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L’éternel mari de Fédor Dostoievski : un vaudeville pathétique (Littérature russe)

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Dans la littérature russe classique, L’éternel mari (Vétchny mouj) de Fédor Dostoievski apparaît comme un vaudeville pathétique qui tourne au tragique. Dans ce roman russe, le lecteur cerne la relation mari – amant, les tensions et les lâchetés.

L'eternel mari Fiodor DostoievskiOn peut-être convaincu, sans hésitation, que Dostoïevski n’a jamais vu le film « L’emmerdeur » mais on ne peut pas dire, avec la même assurance, que Francis Veber n’a jamais lu le petit roman homonyme de cet auteur. On pourrait tout de même se laisser aller à y croire tant le personnage de Troussotzki ressemble à l’emmerdeur parfait dont Veltchaninov n’arrive pas à se séparer. L’archétype du pot de colle.

 

 A Saint Petersburg, Veltchaninov, la quarantaine, traverse une mauvaise passe, sa mémoire lui joue des tours et certains souvenirs désagréables remontent à la surface pour attiser une ancienne culpabilité dont il ne peut se séparer. C’est à cette époque qu’il remarque plusieurs fois un homme qui semble le suivre, mais lequel suit l’autre ? Le doute est bientôt levé car l’homme en question se présente un soir à sa porte et lui rappelle qu’ils se sont connus, une dizaine d’années auparavant, dans une ville de garnison. Il se souvient alors qu’il était l’amant de Nathalie, la femme de cet ancien ami qui est venu précisément pour lui annoncer le décès de sa femme.

 

Le mari vit avec sa fille qu’il maltraite et que l’amant qui découvre bientôt qu’il est le père génétique de cette petite Léa qui, elle aussi, semble informée de ce fait, place la fillette chez des amis sûrs. Mais, celle-ci tombe bientôt malade et décède. La tragédie n’atteint guère le père et l’histoire sombre vite dans un vaudeville où les portes virtuelles claquent bien souvent, au rythme des coïncidences bienvenues, au moins pour l’intrigue. Le mari s’incruste chez l’amant comme un faible qui admire le fort et s’identifie à lui en essayant de profiter de ses vertus. « Un tel homme naît et se développe seulement pour se marier ; puis, s’étant marié, pour devenir le complément de cette femme, ceci même dans le cas où il aurait une personnalité indiscutable. »

 

Dostoïevski a écrit ce vaudeville pathétique alors qu’il venait, lui-même, éternel amant, de se séparer d’une de ses compagnes et semble avoir voulu, à cette occasion, brocarder les hommes trop faibles pour se séparer de leur conjointe, pas assez courageux pour entreprendre une nouvelle aventure, pleutres. Ce n’est certainement pas son meilleur ouvrage mais il évoque cependant, au passage, le problème du dédoublement : l’amant qui se perd entre rêve et réalité, le mari qui essaie de se fondre dans l’amant pour profiter de ses vertus, … Et, surprise pour l’époque et le lieu, l’auteur évoque également, même si c’est brièvement, la condition de la femme qui aurait le droit de choisir elle-même son conjoint, diantre !

 

Un écrit de circonstance, certainement, mais tout de même une belle analyse du duo mari-amant et  du besoin que chacun a de l’autre ; et, c’est toujours du Dostoïevski avec l’écriture qui le caractérise et la tragédie qu’il déverse sans retenue dans ses lignes même si, cette fois, celles-ci sont plus pathétiques que tragiques.

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Fiche technique du livre

  • Poche: 259 pages
  • Editeur : Actes Sud (4 juin 1999)
  • Collection : Babel
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2742712852
  • ISBN-13: 978-2742712854

1 commentaire pour “L’éternel mari de Fédor Dostoievski : un vaudeville pathétique (Littérature russe)”

  1. Jean-Christophe Destailleur

    Lorsque l’on évoque Dostoïevski, l’on pense bien évidemment à la douleur psychologique de Raskolnikov, si merveilleusement et subtilement décrite, dans « Crimes et Châtiment ».

    Avec « L’éternel Mari », nous découvrons une œuvre certes moins connue de l’auteur, mais à mon sens tout aussi riche et captivante : Autour des personnages clefs que sont le Mari, l’épouse, l’amant et la pseudo-fille, prend vie une déroutante allégorie, où l’indifférence se mêle à une fascination aussi troublante que vengeresse. Un ouvrage remarquable et sublimement écrit.

    Jean-Christophe Destailleur

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