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La guerre du Pacifique

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France 2 diffuse actuellement la série Band of Brothers. L’Enfer du Pacifique. L’occasion de se rappeler que la Seconde Guerre mondiale ne s’est pas seulement déroulée en Europe et en Afrique.


 

 

Avec Band of Brothers. L’enfer du Pacifique, série produite par Steven Spielberg et Tom Hanks, ces deux grands noms du cinéma américain reviennent avec une série sur la Seconde Guerre mondiale. Et sur l’autre front sur lequel les Etats-Unis ont combattu : le Pacifique.

 

L’impérialisme japonais

 

La guerre du PacifiqueÀ l’origine du conflit entre Japon et Etats-Unis se trouve l’expansionnisme nippon. Celui-ci tire sa source dans le décollage économique du Japon à partir de l’ère Meiji [1], dans la seconde moitié du XIXe siècle. Devenant une puissance économique importante en Asie, le pays développe alors un regain de fierté qui le pousse à une politique impérialiste. Ainsi, en 1875, il occupe l’archipel des Kouriles. En 1895, il enlève Formose (Taïwan) à la Chine puis, en 1905, la Corée devient protectorat japonais avant d’être annexée en 1910. En 1918, le Japon est dans le camp des vainqueurs en raison de l’annexion des possessions allemandes dans le Pacifique. En 1929, la crise économique mondiale redonne un coup d’accélérateur à l’expansionnisme nippon. En effet, le pays, privé de ressources, est victime du protectionnisme des autres Etats, qui lui ferment ainsi leurs marchés, donnant ainsi aux Japonais l’impression d’être rejetés. En outre, l’augmentation de la population constitue un vrai problème pour le Japon qui doit nourrir sa population. Ces deux facteurs font émerger l’idée d’une expansion territoriale et commerciale dans tous les esprits. Le Japon décide de se créer une « aire de coprospérité », c’est-à-dire un vaste empire autour du Pacifique, avatar asiatique de l’« espace vital » nazi en Europe, et développe une économie de guerre. Par ailleurs, l’instabilité politique à l’intérieur du pays favorise l’accession des militaires au pouvoir en 1936. Dès 1931-1932, la Mandchourie est annexée. En 1935, la province chinoise de Jehol est envahie. En 1937, un banal incident déclenche une guerre ouverte entre la Chine et le Japon, au cours de laquelle ce dernier commet des crimes de guerre en nombre. La victoire nippone assure à l’Empire du Soleil levant la maîtrise du nord et du centre de la Chine.

 

Sur le plan diplomatique, le Japon signe, en 1936, le pacte anti-kominternien avec l’Allemagne nazie, officiellement dirigé contre l’Internationale communiste mais permettant de gagner un allié face à une URSS qui pourrait contrecarrer ses plans. Le 27 septembre 1940 est conclu le pacte tripartite entre l’Allemagne, l’Italie fasciste et le Japon. Mais ce dernier, ayant constaté l’alliance entre Staline et Hitler étalée au grand jour lors du pacte germano-soviétique d’août 1939, signe un traité de neutralité avec l’URSS en avril 1941, afin d’avoir les mains libres en Asie.

 

Bientôt, l’impérialisme japonais vient heurter les intérêts européens et américains. Dès juin 1940, à la faveur de la défaite française en Europe, le Japon prend pied en Indochine, ce qui lui assure une base pour une offensive ultérieure de grande envergure et lui permet de menacer les Indes néerlandaises dont le pétrole est indispensable à l’économie japonaise. Les Etats-Unis, déjà hostiles aux menées japonaises en Chine, s’inquiètent de cette poussée vers le sud. Ils réagissent en mettant l’embargo sur le kérosène, le lubrifiant et l’acier à destination du Japon et en accordant des crédits supplémentaires aux Chinois. Roosevelt ne peut tolérer l’expansionnisme nippon dans la mesure où les Etats-Unis ont des positions aux Philippines et dans le Pacifique central, avec Guam et Hawaï notamment, et parce qu’ils sont eux-mêmes bordiers d’un océan qui risque de devenir japonais à la longue. De longues négociations s’ouvrent entre Washington et Tokyo. L’idée des Japonais est de mener une attaque contre les Américains pour s’assurer de la maîtrise de la mer et pouvoir ainsi envahir les Indes néerlandaises. Le 24 juillet 1941, le Japon envahit l’Indochine. En réaction, Roosevelt fait bloquer les fonds nippons aux Etats-Unis, ce qui a pour effet de diminuer les approvisionnements du Japon en matières premières. Les pourparlers se poursuivent, tendus. Les Japonais proposent l’évacuation de l’Indochine en échange de la reconnaissance par les Américains de leur situation privilégiée en Chine. Washington refuse. Ce refus lève les dernières hésitations japonaises.

