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George Pistereanu et Ada Condeescu ; deux acteurs roumains à l’honneur dans les festivals internationaux

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« L’ours d’argent » et le « Prix Alfred Bauer », qui rend hommage au fondateur de la Berlinale, n’ont pas été les seules surprises agréables que l’équipe du film « Si je veux siffler, je siffle » a eues dans le cadre de ce célèbre Festival. Pour les protagonistes, Ada Condeescu et George Pistereanu, la projection de Berlin a aussi représenté une première occasion de visionner cette pellicule, considérée comme la favorite de la presse durant la majeure partie de l’événement.

Ces rôles de début, les deux acteurs roumains les ont obtenus au bout de plus de 6 mois d’auditions. «Jouer c’est comme si on sautait de l’avion. On ne peux plus rebrousser chemin, quelles que soient les émotions. Il faut se poser à terre», avoue George Pistereanu, jeune bachelier du Lycée de musique, Dinu Lipatti, de Bucarest.
Pour Ada Condeescu, les émotions ont été plutôt constructives : «C’est un sentiment agréable; parfois les émotions aboutissent à des choses intéressantes et spontanées, à des gestes qui conviennent parfaitement au rôle. »

Silviu est un jeune délinquant, détenu dans une maison de redressement pour mineur. Un peu plus de deux semaines et il sera libéré. Silviu, tombe follement amoureux d’Ana, une jeune étudiante en sociologie, voilà en bref, le sujet du film.
Mais revenons au Festival de Berlin. La réaction du public est venue confirmer la bonne prestation des deux acteurs roumains. George Pistereanu:
“Les réactions ont été des meilleures. La plupart des gens ont eu du mal à me reconnaître, car moi, je suis une nature paisible et ils ont été surpris de me voir ainsi. Evidemment, je leur ai expliqué que ce n’étais pas moi, mais le personnage que j’interprétais, c’est à dire Silviu. Plusieurs dames, qui avaient versé quelques larmes pendant la projection, m’ont même offert des nounours. »

L’actrice Ada Condeescu, qui fait le rôle d’Ana, se dit elle aussi impressionnée par la manière dont les spectateurs ont réagi durant la projection:
“J’ai été très attentive au public et je peux dire que nous tous, membres de l’équipe de ce film, nous avons été surpris par la réaction des gens. Et je parle surtout de la tension positive que l’on captait dans la salle; à mesure que le film avançait et que sa fin approchait, on avait l’impression que tout le monde vivait l’action qui se déroulait à l’écran… Tout le monde était aux côtés de Silviu et finalement, lorsque le générique s’est achevé, les applaudissements ont éclaté ce qui nous a réjoui énormément.”

Evidemment, la réaction de la presse ne s’est pas fait attendre. “Si je veux siffler, je siffle”, le premier long métrage de Florin Serban a été considéré par la presse internationale comme un des favoris du Festival du Film de Berlin, avec de grandes chances de remporter l’Ours d’Or. “Screen Daily” le décrivait comme un film cru, extraordinaire”; “Variety” appréciait la capacité du film de rendre, avec émotion et subtilité, la vie en prison. “Screen Daily” mentionnait également la capacité de l’acteur George Pistereanu à “aller au delà de l’entêtement du personnage, pour capter la vulnérabilité et le désespoir de ce jeune homme de 18 ans.” Plus que le scénario et le défi que ce rôle représentait, ce qui a compté le plus pour George, c’était sa collaboration avec le réalisateur Florin Serban. Et c’est toujours la chance de travailler avec ce cinéaste qui a attiré Ada Condeescu.
« En travaillant avec Florin, j’ai fait de nombreuses découvertes sur le plateau de tournage. Un lien très bénéfique pour notre travail s’est créé entre nous, un lien d’une facture tout à fait spéciale, comme je ne pensais avoir jamais la chance de vivre – bien que j’aie eu, au théâtre, une excellente collaboration avec différents metteurs en scène. Pourtant, cette fois-ci il s’agissait de quelque chose de tout à fait différent, du film – une expérience plus difficile et plus urgente, d’une certaine façon – et cela a été très agréable. A mon avis, il est très important que le réalisateur soit en même temps très puissant et très subtil pour vous laisser la liberté, tout en vous amenant là où vous devez aboutir. Et c’est toujours l’équipe de ce film qui m’a fait découvrir combien il est important de faire confiance à ceux avec lesquels on travaille. J’ai également appris beaucoup de choses sur moi-même, sur l’art de l’acteur, j’ai appris combien loin je pouvais aller dans ce métier. »

De l’avis de la jeune actrice Ada Condeescu, “Si je veux siffler, je siffle” a été pour eux non seulement un défi professionnel, mais aussi une leçon existentielle, vu qu’ils ont eu pour partenaires de jeunes détenus de deux Maisons de correction pour mineurs. George Pistereanu:
«On ne filmait pas tout le temps avec ces détenus, pourtant Florin les faisait venir chaque jour, car leur participation au tournage diminuait leur peine. Et ce qui m’a mis tout à fait à mon aise, c’était le fait que l’équipe était toujours proche des acteurs, des gens qui se trouvaient sur le plateau et nous avons essayé d’aider ces jeunes délinquants. Le simple fait de se trouver parmi nous rendait leur vie moins pénible, ils oubliaient un peu leurs problèmes, leurs difficultés. J’aimais bien leur compagnie, malgré mes préjugés du début. J’ai décidé d’ignorer ce détail, le fait qu’ils venaient d’un établissement pénitentiaire et j’ai commencé à parler avec eux comme s’ils étaient des amis. Et lorsque nous avons commencé à discuter, à manger ensemble, les choses ont commencé à aller de mieux en mieux.”

Pour Ada Condeescu, c’est le début du tournage qui a représenté le moment le plus difficile. Les histoires de ses nouveaux “collègues” l’attristaient et l’effrayaient. Elle a appris que certains d’entre eux avaient été emprisonnés pour meurtre.
«J’ai dû vaincre mes préjugés afin que je puisse regarder ces gens d’un œil plus attentif. J’ai aussi cherché à entrer en dialogue avec eux, tout en laissant de côté mes anciennes opinions. Aussi étrange que cela puisse paraître, sachez que il y en a qui sont très profonds et sensibles. Ce sont des gens qui ont des problèmes, des ennuis, des angoisses et qui ont besoin d’aide, à condition qu’ils l’acceptent et qu’ils la souhaitent. Moi, je me suis rendu compte qu’ils s’efforcent de revenir à la normale. Au tournage, ces jeunes délinquants ont fait preuve d’un dévouement et d’une patience assez rares. C’est une chose extraordinaire pour Florin Serban aussi, qui a réussi à travailler avec tant des gens qui n’étaient pas des professionnels. »

Après le succès de Berlin, le film «Si je veux siffler, je siffle » arrivera bientôt sur les écrans de Roumanie. George Pistereanu s’attend à ce que le public autochtone lui fasse un accueil chaleureux:
«Je suis sûr qu’il l’aimeront, car tout ce qui se passe dans le film privilégie le spectateur roumain: le langage, le caractère des personnages, l’histoire. Voilà autant de raisons qui me font croire que la pellicule aura beaucoup de succès. »

A en croire son réalisateur, Florin Serban, en visionnant le film, le spectateur aura l’occasion de découvrir « une histoire pleine d’émotion et de vérité, une histoire qui se fait rare. »

Auteur : Corina Sabàu ; trad.: Alexandra Pop, Dominique

Radio Romania International

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