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Qui connaît Gyp ? Peu de gens en-dehors peut-être de quelques lettrés nationalistes et des historiens de la IIIème république. Pourtant, France 2 programmait en prime time le 31 mars une adaptation d’une de ses oeuvres teintées d’antisémitisme « Le mariage de Chiffon ». Déjà démodée à son époque, Gyp n’est plus lue par personne aujourd’hui. Ses oeuvres ridicules peuvent-elles constituer un aussi bon filon pour France 2 que les célèbres contes de Maupassant ?
Gyp a consacré sa vie à la haine des Juifs. Selon Léon Blum et Maurras, elle joua un rôle primordial dans l’affaire Dreyfus.
La dernière des Mirabeau ternit l’image du glorieux ancêtre
Amie de Barrès, antisémite, bonapartiste, boulangiste, misogyne (mais oui !), il y a peu de défauts que n’a pas notre romancière dont le talent est d’ailleurs médiocre, ses romans manquant cruellement d’action et d’intrigue et sa haine aveugle des Juifs les gâtant quelque peu.
Car Gyp (« Sybille-Gabrielle Marie-Antoinette de Riquetti de Mirabeau, comtesse de Jamille » : on comprend pourquoi elle a raccourci son nom !) n’écrit que pour se faire de l’argent pour régler ses dépenses somptueuses à Neuilly où elle vit. Elle se force à écrire des histoires faciles pleines de personnages aux doigts crochus et au nez busqué, des Juifs tels que se les représentait l’auteur.
Née Gabrielle de Mirabeau en 1849, en Bretagne, Gyp était la dernière descendante du célèbre révolutionnaire. Sitôt disparue en 1932, elle est sitôt oubliée du monde de la littérature. A juste titre. Mais sa vie fut bruyante en luttes antisémites, dans l’affaire Dreyfus notamment où son rôle de propagandiste fut grand.
Ses actions furent donc bien en contradiction avec l’oeuvre de son courageux ancêtre dont le frère cependant avait lui aussi pris le contrepied de ses idées. Un précédent dans la famille !
Fort heureusement pour l’honneur de la lignée, le fils de Gyp, le célèbre neurochirurgien Thierry de Martel se donnera la mort à l’entrée des Allemands dans Paris le 14 juin 1940 !
Une femme misogyne
Son enfance fut marquée par les reproches incessants de son père de n’être pas née garçon pour perpétuer la lignée des Mirabeau. Gyp devint un garçon manqué qui choisit un pseudonyme asexué. Elle détestait le genre féminin et se maria dans le but d’avoir des fils : « Je préférerais pour ma part élever six garçons plutôt qu’une seule fille« .
La détestation de sa propre condition féminine était aussi due à son désir irréalisable d’être soldat et au peu d’estime accordé à la littérature des femmes à son époque.
Cette misogynie donna naissance à des personnes originaux qui demeurent des archétypes féminins : l’enfant gâtée, la Napoléonnette, l’écolière précoce, la jeune épouse, etc. Car on ne peut lui retirer son sens aigu de la satire des gens de sa société qu’elle croque à merveille ni son sens de l’observation.
Le mariage de Chiffon
Le téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe diffusé sur France 2 dans la collection « Contes et nouvelles du XIXe siècle » est tirée de l’oeuvre de Gyp de 1894 : « Le mariage de Chiffon ».
Corysande, alias Chiffon, est une jeune effrontée qui s’évertue à contrarier les ambitions maternelles. Mais l’actrice qui tient le rôle, Christa Théret, ne rend pas toute la dimension d’effrontée du personnage du livre.
Le Mariage de Chiffon avait été porté à l’écran en 1942, par Claude Autant-Lara avec Odette Joyeux.
France 2 a pris soin de lisser toutes les aspérités de l’oeuvre littéraire qui a inspiré le téléfilm. La Chaîne ne pouvait pas décemment verser dans l’antisémitisme. Mais le résultat est un téléfilm sans saveur qui ne valait le détour que pour les amoureux des beaux costumes d’époque. Heureusement les deux téléfilms qui suivaient, l’un d’après Octave Mirbeau et l’autre d’après Maupassant faisaient oublier ce mauvais épisode.