 

 

Pearl Harbor : « jour d’infamie »

 

 

Le 7 décembre 1941, sans aucune déclaration de guerre, entre huit et 10 heures du matin heure locale, la base navale américaine de Pearl Harbor, située dans les îles Hawaï, est prise pour cible d’une attaque foudroyante. Six porte-avions japonais ont traversé le Pacifique nord sans se faire remarquer. Ils lâchent 360 appareils en deux vagues. Leurs avions bombardent la base, tuant 2500 hommes, détruisant 247 avions au sol et plusieurs bateaux. La surprise est totale : personne n’avait imaginé une attaque de la part des Japonais si loin de leurs bases (le Japon est à 4000 kilomètres d’Hawaï). Ce « jour d’infamie » comme le nomme Roosevelt provoque une vague d’indignation aux Etats-Unis qui déclarent la guerre au Japon le lendemain. Les Japonais, dans le même temps, attaquent les Philippines, la Malaisie, Hong-Kong, les îles de Wake et de Midway. Ainsi, le 10 décembre, à Singapour, la flotte britannique est coulée. Le Japon possède la maîtrise totale de la mer.

 

Les Etats-Unis entrent dans le conflit mondial mal préparés. Leur réarmement n’a commencé qu’en juin 1940, après la défaite française face aux nazis. Les hommes ne sont pas prêts, la marine vient de subir un coup dur et la machine de guerre ne tourne pas encore à plein régime. Mais la volonté de fer américaine, le rejet absolu du nazisme et la ferme détermination à laver l’affront de Pearl Harbor constituent des atouts décisifs. Les Etats-Unis vont devoir se battre sur deux fronts (Europe et Pacifique). Mais l’hystérie collective reposant sur la peur du « péril jaune » conduit aussi à l’internement, dans des camps, d’environ 120 000 Nippo-Américains, accusés d’organiser la subversion pour faciliter la victoire du Japon.

 

En attendant, la guerre-éclair nippone se poursuit. Hong-Kong tombe le 25 décembre, la Malaisie le 2 janvier 1942, Bornéo le 8 janvier. Singapour s’effondre le 15 février : c’est la plus cuisante défaite britannique. Le général américain MacArthur est contraint d’évacuer Manille dès le 25 décembre 1941. Il se replie dans la presqu’île de Bataan au nord-ouest de Luçon. Il peine à résister, avec les Philippins, à l’offensive japonaise. Les hommes s’épuisent, les munitions se font rares en raison de l’impossibilité de ravitailler les hommes. Ceux-ci, au nombre de 76 000, se rendent le 9 avril 1942. MacArthur, entre-temps, a été rappelé par Roosevelt pour prendre le commandement des forces alliées dans le Pacifique. Au moment de quitter l’archipel, il accomplit son fameux serment : « Je reviendrai… » Les Japonais achèvent la conquête des Philippines par le siège de l’île de Corregidor qui, soumise à un intense bombardement, se rend le 6 mai 1942. En ce qui concerne les Indes néerlandaises, les Nippons investissent Java, Sumatra et Timor en février 1942. En mars, Batavia tombe et les 80 000 hommes de l’armée néerlandaise se rendent. En même temps, les Japonais prennent Rabaul et les îles Salomon et débarquent en Nouvelle-Guinée : ils menacent ainsi les côtes nord de l’Australie. À l’ouest, ils achèvent la conquête de la Birmanie début 1942 et menacent ainsi l’Inde. Ils prennent enfin pied sur les îles Aléoutiennes, à portée de l’Alaska.

 

 

Midway : le tournant

 

 

La réussite japonaise, qui, en quelques mois, est parvenu à repousser très loin les limites de son empire, a reposé sur une excellente coordination entre les forces aériennes, terrestres et aéronavales, à la supériorité tactique des petites unités et la très grande ténacité du combattant japonais. Les officiers en particulier constituent une caste très particulière. Ils ont reçu une instruction militaire de bonne qualité mais peu ouverte sur l’extérieur. Ils sont un peu les héritiers des samouraïs [2] dont ils reprennent le code d’honneur, appelé bushido. Ce dernier se caractérise par la haine de l’ennemi qu’il faut exterminer et un refus catégorique de la reddition, assimilée à un acte déshonorant. Selon ce code, les prisonniers de guerre sont assimilés à des lâches. Ceci explique les crimes de guerre et les conditions épouvantables dans lesquelles ont été traités les prisonniers de guerre alliés pendant la guerre.

