemps nous couvrons de sable les zones errodées. Ce sont des mesures de protection nécessaires et normales, mais ça ne suffit pas. »
De l’avis des spécialistes, les travaux de protection ont abouti à la stabilisation de certaines portions de rivage, alors que d’autres parties restent toujours sous l’emprise de la mer. Ainsi, en l’espace de dix ans, la plage située à la hauteur de la Colonie de vacances internationale d’Eforie, a perdu 40 mètres, la partie nord de la plage de Neptun a, elle, reculé de 24 mètres, enfin, celle de Venus-Saturn compte 36 mètres de moins. Les experts mettent en garde contre le danger que l’érosion de nos zones littorales ne soit au moins tout aussi active que celle de ces dernières décennies. L’ampleur du phénomène s’expliquerait par l’action combinée du réchauffement global, des changements climatiques, de la hausse du niveau de la mer et des conditions géo-environnementales régionales sur le long terme.
Les estimations des spécialistes font état de quelque 83 hectares de pertes annuelles de terre ferme, dont la plupart occupée par des plages touristiques. La mer a gagné du terrain sur le sol au point que plusieurs plages mesurant jadis des dizaines de mètres de long sont à présent réduites à quelques mètres seulement. Il y a même des endroits où l’eau de la mer a rongé les côtes jusqu’à toucher la fondation des hôtels.
Parmi les autres causes ayant conduit à l’érosion notons aussi la réduction de la quantité d’alluvions déversée dans les eaux de la mer, suite aux aménagements hydrotechniques du bassin du Danube, tant sur le cours du fleuve que dans le Delta, ainsi qu’à la déviation des sédiments charriés le long des rives, consécutive aux changements des courants marins, engendrés par les contructions réalisées dans le port ou sur la côte. Càtàlin Anton :
«Aux côtés de spécialistes japonais, nous avons réussi, ces dernières années, à faire une stratégie d’ensemble d’intervention sur le littoral, ciblée sur le réaménagement des plages touristiques. Cette stratégie d’ensemble a abouti en 2007 à deux études de faisabilité concernant l’intervention dans les zones que nous et les spécialistes japonais avons considérées comme prioritaires. Il s’agit de la zone de Mamaia-Constanta, où l’érosion atteint 2 mètres environ par an, ainsi que de la zone d’Eforie. Les études de faisabilité terminées, nous sommes allés plus loin en remplissant les formulaires de demande de financement et en réalisant des études environnementales pour les travaux à exécuter sur le littoral roumain. A présent, nous avons mis le point final aux travaux de documentation, et rédigé la demande de financement que nous avons déposée à l’UE. »
Le financement est inscrit dans le Plan opérationnel sectoriel d’environnement et se monte à près de 134 millions d’euros. Ces fonds nous permettront d’intervenir, dans une première étape, d’une manière efficace sur les plages du littoral, plus précisément sur celles de Mamaia, Constanta et Eforie. Les travaux doivent s’étaler sur 5 – 6 ans, après quoi, on s’adressera une fois de plus à la Comission Européenne afin d’obtenir l’argent nécessaire pour les zones de la partie sud du littoral roumain de la Mer Noire. (aut. : Teofilia Nistor ; trad. : Mariana Tudose, Dominique)