Etre entre deux voyages, ce n’est pas cesser de voyager. On peut traîner ses regards en voisinage. Et se sentir étrangère même dans son monde. Elle vient de se noyer dans un sale virus qui l’a tenue, quatre jours durant, au fond du lit, enfiévrée, suante, étonnée d’avoir accueilli un moment malade alors que, vaniteuse, elle se gargarise de son excellente santé. Comme quoi, la vie rappelle à l’ordre les fanfaronnes.
Parce qu’elle a côtoyé d’autres ciels, le sien, celui dont elle avait l’habitude, lui paraît désormais inconnu. Est-il possible que l’entendement s’ouvre quand l’œil se pose sur d’autres horizons ?
Le Tango des pigeons
Les villes et les pigeons, une histoire les lie. Quand il fait beau, traquer les pigeons dans la ville permet de jolies balades. Les places offrent ces espaces où les volatiles picorent les miettes tombées des cornets de glace. Ils dansent, les oiseaux, un tango, indifférents aux passants. Un pas de deux, de trois, sur les pavés, sous les frondaisons.
Allons z’à la campagne
A quelques encablures de son appartement en ville, l’étrange étrangère traîne ses baskets, parfois, les jours de soleil, au bord d’un lac qui ne doit son existence qu’à un barrage.
La paix se trouble d’un clapotis, du chant d’un oiseau, du bruissement du vent dans les arbres. La lumière se perd au dédale des feuillages, à ce moment là de l’année où les verts sont pléthores au point que l’œil s’épuise à les distinguer.
Comme un cadeau, un arbuste à peine fleuri, troue de son rouge profond les frondaisons. Sont-ce les chagrins des fantômes restés dans la vase, au fond du lac qui, à la renaissance de la nature, chantent qu’il ne faut pas les oublier ? Ils accrochent alors une larme de garance tout au bout d’un rameau.
Et de vieilles charmilles s’admirent à la surface lisse, qu’un frisottis trouble à peine. Les troncs torturés sont les sculptures qu’offre la balade. L’étrangère traque des détails insignifiants : l’entaille qui défigure la hampe d’un bouleau, la fracture qui écorche la roche ; le taillis courbé par un blizzard d’hiver.
Et puis, dans ce silence habité, il y a toujours un rapace qui tourne, tout là-haut, dans l’azur, à l’affût d’un mulot.
Quelques mots comme ça
Des fleurs
Au printemps, des brassées de fleurs colorent la ville. Les jardins s’habillent des corolles dressées qui murmurent que les jours grignotent la nuit, que la chaleur chasse les gelées matinales. Bien sûr, il y aura encore des pluies. Parfois le matin sera frisquet, illuminé de bleu, mais grelottant.
L’étrangère vole le frémissement des jonquilles qui dodelinent. Elle contemple les tulipes en parterre où se mélangent les jaunes et les rouges, qui se piquent de blancs.
Quelques liens :
- Cité du Design
- Une histoire de Saint-Etienne
- Site de la ville de saint-etienne, les pages « culture »