 

La supériorité matérielle du Japon au début du conflit est manifeste. Le nombre de bateaux et d’appareils est plus élevé que celui des Alliés : par exemple, la marine nippone aligne 14 porte-avions contre 4 seulement pour leurs ennemis. Les Japonais utilisent la torpille Long Lance supérieure aux modèles utilisés par les Alliés. Enfin, la cohésion et la souplesse de l’armée de terre lui permet de gagner sur tous les terrains.

 

Néanmoins, l’armée nippone possède des faiblesses importantes, à commencer par son sous-équipement chronique, ses difficultés d’approvisionnement et son service de santé qui n’est pas au point. En outre, le Japon, nation industrielle récente et encore largement paysanne, a commis l’erreur de s’attaquer à la première puissance industrielle du monde qui est beaucoup plus productive que lui et qui, progressivement, va mobiliser toutes ses forces économiques en vue de l’effort de guerre.

 

D’ailleurs, la capacité militaire américaine n’est pas anéantie par Pearl Harbor. En témoigne en particulier le bombardement de Tokyo le 18 avril 1942. Les Japonais envisagent alors de prendre les îles Midway, dans le Pacifique nord, afin de disposer d’une base pour attaquer ensuite Hawaï et ainsi éliminer la présence américaine du Pacifique central. La bataille a lieu du 3 au 6 juin 1942. Les Américains ont repéré les navires japonais et les pilonnent sans relâche, détruisant tous les porte-avions ennemis ainsi que leurs 261 avions. Lors de cette bataille, le Japon perd un grand nombre de pilotes expérimentés qu’il sera impossible de remplacer complètement. Cette défaite japonaise marque donc un tournant dans la guerre du Pacifique, même si le Japon mène encore quelques offensives, comme en juillet 1942 en Nouvelle-Guinée. De plus, il ne perd aucun terrain sur le continent asiatique.

 

 

Tarawa : le début du reflux japonais

 

 

La contre-offensive alliée débute peu de temps après. En effet, le 7 août, les Américains débarquent sur l’île de Guadalcanal : 11 000 marines s’emparent de l’aérodrome, amorçant le début d’une bataille acharnée qui dure jusqu’en février 1943. Durant la bataille, les Américains parviennent à remplacer leurs bâtiments plus rapidement que leurs ennemis. Lorsque l’île est reprise, ce sont 6000 Japonais sous-équipés et épuisés qui l’ont évacuée. Les Etats-Unis font montre, à l’occasion, de leur supériorité aéronavale. Suite à cette victoire, les Américains reprennent les îles Salomon. Le général MacArthur poursuit son offensive en Nouvelle-Guinée et aux Philippines. De mai à août 1943, les Américains reconquièrent les Aléoutiennes.

 

À l’automne 1943, l’amiral américain Nimitz déclenche une offensive sur l’île de Tarawa, dans l’archipel des Gilbert. Il dispose d’une supériorité militaire évidente grâce à une marine composée de porte-avions, chacun escorté par une batterie de croiseurs, de cuirassés et de destroyers. La bataille de Tarawa, en novembre, se solde par une victoire mais au prix de très violents combats. Tarawa constitue un second grand tournant dans la guerre car c’est à partir de cette date que survient une série de débarquements successifs dans différentes îles tenues par les Nippons. C’est à ce moment que commence réellement le reflux japonais.

 

Mais chaque débarquement constitue une terrible épreuve. Les combats sont d’une violence inouïe. Si la prise de Kwajelein, dans les îles Marshall en février 1944, a été plus aisée que prévue, les autres conquêtes sont beaucoup plus compliquées. Le 15 juin 1944, une bataille navale ouvre l’offensive contre les Mariannes. La flotte japonaise est rapidement battue. Puis 130 000 Américains débarquent. Il leur faut vingt jours pour s’emparer de la place de Saipan : les Nippons luttent sans reculer, laissant 26 000 morts et comptant moins de 2 000 survivants. C’est seulement au mois d’août que les Américains occupent définitivement Saipan, Guam et Tinian. L’avantage est décisif car c’est à partir de ces îles que les bombardiers B-29 vont bombarder directement le Japon. En septembre, l’île de Peleliu, dans les Palau est prise, toujours à l’issue de très violents affrontements.

