Bucarest, centre-ville. A l’angle de l’Avenue Victoriei (de la Victoire) et de la rue Sevastopol (Sébastopol), le regard du visiteur se pose presque involontairement sur un grand jardin aux arbres séculaires.
Derrière les arbres rescapés des démolitions de ces dernières décennies, qui devaient faire place aux nouvelles constructions, se dresse la maison du diplomate Costică C. Cesianu. Une bâtisse imposante, à étage et mansarde, érigée vers 1908 sur l’emplacement de l’ancienne maison Filipescu, selon le nom du maître.
Devenue propriété du Musée Municipal en 1941, la maison Filipescu-Cesianu allait abriter l’intégralité du patrimoine de cette institution. Pendant la guerre, la maison fut réquisitionnée pour servir d’hôpital et son patrimoine – transféré en dehors de la ville. 400.000 objets du patrimoine répertorié et conservé ont regagné la maison Cesianu avant 1999. Le musée abrite une banque de données relatives à une quinzaine de milliers de maisons, rues et monuments démolis sous le régime communiste. Pour en revenir au jardin de la maison, disons que de vieilles pierres à inscription, reposant tranquillement au pied des arbres, confèrent à cet endroit un air hors du temps.
Longtemps tombée dans l’oubli, la maison Cesianu refait surface grâce au Salon de produits gourmets et délicatesses qu’elle abrite. Exposants de tous les coins du pays convient les bucarestois à déguster et à acheter des produits bio ou du terroir. Ecoutons Luiza Stănescu, organisatrice de cet événement :
« Nous avons découvert la maison Cesianu grâce au directeur du Musée de la ville de Bucarest, car nous organisons d’autres événements là-bas. C’est lui qui nous a signalé l’existence de ce bâtiment, nous l’avons visité et beaucoup aimé et voilà, nous avons mis la main à la pâte. Nous nous sommes dit « Pourquoi ne pas fair un bel événement pour apporter aussi des produits traditionnels roumains sur l’Avenue de la Victoire ? » C’est une alternative aux supermarchés de Bucarest, cela met en évidence cette belle demeure oubliée, qui sera bientôt rénovée. J’aime la cour, elle est absolument superbe, avec des arbres, beaucoup de verdure, c’est tout simplement une oasis de verdure sur l’Avenue de la Victoire, où on ne saurait s’attendre à trouver autre chose que des immeubles et du béton. Nous avons trouvé quelque chose de superbe et d’inexploité ».
Les citadins sont de plus en plus conviés ces derniers temps à déguster et acheter des produits bio ou des produits traditionnels roumains. Le Salon des produits gourmets a rassemblé, lui, des exposants des 4 coins du pays, explique Luiza Stănescu :
« C’est peut-être une tendance, une inflation d’évènements de ce type. La première édition de la Foire pour une vie saine date de l’année dernière et fut accueillie par le Musée du Paysan Roumain. La gamme d’objets présentés a été bien large, depuis les produits traditionnels roumains jusqu’aux peintures écolo et produits de beauté. Le Salon des produits bio est un projet qui se déroule en même temps que celui de la Foire pour une vie saine. Nous avons cherché à mettre en valeur un autre type d’endroit, en y exposant ces produits qui apparemment n’avaient rien à voir avec la zone en question. Les Bucarestois apprécient les manifestations de ce type mais ils ressentent, comme nous tous d’ailleurs, les effets de la crise. Les prix leurs paraissent assez souvent élevés, mais ce qu’on ne parvient pas à comprendre, c’est qu’il s’agit de produits qui exigent non seulement beaucoup de travail mais aussi et surtout beaucoup de passion».
Les prix des produits disponibles au Salon des Gourmandises allaient de 10 lei, soit 2 euros 50, pour un petit pot de miel jusqu’à 50 lei, soit environ 12 euros, pour un kilo de filet de porc ou de jambon. Mais ce sont les galettes à l’aneth, aux noix, au fromage et à l’oignon, spécifiques de la région du Maramureş, qui ont fait le plus le délice des visiteurs. Luiza Stănescu :
« De telles foires, il en existe beaucoup à Bucarest. Quant à nous, nous nous vantons avec plusieurs spécialités: friandises à la pâte aux fruits, huiles préssés à froid, énergisants, différentes variétés de miel, depuis le miel d’acacia jusqu’au miel de ronce, de marronnier et autres. On ne saurait oublier les filets de porc, ou encore les roulades de bœuf farcies à la pâte de piment ou au fromage en écorce de sapin. »
Et comme les produits traditionnels ne résistent pas bien aux températures élevées, vu qu’ils sont sans conservateurs, la prochaine édition du Salon des Gourmandises aura lieu en automne.
Auteur : Andreea Demirgian, traduction : Alexandra Pop, Mariana Tudose