 

Puis l’offensive de Nimitz rejoint celle de MacArthur aux Philippines, défendues par 350 000 Japonais. En octobre, le débarquement dans le golfe de Leyte est la dernière grande bataille navale de la guerre : la victoire de l’US Navy assure aux Etats-Unis la maîtrise des mers. MacArthur reprend les Philippines en février 1945 après avoir tué 300 000 Nippons, ce qui donne une idée de la dureté des combats. Mais il a tenu sa promesse : il avait dit en 1942 qu’il reviendrait…

 

 

Les kamikazes

 

 

De son côté Nimitz lance sa « marche sur Tokyo » en commençant par la conquête de l’île d’Iwo Jima, située à mi-chemin entre le Japon et les Mariannes. Elle devra servir de relais aux avions qui vont larguer leurs bombes sur Tokyo et les grands centres industriels et portuaires du Japon. L’attaque commence en février 1945. Il faut un mois et demi et 4 500 morts aux Américains pour s’assurer la maîtrise de l’île. En face, 21 000 Japonais ont été tués…

 

Puis l’étape suivante est Okinawa, dans l’archipel des Ryukyu, territoire japonais. Le combat début le 1er avril. C’est l’une des batailles les plus dures du conflit qui débute. Les Américains, soutenus par une flotte britannique, doivent faire face à 120 000 Nippons fanatisés. Pendant 87 jours, les combats sont d’une immense férocité : il faut se battre pour chaque mètre carré, parfois dans de terribles corps-à-corps. Le bilan est éloquent : 110 000 morts japonais et 11 000 tués américains. Seulement 7 400 hommes sont faits prisonniers. Mais la perte d’Okinawa signifie pour le Japon qu’il est perdu.

 

Celui-ci joue encore une dernière carte : celle des kamikazes. Les premières attaques d’avions-suicide datent de la bataille de Leyte au cours de laquelle des pilotes, fanatisés à l’extrême, ont jeté leur avion sur des porte-avions ennemis, réussissant à en couler deux. Cette tactique s’inscrit pleinement dans le bushido, ce code d’honneur du samouraï que nous avons évoqué plus haut. L’état-major japonais décide alors d’en faire une véritable stratégie. Ainsi, il recrute des volontaires dans les grandes écoles et les universités qui reçoivent une instruction sommaire dans le domaine du pilotage, puis sont envoyés à la mort. Les kamikazes sont utilisés massivement lors de la bataille d’Okinawa. Le choc psychologique est réel pour les Américains. Les dégâts occasionnés ne sont pas négligeables non plus. Toutefois, ces sacrifices se révèlent inutiles dans la mesure où ils n’enrayent pas la progression américaine.

 

En outre, le Japon est affaibli. Sa marine commerciale et sa flotte militaire sont anéanties. Il est privé de ressources – combustibles, matières premières, alimentation – : depuis le 28 juillet, les Américains imposent un blocus de l’archipel nippon. Les bombardements qu’il subit de la part des Américains sont terribles. Les principales agglomérations sont totalement détruites, faisant des milliers de morts. Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, 1 700 tonnes de bombes sont larguées sur Tokyo : 38 kilomètres carrés sont rasés et 83 000 personnes sont tuées.

 

Les généraux MacArthur et Marshall envisagent d’effectuer plusieurs débarquements sur les côtes japonaises, et notamment à Tokyo, étalés sur une période allant de la fin 1945 au printemps 1946. Mais dans cette éventualité, les Etats-Unis devront encore subir, selon les estimations, la perte d’un million d’hommes pour une conquête qui ne s’achèverait qu’à la fin de 1946. Or, le 16 juillet 1945, une expérience réalisée dans le Nouveau-Mexique s’est révélée concluante : une bombe atomique a explosé, dégageant une force équivalente à 13 000 fois l’explosif le plus puissant à l’époque. Informé, le président Truman décide d’utiliser cette nouvelle arme afin d’hâter la fin du conflit. Le 6 août, une première bombe est larguée sur Hiroshima, tuant 80 000 personnes et en blessant 70 000. Le 9 août, une seconde bombe est lâchée sur Nagasaki, où 35 000 personnes trouvent la mort. Le choc psychologique est immense chez les Japonais. L’empereur Hirohito demande l’armistice. Celui-ci est signé le 2 septembre 1945.

 

 

 

 

 


[1] L’ère Meiji débuta en 1868. Elle correspond à la période au cours de laquelle le Japon se modernisa, délaissant ses structures traditionnelles pour devenir un Etat moderne en menant des réformes inspirées du modèle occidental.

 

[2] Les samouraïs formaient une classe de guerriers au Moyen Age. Ils se mettaient au service des puissants et ont réussi, dans certaines provinces, à s’émanciper et à créer une administration autonome de la cour impériale. 

 

 

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